Les templiers
arrivera à propos des chapitres, ces fameux chapitres sur lesquels on a tant brodé et qui n’étaient que des réunions disciplinaires, mais où l’imagination maladive de certains auteurs accoucha des orgies les plus sordides et honteuses.
Au sujet de l’argent, les statuts sont pratiquement muets. Rien ne laisse soupçonner la puissance financière du Temple. Quelques articles, seulement, permettent aux commandeurs et baillis de garder les fonds nécessaires à la communauté.
Cette partie des statuts réglant la vie conventuelle se termine par un ensemble de détails sans ordre, mais dont chacun est utile. Ainsi, le frère qui a la charge des prisonniers ne peut battre un esclave sans permission, même s’il a menti, il ne doit pas le mettre au gibet, le percer de son épée, etc. Aucun frère, s’il n’est fils de chevalier ou de fils de chevalier, ne peut porter le manteau blanc. Ces règlements s’achèvent sur la défense faite aux vieillards de garder inutilement leurs équipements et armes.
À travers tous les articles, les qualités les plus appréciées sont la courtoisie, «bellement », la bienséance. Où sont les pauvres chevaliers du Christ d’antan « jamais lavés, puants la sueur et maculés de sang » ?
Toutefois, l’esprit monastique subsiste et la Règle le prouve. L’Ordre du Temple a été régi jusqu’à la fin, même dans les geôles du lâche Philippe le Bel, par des lois irréprochables, monastiques et souvent très sévères.
Du point de vue liturgique, les Templiers suivaient les rites de l’église latine de Jérusalem. Dans le Bréviaire du Temple, on trouve les mêmes fêtes célébrées par les chanoines du Saint-Sépulcre, dont certains saints se rattachent à la Terre Sainte : Abraham, Isaac, Jacob, et des saints particuliers au Temple que l’on ne trouve pas dans les bréviaires de l’Église de Jérusalem : saint Thomas de Cantorbery, sainte Marie-Magdeleine, saint Grégoire le Grand, Sainte-Catherine, Saint-Denis, Saint-Bernard, et surtout la fête de saint-Hylaire, en commémoration du concile de Troyes.
Le texte des statuts se poursuit par les prescriptions du service religieux, en mélangeant des détails plus humains. Ceux qui sont trop vieux ou blessés ne peuvent faire les génuflexions prévues par le rituel, « ils se tiennent au fond de la chapelle », ainsi que ceux pour • qui la station debout est pénible. Les frères communient trois fois l’an : Noël, Pâques et Pentecôte.
Jusqu’à présent, le texte nous a montré le bon côté de la vie du Templier. Aussi avons-nous gardé les retraits de l’infirmerie pour maintenant. Le frère qui est chargé de l’infirmerie doit être plein de prévenance pour les frères malades. Tous les frères blessés, faibles, relevant de maladie, doivent prendre leurs repas à l’infirmerie où il semble que la cuisine soit plus soignée : « ni lentilles, ni fèves à l’écorce, ni chou s’il n’est fleuri, ni d’anguilles ne doivent être servis à la table de l’infirmerie. » On peut se demander ce qu’il restait.
L’infirmier doit demander aux malades ce qu’ils désirent manger, et le commandeur de la maison mettre au service de l’infirmerie, la cave, la grande cuisine, le four, la porcherie, le poulailler et le jardin, avec toute la discrétion que cela comporte.
Pour les soins, la même charité était appliquée. Le service médical, tout en étant des plus frustes, connaissait les grandes fièvres tierce et quarte, plus connues, actuellement, sous le nom de paludisme, et la dysenterie, que l’on appelait « menaison ». Les statuts possédaient des notions sur l’épilepsie considérée, à juste titre, comme une maladie. Mais, à l’infirmerie, on trouvait aussi des frères blessés, atteints de vomissements. Il n’y a aucun détail sur les remèdes employés. Le Commandeur doit trouver les médecins ou donner l’argent nécessaire à l’achat des drogues et sirops utiles.
Les articles les plus pénibles se rapportent aux soins donnés aux lépreux. On remarquera avec quelle charité ces infortunés sont traités par les Templiers. Jamais de cruauté, bien au contraire : « s’il advenait à un frère que, par la volonté de Notre Seigneur, il devint lépreux, et la chose est prouvée, les prud’hommes de la maison doivent l’admonester et le prier de demander congé de la maison et se rendre à Saint-Lazare », et, « le frère
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