Les templiers
d’articles dut être effectuée entre 1257, année de l’invasion tartare, et 1267, perte définitive de Gastein. Ce qui nous permet d’établir ces dates approximatives est que le texte ne parle aucunement de la prise du Château d’Arménie, alors que la règle catalane, écrite plus tard, l’évoque longuement. Celle-ci dut être composée au chapitre de Barcelone en 1287, car elle signale des faits qui se passèrent en 1273-1278.
Les statuts conventuels sont-ils plus anciens que les Égards ? Il le semblerait. Ils dateraient de la réforme entamée par Philippe du Plessis après la révolte interne de certains dignitaires. Les retraits paraissent beaucoup plus récents et nous pourrions les dater du Chapitre général de 1247, donc durant les années de trêve qui suivirent la croisade allemande de Frédéric II.
Cette période fut aussi celle de la réforme liturgique de l’Ordre. Le Santoral fut complètement bouleversé. Saint Hilaire conserve son rite de fête, saint Bernard passe d’un rite simple à un rite supérieur, sans être une grande fête. De cette époque date également les enluminures du bréviaire de l’Ordre et de la transcription du psautier de Trêves.
Les deux parties de la Règle qui nous intéressent maintenant, si elles se ressemblent par le style, sont différentes de ton. Le rédacteur des Égards, partie la plus récente, parle avec autorité et n’hésite pas à donner sa propre opinion, disant « je » là où le rédacteur des statuts dirait «nous ».
La journée du Templier commence par les matines. Quand la cloche sonne, chaque frère doit aussitôt se lever, « se chausser et revêtir son manteau et aller au moustier pour entendre le service. » Comme il a été déjà dit, les frères fatigués peuvent, avec la permission du Maître, «ou celui qui tient sa place », rester couchés et dire un certain nombre de patenôtres. À quelle heure se célèbrent les matines ? Selon les actes de la Commanderie du Bayle en Provence, à minuit, les Templiers se rendent à la chapelle habillés et non en chemise. Cette précision laisse penser que le cas dut se présenter. Ils doivent chausser les souliers, porter l’aumusse, sorte de coiffe liturgique, et être recouverts de leur manteau. Les frères devront toujours être vêtus de cette manière et porter les habits suivant la saison.
Bien sûr, les matines sont chantées par les chapelains dans les grandes maisons ; dans les petites, elles sont seulement récitées. Pendant ce temps, les frères qui ne connaissent pas le latin, chose courante à l’époque, récitent treize patenôtres en l’honneur de Notre Dame et treize pour le jour. Ils peuvent ne pas les dire puisqu’ils écoutent l’office des chapelains, « mais la plus belle chose est qu’il les dise. »
Lorsque « les frères partent de matines, chacun doit aller regarder ses bêtes et son harnais ; s’il est dans un lieu où il puisse aller et s’il y a quelque chose à redresser, il doit le redresser ou le faire redresser. Et s’il a besoin pour parler à son écuyer, il doit lui parler bellement, et après il peut aller se coucher. Quand il sera couché, il devra dire une patenôtre. »
Nous constatons que le texte de la Règle est en accord parfait avec le texte de la commanderie cité plus haut. Aussi pouvons-nous condamner les hypothèses selon lesquelles les Templiers se levaient vers quatre heures du matin et ne se recouchaient plus, comme chez les cisterciens, puisqu’ils en suivaient la Règle. Cela est complètement inexact. Et nous voyons, encore une fois, le parallèle minutieux qui existe non pas avec les observances de Cîteaux, mais avec la règle de saint Benoît.
Une constatation, dès ce premier article : la pratique religieuse est étroitement liée à la vie guerrière du chevalier, comme en témoigne la minutie avec laquelle tout est ordonné, cette discrétion dans la discipline. Tout doit être digne, bien fait, et selon l’expression que l’on rencontre trois cent quatre-vingt-douze fois dans le texte : « bellement et en paix. » Les frères doivent parler, faire telle chose, écouter, recevoir « bellement et en paix. » Courtoisie et élégance morale sont aussi l’enseignement de la Règle lorsqu’elle leur laisse la liberté de conduite, ce qui n’est pas rare.
Quand la cloche de prime sonne, les frères doivent se lever rapidement, s’habiller et se chausser, et
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