Les templiers
du même nom. Cela semble d’autant plus vrai que les premiers chevaliers, au moment de faire profession entre les mains du patriarche de Jérusalem, durent abandonner tout leur avoir à l’Ordre qu’ils fondaient, car « en la main du patriarche, ils vouèrent chasteté, obéissance et renoncèrent à toute propriété. » D’ailleurs, cela concorde parfaitement avec les premiers documents relatifs à ces commanderies.
Cette pauvreté monastique, ce désintéressement total à l’égard des biens, on les retrouve dans le document concernant la commanderie de Mont-de — Soissons, et provenant de Josselin, évêque de Soissons et père du concile de Troyes. Pour la défense du christianisme, note le prélat, les frères prodiguèrent non seulement leurs biens, mais également leur vie.
En dehors de ces premières donations, l’Ordre s’établit rapidement en France, Champagne, Bourgogne, Poitou, Belgique, dans les Flandres et la Péninsule ibérique.
On ne sait pas quelles donations fit Hugues de Champagne lors de son entrée dans l’Ordre. Si le Temple naquit officiellement en 1128 par la confirmation et l’élaboration de sa Règle, il n’en fut pas de même dans le domaine temporel. L’éveil des sympathies envers les Templiers atteint son point culminant lors de la donation du 31 octobre 1127. Par cet acte, Thibaud de Champagne, comte de Blois, fit donation du domaine appelé Barbonne, entre Sézanne et Chantemerle, qu’il possédait à titre héréditaire. Cette donation, qui comprenait une maison, une grange, un pré et une terre, fut à l’origine de l’une des grandes commanderies de l’Ordre : Barbonne.
Hugues de Payens voulut intéresser les princes et les seigneurs occidentaux à son institution naissante. Guillaume de Tyr, ennemi acharné de l’Ordre/du Temple dès ses débuts, affirme que le roi de Jérusalem avait donné des instructions au Maître du Temple au sujet des biens à acquérir. Comme dit l’archevêque, « il n’était pas facile d’allier les circonstances politiques de l’époque à une action commune entre les princes des royaumes d’Occident avec les peuples de l’Orient. »
Baudoin II, songeant à une reconquête de Damas et ayant décidé une nouvelle croisade, aurait envoyé en France le Maître des pauvres chevaliers du Christ pour provoquer l’élan de la chrétienté. À supposer que ce voyage ait eu lieu, il fut un échec. Hugues de Payens n’eut de succès – et pour son ordre uniquement – qu’en Anjou et en Angleterre.
En Anjou, les démarches aboutirent grâce à l’appui du comte de Foulques. Ce dernier était & Jérusalem durant les premières années du Temple. Son action dans la Ville Sainte fut importante : il entretint, à ses frais, cent hommes d’armes. Devant son courage, sa charité et sa générosité, Baudoin II songea à lui comme héritier, en lui faisant épouser sa propre fille, Mélisande.
Hugues de Payens, comme le confirme un acte de 1127, fut à l’origine de cette union. Veuf de sa première femme, Eremburge, depuis le 26 février 1126, Foulques fut désigné par Louis VI et plusieurs prélats comme futur roi de Jérusalem. En venant prendre sa part d’héritage, il consolida son influence féodale et politique dans la province d’Anjou en mariant son fils Geoffroy avec Mathilde d’Angleterre, fille d’Henri I ïr . Leur union fut célébrée en grande pompe dans la cathédrale du Mans, au mois de juin 1129.
De l’Anjou, le Maître du Temple semble avoir voyagé jusqu’en Poitou. Du moins, certains fragments de chartes trouvés dans le cartulaire de la commanderie majeure de Coudrie le laissent penser. On ne peut dater avec précision le séjour d’Hugues de Payens dans cette dernière région : il se situe probablement dans le courant de l’année 1129.
Le recrutement se poursuivit dans les Flandres où le Maître fut accueilli avec enthousiasme. Les Flandres avaient non seulement donné plusieurs Croisés, c’était aussi le pays d’origine du premier compagnon d’Hugues : Geoffroy de Saint-Omer. Selon la chronique de Saint Bertin, le seigneur flamand fit transformer en maison de l’Ordre une demeure qu’il avait reçue en héritage de ses ancêtres, dans la ville d’Ypres. Cela se trouve fondé par le synode de Reims en 1131.
Le comte de Flandres, Guillaume, et les seigneurs du pays encouragèrent les pauvres chevaliers par d’importantes libéralités. Le 27 mai 1128, peu de
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