Les templiers
Templiers furent témoins. Ils reçurent en garde, pour quelques années seulement, les trois châteaux de Gisors, Neauphle et Neufchâtel appartenant à la dot de Marguerite de France et situés à la frontière franco-normande. Cette garde leur fut confiée comme membres d’une puissance neutre jusqu’au mariage de la fille du roi de France avec le fils aîné de celui d’Angleterre. Cependant, leur rôle fut limité. Henri II, bouleversant totalement les accords du traité, fit célébrer le mariage quelques temps après, en novembre de la même année. Les Templiers qui assistèrent à la cérémonie « lui livrèrent aussitôt les places-fortes du Vexin. Le roi de France, fort en colère, les renvoya du royaume de France, mais le roi d’Angleterre les reçut avec beaucoup d’honneur et de joie. »
Ce fait n’empêcha pas Louis VII de conserver son amitié aux frères du Temple. La force de l’Ordre fut, malgré de nombreuses et quelquefois sanglantes rivalités, de maintenir intactes les relations fraternelles entre les deux provinces. C’est ainsi, qu’en mai 1161, le Maître en France, Guillaume Pavet, tint en Angleterre le Chapitre provincial en remplacement de Richard de Hastings, qui accompagnait Henri II en Normandie. À cette occasion fut ratifiée la vente du vieux temple d’Holborn et l’installation du nouveau Temple, sur les bords de la Tamise.
Les commandeurs de Province furent de très grands administrateurs, contrairement, quelquefois, aux frères trésoriers. L’Angleterre fut, sur ce point, dotée d’hommes remarquables, à commencer par Richard de Hastings et son successeur, Geoffroi, fils d’Étienne. Lors du chapitre de 1185„ ce dernier fit dresser l’inventaire des biens et possessions du Temple en Angleterre. Ce document de soixante-six folios, d’une très belle écriture, est un morceau de choix.
Les Templiers essayèrent aussi de négocier le rapprochement entre Henri II et Thomas Becket, en 1164.
En Espagne, le rôle du Temple compta également, principalement au XIIIe siècle, lors des campagnes contre les musulmans. Ils furent aussi présents au traité de paix entre les rois de Léon et de Castille.
Dans l’ensemble, et comme nous le verrons plus loin, le rôle diplomatique du Temple fut important. Saint Louis, et même Philippe le Bel, employèrent les Templiers dans leurs démêlés.
CHAPITRE IX Développement et juridiction
L E Temple se développa dès le milieu du XIIe siècle. En 1145 se dessina une vaste opération de fondation. Les commanderies, les maisons secondaires « domus Templi » furent l’occasion de préciser la juridiction et le droit interne de l’Ordre.
Le Temple fut divisé en Provinces, relativement tôt. Les divisions territoriales ignoraient les frontières des États, surtout en France. La Règle nous signale quelques-unes de ces subdivisions, mais, au cours du XIIIe siècle, certaines centralisations durent éclater. C’est ainsi que l’on compte dix-sept provinces : quatre en Orient : Jérusalem, dite aussi du Royaume, Tripoli, Antioche et l’Arménie. Dans les pays d’Europe, les provinces templières sont- loin d’être au nombre de neuf ou sept. Si la Règle fournit une liste, il faut se tourner aussi vers les textes qui nous renseignent beaucoup plus ; par eux seulement nous pouvons connaître l’évolution territoriale, juridique, économique ou sociale du Temple. La Règle date du milieu du XIIe siècle et les ajouts postérieurs ne sont que des exemples de principes. Ainsi, pour la Péninsule ibérique, la Règle ne signale que le Portugal et l’Aragon. Nous devons ajouter la Castille, et, au milieu du XIIIe siècle, le commandeur du Royaume de Valence et de Murcie. Les sièges étaient Tomar pour le Portugal, Zamora pour la Castille, Belchite-Barcelone pour l’Aragon et Valencia pour le royaume du même nom.
La France était divisée en cinq grandes provinces ayant à leur tête, comme toutes les autres d’ailleurs, un Commandeur ou un Grand Commandeur : le commandeur de France avec Paris, la Bourgogne avec Voulaines-les-Templiers, le Poitou-Aquitaine avec Poitiers, l’Auvergne avec Angoulême et la Provence-Languedoc avec Saint-Gilles du Gard-Montpellier.
L’Angleterre n’avait qu’une province avec comme chef-lieu Londres.
L’Italie, pays pratiquement inconnu des historiens du Temple, avait plusieurs commanderies : la Province des Pouilles-Sicile, Rome qui possédait
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