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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Tire-grenaille. En effet, huit jours à peine après la demande en mariage de Niklaus à Mary, le tavernier Gros Reinhart était mort d’un coup de sang, laissant son auberge, les Trois Fers à cheval, en héritage à son fils. Connaissant les aspirations de Niklaus à ce métier, Tire-grenaille avait proposé à son cousin une association d’intérêts. Niklaus avait aussitôt accepté, malgré les réticences de Mary.
    — Cela vaut mieux pour moi que de me faire tuer à la guerre. A moins que tu ne rêves davantage d’un veuvage que d’un mari, l’avait-il taquinée.
    — Ne sois pas stupide, Niklaus, avait répondu Mary. Ce que je ne veux pas, c’est que cela m’empêche d’aller prendre mon trésor.
    Niklaus avait éclaté de ce rire joyeux qu’elle aimait tant, puis avait répliqué :
    — Comme si l’on pouvait empêcher Mary Read de faire ce qu’elle désire !
    Mary avait cédé.
    Comme dans leur unité on s’était étonné de leurs départs consécutifs, Niklaus, sachant que, redevenue civile, Mary ne pouvait plus être jugée, avait répondu avec fierté :
    — Je vais me marier.
    — Et Read ? avait demandé le gradé, ennuyé de la perte d’aussi bons éléments.
    — Read aussi, avait déclaré Niklaus, amusé.
    — Voilà donc une curieuse coïncidence.
    — Ce n’est pas une coïncidence, mon lieutenant. C’est le soldat Read que je vais épouser.
    — Vous vous foutez de ma gueule, Olgersen ? s’était fâché le gradé.
    Pour toute réponse, Niklaus avait annoncé la date du mariage et ajouté, en déposant ses armes sur le comptoir prévu à cet effet :
    — Venez donc à la noce, mon lieutenant, et vous aurez la réponse.
    Pour moins que cela, quelques minutes auparavant, il aurait été mis aux fers. La rumeur se répandit dans les rangs à peine leurs chevaux eurent-ils tourné bride.
     
    De retour à Breda avec Tire-grenaille, Niklaus avait présenté Mary à ses parents, leur racontant sa bravoure au combat et l’extraordinaire destin attaché à ses pas, et leur demandant de l’héberger jusqu’au mariage tandis qu’il logerait à l’auberge des Trois Fers à cheval avec son cousin. Leur accueil avait été bien plus froid que Niklaus ne l’avait espéré. Aussi ne s’était-il pas étonné lorsque, après le déjeuner, son père, visiblement contrarié, l’avait entraîné à l’écart pour lui parler. Niklaus savait la conversation de sa mère charmante et n’avait eu aucun remords à laisser Mary en sa compagnie.
    — C’est tout ce que tu as trouvé à nous ramener ? Une aventurière doublée d’une catin ! s’était offusqué Lucas Olgersen, à peine la porte de son étude refermée sur eux.
    — Sauf le respect que je vous dois, père, s’était emporté Niklaus, osez encore seulement insulter Mary et vous ne nous reverrez jamais ! Apprenez plutôt à la connaître, elle aurait de nombreuses leçons à donner, de ces leçons que vous fûtes bien heureux, autrefois, de m’enseigner !
    Malgré sa position, Lucas Olgersen avait baissé le nez devant ce géant qui le dépassait d’une tête. Il était bien placé pour savoir que la valeur des êtres n’était pas dans la fortune qu’ils affichaient. Il s’en était voulu de l’avoir oublié et, de retour dans le salon, avait entrepris de se faire pardonner, par mille délicates attentions, les mauvaises pensées qui l’avaient habité.
    En moins de trois semaines, il avait dû lui reconnaître toutes les qualités évoquées par Niklaus, plus une que le vieux notaire avait su apprécier. Mary, qui avec sa future belle-mère s’activait aux préparatifs de la noce, parlait avec modestie et franchise, et s’avérait bien plus cultivée qu’elle ne le prétendait.
     
    En ce jour de septembre 1696, les paris sur l’identité réelle du soldat Read et son prétendu mariage avec le maréchal des logis Olgersen avaient atteint les civils comme les militaires en place à Breda, et une petite fortune avait été récoltée par Vanderluck, mis dans la confidence avant la démission de Niklaus.
    — Ce sera votre cadeau de noces, avait-il décidé en riant, ravi de la bonne farce que le soldat Read lui avait jouée.
    Dans l’assistance qui n’en finissait pas de s’étonner, il était le premier à se réjouir et à s’en amuser.
    Tandis que Mary atteignait enfin l’autel, rejoignant ainsi Niklaus et le pasteur, le lieutenant, leurs anciens camarades de régiment et nombre des

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