Les templiers
comme nous le verrons plus loin.
Les Templiers reçurent des domaines entiers, des droits de toutes sortes sur les marchés et foires, sur les revenus de terres, de maisons, sur les églises. Parmi la population templière, nous trouvons des vilains avec leurs tennements {4} , des serfs avec leurs familles, des esclaves maures, des Juifs espagnols. Plusieurs personnes libres se mirent aussi sous leur protection avec leurs biens. Des chapitres de cathédrale donnèrent des prébendes tandis que les bourgeois des villes cédèrent des maisons, des dîmes, ou des rentes viagères.
Cela donne un ensemble de mille trois cent soixante-neuf commanderies, quatre-vingt-sept forteresses et près de trois cents maisons dépendantes. Il est très hasardeux d’avancer un chiffre pour les domaines, malgré le nombre de chartes et d’inventaires que nous possédons, car certains furent perdus. On peut, toutefois, avoir une vue générale d’après les enquêtes faites au moment de la suppression du Temple, et aussi d’après les inventaires dressés sous les auspices de Grégoire XI. Mais, là encore, nous restons dans l’expectative.
Les bénéfices que les Templiers tiraient de leurs donations étaient considérables. Toute l’histoire de l’implantation du Temple a été faussée, jusqu’à présent, par la prétendue perte des documents de l’Ordre. L’indépendance des divers biens est collationnée, dès le début, par la bulle « Omne Datum optimum » du 29 mars 1189.
Le Temple se développera, dès le milieu du XIIe siècle, et étendra ses tentacules économiques et sociales à travers tout le monde occidental par ses commanderies, ses granges et ses fermes. Il est quelquefois regrettable de confondre ces deux dernières formes d’exploitation. Les granges templières étaient toujours dirigées par un frère de l’Ordre, tandis que les fermes étaient mises entre les mains de fermiers ou d’hommes liges, moyennant une location ou une partie des biens. Pour toutes les possessions du Temple, il existait un privilège qui peut faire sourire, mais qui montre l’importance que les Templiers attachaient à leur indépendance. Le 5 février 1180, le pape Alexandre III envoya, de Tusculum, une bulle à tous les frères du Temple, renouvelant celle d’Eugène III, et stipulant que les animaux du Temple devaient porter la croix de l’Ordre cousue sur un morceau d’étoffe et mis sur le devant de leur tête. Les gardiens devaient aussi porter la Croix. Elle devait également figurer sur toutes les maisons de l’Ordre. Ceci est à l’origine du nombre incalculable de commanderies du Temple donné par certains auteurs. Le Pape précisait que toute personne se rendant coupable d’enlever ces croix, serait punie de l’excommunication majeure. Forts de ce privilège, les Templiers ne se génèrent aucunement pour défendre leurs protégés, et, dans le cas de non-respect, ils faisaient intervenir le Saint-Siège, comme en témoigne la bulle d’Innocent III du 21 mars 1200.
L’Ordre acceptait beaucoup de monde dans son entourage. En effet, ceux qui s’affiliaient à lui étaient exempts de toutes redevances ecclésiastiques ou laïques. Ces donats, confrères ou hommes liges, devenaient membres de la juridiction et entraient, de ce fait, dans la trêve de Dieu que l’Église recommandait et prêchait. La classe moyenne assurait la plus grande partie de la dotation du Temple dans laquelle il trouvait ses chevaliers et ses sergents.
Grâce à cette classe, il avait le plus sûr des appuis sociaux au Moyen Âge. On n’y rencontrait pas de grand seigneur, sauf durant les dernières années, ce qui causa sa perte. Pendant près de cent cinquante ans, le Temple tira de cette classe sociale ses meilleurs administrateurs, ses financiers, le tout avec cohérence et méthode, à l’exemple d’ailleurs des rois. Contrairement à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui accueillit, la grande noblesse dès le XII e siècle, le Temple géra avec maîtrise et bon sens des revenus s’étendant sur près de deux millions d’hectares, rien que sur le territoire français.
Le Temple développa aussi l’agriculture par une science agronomique très poussée. Il rendit cultivables d’immenses champs jusque-là condamnés, ail eus, étangs, etc. Le principe d’élevage, adapté aux conditions, permit une garantie certaine de l’agriculture. Nous connaissons maintenant les programmes agricoles du Temple, par divers
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