Les templiers
de Croisade. Il y parla de la situation tragique de la chrétienté en Espagne et en Palestine, et il fut entendu. Un élan d’enthousiasme traversa la foule. Les armées se levèrent pour défendre la Croix.
Adhémar et Raymond de Saint-Gilles prirent la tête de la noblesse du Midi de la France. Hugues de Vermandois, frère du roi de France, le comte Étienne de Blois, Guillaume le Charpentier, Robert de Courteheuse suivirent l’exemple. Mais ce fut le duc de Basse-Lorraine, Godefroy de Bouillon, avec ses frères Baudoin et Eustache, comte de Boulogne, et les comtes de Hainaut et de Toul, qui dirigea le contingent le plus important.
Alexis Comnène se réjouit trop vite de l’arrivée des Croisés francs. Il croyait les transformer en simples auxiliaires, de l’Empire Byzantin et leur faire comprendre que les territoires qu’ils traversaient, s’ils étaient aux mains des Turcs, avaient un maître en sa personne. Si le comte de Toulouse refusa de signer le serment à Alexis, tous les autres seigneurs le firent. Néanmoins, les troupes avancèrent vers Jérusalem. Les places turques tombèrent les unes après les autres : Iconum le 15 août 1097, Héraclée le 10 septembre, Césarée fin septembre. Après la chute de Marash, Antioche fut reprise en octobre 1097, alors que la Cilicie était entre les mains de Tancrède et de Baudoin. Le siège d’Antioche commença le 30 octobre 1097 et dura jusqu’au 3 juin 1098.
Malgré la prise du château de Harenc, la croisade piétina dans la région d’Antioche. Après une émeute, le 13 janvier 1099, les croisés, suivant la promesse de Raymond de Marra, levèrent le camp et partirent vers le Sud. Arrivé dans la principauté d’Antioche, Raymond, voyant la richesse des terres, les fit stationner à nouveau. Les détachements provençaux occupèrent Maraclée et Tortose. Godefroy de Bouillon, à la tête des troupes wallonnes et flamandes, assiégea Jabala. D’autres troupes se regroupèrent aux environs d’Acre (Ptolêmaïs).
Les Turcs perdirent Jérusalem le 26 août 1098, laissant la Ville Sainte entre les mains des Égyptiens.
Ceux-ci, ne voulant pas abandonner cette conquête, proposèrent aux croisés d’accomplir leur pèlerinage en toute quiétude. L’offre fut refusée. Le 7 juin 1099, l’armée Franque, avec ses 40 000 hommes, parmi lesquels il fallait compter 20 000 fantassins et seulement 1 500 cavaliers, commença un siège qui dura jusqu’au 14 juillet, date de l’assaut final. Le 15, Godefroy de Bouillon pénétrait dans la ville. Après cinq siècles d’occupation, la Ville Sainte était délivrée de l’emprise et du joug musulmans, et revenait, pour peu de temps d’ailleurs, entre les mains des chrétiens.
Bien qu’ayant refusé la couronne royale, Godefroy de Bouillon gouverna le nouveau royaume franc. Il fut remplacé par Baudouin I er , comte d’Edesse, en 1100. Celui-ci reçut la couronne le jour de Noël 1100 des mains de Daimbert, patriarche de Jérusalem, à Bethléem. H. Claesener note que les rois de Jérusalem dateront leur règne du couronnement de Bethléem et non de celui de Jérusalem. Cette mention semble inconnue des historiens du Temple qui datent de 1118 la fondation de l’Ordre. Malgré le couronnement d’un roi, le territoire ne comprenait encore qu’une étroite bande de terre longeant la côte méditerranéenne d’Antioche jusqu’à Jaffa. Au nord, avait été formé le comté d’Edesse ; au sud, le royaume se terminait en pointe de lance par le château de Montréal.
Les pèlerins affluaient encore plus nombreux. Les colons, encouragés par la politique d’expansion du roi de Jérusalem, s’installaient sur les nouvelles terres. Foucher de Chartres, le chapelain royal, rappelle comment les occidentaux se placèrent en Orient :
« Considérez et réfléchissez à l’intérieur de vous- mêmes, comment, en notre temps, Die» a transformé l’Occident en Orient. Nous qui étions des Occidentaux, nous sommes devenus des Orientaux ; celui qui était romain ou franc est devenu ici un Galiléen ou un habitant de la Palestine, et celui qui demeurait à Chartres ou en Reims se voit citoyen de Tyr ou d’Antioche. Nous avons déjà oublié le lieu de notre naissance, déjà il est inconnu à plusieurs d’entre nous ou du moins nous n’en recevons plus de nouvelles. Tel d’entre nous possède déjà en ce pays des maisons et des serviteurs qui lui appartiennent par droit héréditaire, tel
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