Les templiers
Templiers n’étaient pas des agriculteurs : seuls y étaient employés ceux qui ne pouvaient guerroyer. La hiérarchie primitive de l’Ordre prévoyait deux catégories de frères : les frères du couvent et les frères de métiers. Nombre de mentions leur sont consacrées : « Nul frère de couvent ne doit aller en ville... S’il est frère chevalier ou frère sergent du couvent, qu’il prenne garde de son équipement, et s’il est frère de métier qu’il prenne garde de son travail... »
Certes, il est impensable d’établir ce principe hiérarchique dès les toutes premières années de l’Ordre. Déjà cependant, une classification se dessine. Les chartes qui suivent l’approbation du Temple sont une confirmation de son développement temporel et, par conséquent, numéraire, ainsi que des possessions assurant un rapport sûr. Mansuet, l’érudit chanoine prémontré, écrit d’ailleurs : « À peine sept ou huit ans s’étaient écoulés depuis la confirmation de l’Ordre, qu’on le vit s’étendre prodigieusement... Les donations qu’on leur fit n’étaient pas des terrains incultes ou à défricher, comme ceux que recevaient les disciples de saint Norbert et de saint Bernard, c’étaient des châteaux, des fiefs, des bourgades avec leurs appartenances. »
Si elle fut un fait réel, l’approbation de l’œuvre d’Hugues de Payens ne suffit pas à certains prélats. Beaucoup aidèrent les premiers membres à survivre et aussi à s’enrichir. L’épiscopat, tant en France que dans les autres royaumes, avait une tâche très lourde : développer l’entreprise et intervenir en faveur des Templiers. Les évêques ne firent que s’associer aux seigneurs : à lire les textes, c’était un devoir auquel ils ne pouvaient se dérober. Un véritable courant de charité se dessina, tout d’abord en Champagne, et les prélats de la province en furent les propagateurs. En 1133, Josselin, évêque de Soissons, précisait son action, et le préambule de sa charte ne laisse aucun doute sur ses intentions : « Plus généreuse a été la charité avec laquelle frère Hugues, très cher dans le Christ, vous et vos frères, avez prodigué pour la défense du christianisme, non seulement vos biens, mais encore vos vies, de plus, nous et ceux qui ont la charge de veiller sur les églises, nous devons pourvoir aux besoins nécessaires de votre milice. » Les évêques métropolitains s’engagèrent à soutenir la nouvelle milice. Le 19 octobre 1131, Renaud de Martigny, archevêque de Reims, prit l’initiative d’une quête générale en faveur des Templiers. Le synode étant réuni, tous les évêques et abbés de monastères l’approuvèrent. Il fut décidé que durant huit jours, à l’époque des rogations, des aumônes seraient faites en faveur de l’Ordre des Templiers, dans la chapelle d’Obstal à Ypres.
Il en fut de même en 1132. Lors d’une assemblée épiscopale, les prélats furent unanimes à recevoir les frères du Temple. Assistaient à cette réunion, Milon, évêque de Thérouanne, Alvis, évêque d’Arras, Rainaud ou Renaud, archevêque de Reims, Geoffroy, évêque de Chartres, Josselin, évêque de Soissons, Barthélémy, évêque de Laon, Elbert, évêque de Châlon, Bernard, abbé de Clairvaux. Les Templiers étaient déjà établis à Neuville-le-Temple lorsqu’en 1132, Elbert, évêque de Châlon, confirma et reconnut les terres que les frères pouvaient cultiver sur l’étendue de la paroisse. Par ce même acte, l’évêque affranchit les chevaliers de toute dîme.
Tous les évêques de la Picardie et du nord de la Champagne participèrent à cette propagation de l’Ordre. Barthélémy de Joux, ou de Vire, avait repris le diocèse de Laon dans un lamentable état de désastre et d’abandon. Désirant lui donner un nouvel élan de vie religieuse, il fit appel à plusieurs ordres. Il favorisa la fondation de l’ordre de Prémontré, développa Cîteaux et encouragea l’Ordre du Temple en lui donnant la résidence de Puisieux-sous-Laon ; au début de la même année, Louis VII confirma les possessions du Temple à Laon même.
Cet exemple fut suivi par les puissants seigneurs, les bourgeois, les autres personnes d’Église et toute la population foncière du diocèse. Une sorte de rivalité dans la générosité se fit jour : ce fut à qui ferait des donations. Cela se traduit dans l’acte de 1149 qui n’est autre qu’un
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