Les templiers
l’habit, infligée à ceux qui font courroux aux chrétiens, qui ont eu des rapports avec les femmes, qui mentent, qui accusent sans preuve des frères pour lesquels la perte de la maison aurait pu être infligée, qui tuent ou perdent un esclave, tuent une bête de somme par colère, etc.
Les bêtes de somme dont il est question devaient être des ânes ou des mulets. La perte de l’habit est imposée pour un temps plus ou moins long qui ne devait pas dépasser un an et un jour. Le frère puni ne portait plus le manteau de l’Ordre qui lui avait été enlevé au Chapitre. On le revêtait d’une chape noire sans croix ; il logeait à l’aumônerie, ne participait à aucun exercice de la communauté, mangeait par terre et labourait les champs avec les esclaves. Tous les dimanches, il recevait la discipline publique, dans la chapelle, après l’évangile.
La troisième faute entraînait la perte de l’habit pour Dieu. Cela consistait, par faveur exceptionnelle du Chapitre, à imposer au fauteur une peine non « infamante » là où, normalement, il aurait dû perdre l’habit. Il devait jeûner trois jours par semaine jusqu’à ce que « les frères lui fassent miséricorde et le relâchent d’un jour, et ce frère doit être mis en sa pénitence sans répit, mener l’âne ou faire aucun autre des plus vils services de la maison, qui est de laver les écuelles de la cuisine, peler les aulx et les oignons ou faire le feu. Il doit porter son manteau lacé très étroit et il doit aller au plus humble qu’il pourra ».
La quatrième pénitence consistait en deux jours de jeûne par semaine. Un troisième jour fut ajouté, par la suite, « à cause de l’augmentation des mauvais frères ». Ce troisième se faisait le jour anniversaire de la faute, sauf si elle avait été commise un dimanche ; dans ce cas, on jeûnait le lundi.
Les autres pénitences sont de moindre importance. La cinquième, deux jours de jeûne plus les corvées, mener l’âne et faire les plus vils services ; la sixième, un jour de jeûne sans corvée ; la septième et dernière, un seul jour de jeûne, le vendredi.
Quand le Chapitre considère que la faute ressemble plutôt à un péché, le frère est envoyé au chapelain ou mis en « Répit » pour être jugé au Chapitre provincial ou quelquefois au Chapitre général.
Ces fautes n’étaient pas toutes jugées dans les maisons du Temple. Un commandeur qui ne pouvait donner l’habit ne pouvait pas le retirer. Aussi renvoyait-il son cas à l’autorité supérieure. Ainsi, le commandeur d’Aimont, qui ne recevait aucun frère, renvoya un cas grave à son commandeur juridique.
La Règle permet, ensuite, de faire appel. Pour une peine grave, c’est le Chapitre général qui tranche ; dans d’autres cas, ce sont les commandeurs juridiques. Le texte de la règle catalane, un des plus intéressants, signale plusieurs exemples de frères envoyés d’Espagne à Acre s’expliquer devant le Maître ou le Chapitre général.
En ce qui concerne les chapitres de l’Ordre et le rôle des commandeurs, nous réfutons totalement ce qui a été dit : les supérieurs ne donnèrent jamais l’absolution. Ils avaient le pouvoir, comme dans tous les ordres monastiques, d’absoudre les fautes contre la Règle, ce qui fut admis par les Dominicains. Les séances de Chapitre se terminaient par un pardon qui n’avait strictement rien à voir avec l’absolution sacramentelle. Dans le même ordre d’idées, saint François d’Assise tout en n’étant pas prêtre, donnait aussi le pardon à ses frères pour les manquements contre la Règle.
Les exemples de fautes et de pénitences ne manquent pas. Nous sommes au Moyen Age et dans une communauté religieuse où les querelles de clocher ne faisaient pas défaut. Les chevaliers du Temple, comme toute autre personne, s’intéressaient à la politique, principalement à celle de l’Ordre. Si la contestation n’était pas de coutume, il existait une passion intérieure concernant la politique temporelle ou internationale de l’Ordre. Certaines discussions duraient quelquefois longtemps, et cela est le seul côté néfaste que nous connaissions dans l’organisation interne de l’Ordre. Chose que l’on ne montrait pas hors de la maison.
Il est nécessaire de citer quelques exemples. Certains Templiers ne furent pas si saints qu’on le croit. Le Temple n’a jamais caché que, parmi les siens, il y eut des
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