Les templiers
répéter la décision. Mais il ne doit pas dire, tel frère fit tel égard ou s’accorde à ceci, car il aurait découvert son chapitre ».
Le secret des chapitres du Temple doit même être tenu entre les membres de l’Ordre, et cela s’explique très bien. Imaginons un seul instant qu’un supérieur dise à un frère accusé : tel ou tel a réclamé cette peine pour vous. Ce serait la guerre interne si les jugements de leurs pairs eussent été connus des accusés. Le secret et le silence furent imposés uniquement pour cette raison. Les seuls noms cités, comme nous le verrons plus loin, sont ceux des frères morts.
La proclamation – fait d’accuser un autre frère – est entourée de charité. Lorsqu’un templier sait qu’un frère a fait ou dit quelque chose, il doit le lui dire en présence de deux ou trois, en ces termes : « Beau frère, souvenez-vous de telle chose et faites amende au premier chapitre où vous assisterez... » Cette dénonciation d’un frère coupable n’est pas templière, toutes les observances monastiques l’adoptèrent. Mais, si dans certains ordres on n’avertissait personne, la Règle du Temple demande de le faire, après un ou deux avertissements, « car ce serait plus belle chose ».
Avant d’accuser quelqu’un en Chapitre, un Templier demande toujours à celui qui préside : « Beau sire, donnez-moi la permission de parler à tel frère. » Lorsque la permission lui est donnée, il peut se lever et doit appeler, par son nom, le frère qu’il veut reprendre. « Celui-ci doit se lever et doit ôter son chapeau et sa coiffe et doit venir devant celui qui tient le Chapitre. Alors, celui qui reproche doit lui montrer bellement et en paix la chose de laquelle il sait qu’il a fauté. » S’il est coupable, il doit l’avouer en demandant miséricorde. Dans le cas contraire, il peut dire : « Messire, non, qu’il plaise à Dieu que je ne fisse cette chose », ou « Sire, la chose est autrement ». Et il doit dire la chose entièrement, car, ainsi qu’il est dit, il ne doit pas mentir en Chapitre. »
En cas de besoin, des témoins peuvent être appelés. Mais, si par hasard « un frère disait en Chapitre à un autre : « Beau frère, vous fîtes telle faute à Château-Pèlerin, dimanche, demandez miséricorde », et le frère de répondre : « Non, plaise à Dieu, car dimanche j’étais à Baruth », et qu’il puisse le prouver, il serait acquitté et son accusateur atteint de mensonge ».
L’accusation en Chapitre ne peut être faite que par un Templier. Mais si un prud’homme du siècle ou d’un ordre religieux, digne d’être cru ou même confrère de la maison, signale au Maître tel ou tel frère qui déshonore la maison, il peut « travailler ce frère » et le réprimander sans consulter le Chapitre.
Toutes ces discussions sont suivies d’un nouveau sermon, rappelant les us et coutumes de l’Ordre et donnant des conseils de conduite. Les frères sont alors mis en pénitence. Puis, le commandeur ayant repris la parole termine la séance par des prières pour la maison, les frères, les bienfaiteurs et les défunts. Enfin, le chapelain donne une bénédiction et une absolution.
Le code pénal ou disciplinaire du Temple comporte une dizaine de catégories de pénitence, avec les suspensions de jugement et l’acquittement. Tout est prévu. La liste des fautes n’a pas varié ; elle n’a qu’augmenté au fur et à mesure des rédactions. Seule la nature des peines est restée fixe. La plus grave est de perdre la maison, c’est-à-dire l’expulsion. Elle s’obtient de neuf manières : simonie, dire ce qui s’est passé dans le Chapitre à quiconque même à un frère, avoir tué un chrétien ou une chrétienne, sodomie, faire « commune » contre un autre frère, fuir le champ de bataille de peur des Sarrasins, être contre les articles de la foi enseignés par l’Église de Rome, quitter la maison pour passer chez les Sarrasins, larcins contre la maison.
Le frère qui a perdu l’habit du Temple doit entrer dans l’ordre de Saint-Benoît ou de Saint-Augustin. Il ne pourra aller chez les frères de l’Hôpital de Saint-Jean à cause « d’un accord entre les frères du Temple et ceux de l’Hôpital. Ni en l’ordre de Saint-Lazare, aucun frère du Temple ne peut entrer, si ce n’est parce qu’il est devenu lépreux ».
La seconde pénitence est la perte de
Weitere Kostenlose Bücher