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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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auprès des mendiants et des orphelins. Il se fait appeler là-bas le marquis de Baletti, mais nous savons, nous, désormais, son véritable nom.
    — Il nous l’a dévoilé un jour dans une lettre, ajouta M me  Dumas. « Quel que soit le nom que je prenne ou qu’on me donne, je serai désormais et pour toujours Mathieu Dumas, comte de Saint-Germain », nous a-t-il écrit.
    — Pourquoi comte de Saint-Germain ? demanda encore Emma.
    — A cause des lettres d’amour de François I er à Anne de Pisseleu. Nous en avons retrouvé une liasse dans un des coffres. François I er signait toujours : moi François, comte de Saint-Germain, par affection pour la ville de Saint-Germain-en-Laye où il s’était installé. Le château rénové par ses soins, selon les idées d’Anne de Pisseleu, fut souvent le refuge des amants, avant de devenir la résidence préférée du roi.
    Emma se leva. Elle en savait désormais assez. Rencontrer le marquis de Baletti à Venise serait chose facile.
    — Je vous remercie, dit-elle. J’étais en quête d’une réponse à ma curiosité, je vous quitte avec une belle histoire.
    — Vous avez l’intention de vous rendre à Venise, n’est-ce pas ? demanda le vieil homme, perspicace.
    — J’aimerais voir ce crâne, en effet. A quoi ressemble-t-il ?
    — A un crâne humain. Il en a la taille. Il possède une mâchoire articulée, dont le mécanisme est aussi miraculeux que la structure même du cristal dont il est fait. Un simple rayon de lumière suffit à le faire étinceler. J’avoue que c’est la plus belle chose qu’il m’ait été donné de contempler.
    — J’espère que votre fils adoptif me le permettra, susurra Emma.
     
    Maître Dumas se leva pour la raccompagner.
    Sur le pas de la porte, Emma se retourna vers lui, taraudée soudain par une dernière question.
    — Qu’est-ce qui vous donne à penser que Mathieu a trouvé véritablement le grand œuvre ?
    Le regard de maître Dumas s’illumina de malice.
    — J’avais soixante-treize ans lorsque tout cela est arrivé et mon épouse cinquante. Je vous laisse compter, madame. Compter et juger par vous-même du miracle qu’il a fait.
    Emma en demeura interloquée.
    Maître Dumas lui décocha un clin d’œil qui traduisait encore une belle et saine vigueur, tout en lui signifiant son congé, et Emma se retrouva dehors, frappée d’évidence.
     
    — En voilà une tête, madame, s’étonna George, qui, la voyant ainsi alors qu’il l’attendait, vint à sa rencontre. N’avez-vous rien découvert ? Je commençais à m’inquiéter.
    Tout ce qu’Emma put lui répondre fut un chiffre, impossible, inconcevable. Un chiffre qui bousculait tout ce qu’elle avait pu imaginer.
    — Quatre-vingt-treize. Maître Dumas a quatre-vingt-treize ans.
    George ne fit aucun commentaire, malgré son incrédulité. Il savait que sa maîtresse lui donnerait en son temps tous les éléments qui lui manquaient. Elle lui emboîta le pas pour regagner la voiture et ajouta discrètement, le regard illuminé :
    — Bon sang, George, si tout ce que ce vieillard m’a dit est vrai, alors Tobias avait bel et bien raison. C’est infiniment plus qu’un trésor que nous partons chercher…
     

30
     
     
    M ary s’avança d’un pas lent le long de l’allée centrale, évitant les regards braqués sur elle avec curiosité, refusant d’entendre les chuchotements qui naissaient à son passage. Elle était, au jour de ses noces avec Niklaus Olgersen, plus tendue qu’à l’approche d’un combat.
    Le père de celui-ci tenait son bras avec la force tranquille d’un homme rompu aux cérémonies. Il connaissait tous les secrets de famille de ces gens, parents, amis ou simples curieux, qui se pressaient dans la petite église de Breda. Cela lui donnait une sincère importance et, quoiqu’il ait eu du mal à accueillir Mary sous son toit à cause de son absence de dot et de parentèle, il devait reconnaître qu’elle était bien assez originale pour mériter l’honneur que lui faisait son fils. En effet, contrairement aux habitudes des habitants de Breda qui ne manquaient jamais une occasion de médire des notables, tout en usant de cette hypocrisie de bon ton propre aux bourgeois, ceux-ci admiraient Mary Read, droite et fière dans sa robe de mariée grenat.
    Deux mois s’étaient écoulés depuis qu’elle avait donné sa démission de l’armée, en même temps que Niklaus et son cousin chirurgien-barbier, le surnommé

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