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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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perdants devaient admettre que Mary Read les avait tous bel et bien bernés.
    Hans Vanderluck, promu maréchal des logis depuis le départ de Niklaus, s’était présenté auprès de ses supérieurs peu avant la noce. Les frimas s’installant précocement cette année-là, rapprochant les troupes des quartiers d’hiver, il avait demandé l’autorisation pour ses hommes d’assister aux épousailles de leurs anciens compagnons et par là même de vérifier l’enjeu des paris. La permission avait été accordée d’autant, lui avait-on répondu, que des négociations de paix se précisaient et qu’un traité avait toutes les chances d’être signé.
     
    La cérémonie fut brève, comme Mary l’avait voulu. Elle souffrait désormais des reins et, plutôt que de l’attribuer à son état de future mère, l’expliquait par le manque d’activité.
    Il y avait une autre raison à ce choix, pourtant.
    Au fil des jours, Mary n’avait cessé de douter, de craindre ces épousailles et leurs conséquences, même si elle prenait plaisir à sa nouvelle famille, même si elle se sentait choyée par Niklaus, même si elle se trouvait heureuse de sa chance. Tout cela lui semblait trop beau, trop parfait, trop facile pour être vrai.
    Lorsque le pasteur lui demanda si elle désirait épouser Niklaus Olgersen, prononçant la formule consacrée avec solennité, elle retint une envie de fuir qui lui donna la nausée. L’enfant se mit à cogner dans son ventre pour lui rappeler sa présence et ses responsabilités. Mary refoula en elle son besoin impérieux d’indépendance et de liberté, se rassura au regard passionné de Niklaus, certaine de l’aimer assez pour aplanir les difficultés, et murmura un « oui » qu’elle eut l’impression de hurler.
    Lorsque Niklaus la ceintura de ses bras pour relever son voile et l’embrasser, elle se sentit plus faible et vulnérable qu’au beau milieu d’un champ de bataille, cernée par les ennemis. Tandis que, dans la petite église pleine à craquer, on applaudissait leur étreinte, elle eut pour la première fois la désagréable sensation d’être vaincue, quand, avec eux, elle eût dû jubiler.
    A peine la cérémonie religieuse achevée, Niklaus entraîna son épouse et ses amis vers l’auberge des Trois Fers à cheval où, assisté des cuisiniers et des filles de salle, Frida et Milia, Tire-grenaille avait dressé un gigantesque banquet destiné à satisfaire les invités trois jours durant.
    L’auberge était située près de la grand-route qui menait à Château-Breda. C’était un beau corps de bâtiment en pierre qui, au rez-de-chaussée, comportait une cuisine et une vaste salle préparée pour plus de cent couverts. Proche du vestibule où diverses patères accueillaient les manteaux, se tenait une large planche de bois reposant sur des barriques sectionnées dans le sens de la hauteur, qu’on avait aménagées en étagères pour les chopes et les gobelets. Contre le mur du fond, face à lui, une estrade supportait plusieurs barriques qu’un robinet permettait de vider. La réserve se tenait au sous-sol, dans une cave à laquelle on accédait par un escalier caché sous une trappe. La cheminée occupait un large espace dans le mur opposé à l’entrée. Dans son angle droit, des musiciens jouaient. De l’autre côté, un escalier menait vers l’étage où quelques chambres recevaient les voyageurs comme les gens de la maisonnée. Dans la cour, au centre, un puits donnait une eau claire et fraîche, alimenté par une source qui ne se tarissait jamais. Dans un recoin, deux cabanes de bois servaient de latrines, dissimulant un trou qui, grâce à un agencement de tuiles, permettait d’évacuer les saletés vers la fosse à purin.
    En face du corps de bâtiment, on voyait encore les écuries et un emplacement pour garer les voitures. Plus loin, une basse-cour et un enclos où les cochons grognaient près d’une mare emplie de canards. Outre les six chevaux qui servaient de relais, on comptait deux ânes.
    Les Trois Fers à cheval était sans conteste la plus belle auberge de la région, ayant pu s’agrandir et prospérer grâce à son emplacement privilégié, et à la clientèle assidue de l’armée basée à Château-Breda. Niklaus en avait fait faire le tour à Mary avec fierté et elle avait dû reconnaître que l’endroit aurait autant ravi Cecily qu’elle l’était.
     
    Vin, bière, mangeaille et musique coulèrent à flots jusqu’au petit

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