Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
combattants ne redoutent qu’une seule chose : l’ atimia , à savoir le « décret spécial de disgrâce ». La couardise au combat est particulièrement punie. Déchu de sa citoyenneté, le Spartiate incriminé ne peut plus prendre part aux votes de l’assemblée (ecclésia) , est exclu des repas en commun (syssities) et se voit rejeter de la communauté lacédémonienne. Pis encore, le pleutre devient la risée de la cité. En d’autres termes, le décret de l’ atimia est une véritable condamnation à mort civique : il transforme le coupable en paria. Incontestablement, cette peur de la disgrâce a fortement motivé les hoplites de Lacédémone face à des adversaires non moins déterminés à défendre leurs causes. À compter du viii e siècle avant notre ère, les Spartiates construisent leur légende aux dépens des redoutables Messéniens, des indomptables Arcadiens et des imprévisibles Argiens. Mais n’allons pas croire pour autant que les Spartiates écrasent facilement leurs adversaires. Loin d’être une promenade de santé, l’expansion spartiate dans le Péloponnèse est parfois émaillée de lourdes défaites, comme l’atteste le fameux revers de l’Hysiai, devant les hoplites d’Argos. Pour venir à bout de leurs coriaces voisins, les Spartiates font même appel aux forces extérieures, à savoir les Crétois et les Corinthiens. C’est au prix de trois longs conflits, étalés sur plus de deux siècles, que les Spartiates annexent finalement la Messénie, pays dont ils convoitent les plaines fertiles et les ressources naturelles, en particulier ses mines de fer. Leurs formidables techniques de combat et leur savoir-faire militaire, ils les acquièrent en grande partie au contact de leurs ennemis. En effet, en 669 avant notre ère, le désastre de l’Hysiai devant les troupes d’Argos constitue un tournant. Pour la première fois de leur histoire, les Spartiates sont confrontés à une formation de combat révolutionnaire : la phalange, une technique qu’ils vont rapidement copier et perfectionner…
La succession des conflits transforme peu à peu l’armée lacédémonienne en machine de guerre. Quand commence la première guerre médique, en -499, Sparte est au faîte de sa renommée. Propulsée à la tête d’une véritable alliance, la Confédération du Péloponnèse, elle devient la principale puissance militaire de la Grèce continentale. À l’orée du v e siècle avant notre ère, seule la grande rivale Argos ose encore défier son hégémonie. Les hoplites spartiates n’ont pas d’équivalent dans toute la Grèce antique. Tous les citoyens de Lacédémone vivent pour et par la guerre. Être Spartiate, c’est d’abord tenir une épée et un bouclier…
Égaux entre eux mais supérieurs à tous les autres…
Spartiate ? Un honneur conféré aux seuls citoyens. On en compte seulement neuf mille au temps des guerres médiques. La grande masse de la société est en effet exclue des institutions politiques de la cité lacédémonienne, à savoir les périèques et les hilotes. Si les premiers s’adonnent au commerce, les seconds cultivent la terre, deux activités fondamentalement proscrites et abhorrées par les citoyens spartiates. Les périèques (ou « habitants de la périphérie »), vivent aux marges de l’État spartiate. Se livrant au commerce et à l’artisanat, ils constituent le poumon économique de la cité. Sans eux, fabricants d’armes et d’étoffes, les fantassins lacédémoniens ne pourraient s’équiper et donc défendre leur patrie et affermir leur suprématie aux dépens des autres cités. La position des hilotes est beaucoup plus inconfortable. Contrairement aux périèques, ils ne disposent pas de la moindre parcelle de liberté. Sans droits politiques et astreints au travail de la terre, ils font figure de véritables serfs à la disposition des citoyens. Après avoir approvisionné leurs maîtres en vin, en céréales ou en huile, ils peuvent toutefois en conserver le surplus et le consommer. Au regard des dernières enquêtes, les hilotes seraient les descendants directs des Messéniens. À l’issue des trois guerres livrées contre Sparte, la population de la Messénie aurait ainsi été réduite en esclavage et contrainte de travailler la terre de leurs vainqueurs. Assurément, leur force principale réside dans leur nombre. Avec près de deux cents mille individus, ils sont vingt fois plus nombreux que
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