Les templiers
jeûne est obligatoire, en dehors des vendredis, durant les «deux grands carêmes ». Le premier, du lundi d’avant la Saint-Martin, jusqu’à la veille de Noël, le second du mercredi des Cendres à la veille de Pâques. Chaque frère est tenu de jeûner aussi à la veille de certaines fêtes et pour les quatre-temps. En dehors des jours prescrits par la Règle, il est strictement interdit de jeûner sans autorisation.
Durant ces périodes, la viande est remplacée par le poisson frais ou salé, les dimanches, mardis et jeudis. Les autres jours de la semaine sont maigres. Mais, si le commandeur achète du poisson de sa bourse pour les lundis ou mercredis, il n’y a qu’un seul plat, le second étant remplacé par l’achat. Le vendredi sont servis un plat cuit et un plat d’herbes crues.
La surveillance du réfectoire incombe au commandeur du palais. Il surveille les écuyers servants et veille à ce que toutes les portions soient égales. Au contraire des moines, le templier peut offrir de son écuelle à ses voisins «tant qu’il peut étendre son bras. » Seul le Maître, ou celui qui le remplace, peut donner de son repas à qui il veut, même aux frères en pénitence qui mangent à terre. Souvent c’est le moins privé, car, faisant l’aumône de son repas, il lui arrive d’avoir trois ou quatre fois plus que les autres. Il devra alors laisser les portions qu’il ne veut pas entières, afin de pouvoir les donner aux pauvres.
Personne ne doit se lever de table, sauf celui qui « saigne du nez », ou si dans les maisons de combat, l’on crie «aux armes », «au feu », ou encore si les étalons se battent à l’écurie.
Après les étapes de la journée, le rédacteur traite de divers détails. Les Templiers n’étaient jamais inactifs. Chacun avait son rôle bien établi pour la bonne marche de la maison.
On a vu que, pour l’office de vêpres, trois frères pouvaient ne pas venir au son de la cloche. Cependant, les statuts précisent que tout le monde doit être présent à la fin des heures, puisque c’est le moment où l’on fait l’appel et où l’on donne les ordres. Un frère peut s’absenter, avec la permission de son commandeur ; mais si le supérieur d’une maison voit qu’un frère fuit un peu trop souvent les offices, « il devra l’admonester de conserver la Règle. »
Comme on peut le remarquer déjà, les Templiers ont une très grande responsabilité envers leurs chevaux, leurs armes et tout ce qui concerne les intérêts de la maison.
Le vœu de pauvreté prend sa valeur complète. Les Templiers ne possèdent rien en propre. Toutes les choses de la maison sont communes, même les habits. Il n’est pas question de posséder de l’argent. Si un frère meurt et que l’on trouve de l’argent sur lui, on ne l’enterrera pas dans une terre bénite, les frères ne feront pas les prières prévues par la Règle et ils devront le faire enterrer comme un esclave.
Il en est de même pour les jeux. On peut organiser des concours de tir à l’arc ou à l’arbalète. Les paris ne pourront se faire qu’avec de petites choses « qui n’auront rien coûté à personne en argent. » Plusieurs jeux étaient permis dans l’Ordre : jeu des chevilles, de marelle et de ferbot mais, là alors, les paris étaient interdits. D’autres divertissements étaient bannis : échecs, dames, tric-trac.
La Règle permet de boire du vin avec les archevêques, les évêques et chez les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, c’est tout.
Aucun frère ne doit tenir la Règle et les retraits, sans la permission du couvent. Cette mention a son importance et les statuts nous expliquent, curieusement d’ailleurs, la raison de cette interdiction : « cela a été défendu par le couvent parce que les écuyers les trouvèrent quelquefois et les lurent. Ils firent découvrir nos établissements aux gens du siècle, laquelle chose peut être d’un grand dommage à notre religion. Afin que cette chose ne puisse advenir, lecouvent établit que nul frère ne les tiendrait s’il ne fut bailli ou qu’il pût les tenir par son office. » Cette défense se rencontre aussi dans tous les monastères de l’époque où les frères convers étaient séparés des religieux de chœur. Cette restriction, tout en étant naturelle, causa énormément de mal à l’Ordre. Les écuyers créèrent un mystère là où il n’y avait rien à cacher. La même chose
Weitere Kostenlose Bücher