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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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déclara-t-elle, jugeant le moment opportun pour amener son projet. Il vous faudra cependant m’accorder une faveur en échange de ce service.
    Tobias Read tiqua.
    — Laquelle ? demanda-t-il.
    — Vous savez le tort que me causent les accusations du colonel Titus. Je veux retrouver auprès du roi une confiance et une dignité qui me rendraient ma place à la cour.
    — Je vois, je pourrai me porter garant de votre loyauté, Guillaume d’Orange m’estime assez pour me faire confiance.
    Emma le savait. La marine anglaise était désormais le principal client de Tobias Read. Mais ce n’était pas à pareil soutien qu’elle songeait.
    — Allons, mon cher, s’amusa-t-elle en battant des cils, vous savez bien que ce ne sera pas suffisant pour qu’on cesse de jaser.
    — Que proposez-vous ?
    — Jusqu’à présent, nous n’avons trouvé que des avantages à notre association. Poussons-la plus loin, voulez-vous ? Mettons en commun nos affaires, nos désirs et nos ambitions. Epousez-moi.
    — Qu’aurai je à y gagner ? demanda Tobias, que cette idée avait de fait déjà effleuré.
    — L’assurance que je ne chercherai pas à vous doubler concernant ce fameux trésor. Je le pourrais, ajouta-t-elle. A moins que vous ne m’ayez pas tout raconté ?
    Tobias éclata d’un rire léger. Emma de Mortefontaine n’était décidément pas de celles qu’on pouvait duper. Outre son éclatante beauté, elle possédait un esprit et une détermination proches des siens. Auprès d’elle, il n’aurait pas le sentiment d’aliéner sa liberté.
    — Marions-nous donc, madame, et c’est ce qu’il vous reste à découvrir que je vous offrirai, affirma Tobias Read sans tricher.
     
    *
     
    À Brest, pour ne pas attirer les ragots, Forbin avait jugé plus prudent de confier Mary aux bons soins de Corneille. La mère de celui-ci l’avait accueillie avec chaleur et sincérité. Mary fut présentée comme un des matelots de La Perle, nouvellement recruté. On ne lui en demanda pas davantage, et Corneille s’acquitta auprès de sa mère du couvert et du gîte de Mary sur la petite bourse que Forbin lui avait remise à cet effet.
    Comme Mary s’était étonnée de l’amitié qui visiblement régnait entre les deux hommes, quand l’un était simple matelot et l’autre officier, Corneille lui avait avoué qu’ils étaient liés par l’étrange coutume de l’amatelotage.
    — Dans une bataille, j’ai, sans aucune gloire mais avec efficacité, sauvé Forbin d’un coup mortel qui lui était destiné. Mon avant-bras y est resté. J’aurais pu en finir avec la marine en touchant une pension pour mon membre coupé, mais l’idée de demeurer à terre jusqu’à la fin de mes jours m’abattit tant que Forbin, reconnaissant, me prit sous son aile, me demandant s’il se trouvait à bord une activité qui m’eût permis de rester. Je devins l’assistant du chirurgien. Dans un premier temps. Car je ne suis pas de ceux qui peuvent se satisfaire d’un succédané. Soigner mes camarades tombés au champ de gloire était noble, mais je ne vibrais plus à leurs côtés. J’ai donc malmené mon corps, jusqu’à lui faire oublier son handicap pour prouver à mon capitaine que mon unique main pouvait encore manier le sabre ou tirer au pistolet.
    Corneille sourit et enchaîna :
    — On paria même sur mes chances de me faire tuer. Pourtant, aujourd’hui, à l’instar de n’importe quel autre marin, je suis à même de monter aux mâtures et d’inspecter la voilure comme avant, lorsque mon métier de gabier me tenait.
    — C’est pour cela que tous te traitent avec respect.
    — Tous, oui. Forbin compris, qui sait bien que je donnerais ma vie pour le protéger et m’accorde ses plus sincères amitié et confiance.
    — Il aurait pu te nommer officier, suggéra Mary.
    — Certes, mais il eût fallu pour cela que j’aliène ma liberté et, s’il est une chose que je ne saurais jamais accepter en ce monde, c’est de dépendre des ordres d’un roi qui n’a jamais navigué.
    — N’est-ce point Forbin qui dirige ses officiers ? s’étonna Mary.
    — Sur le navire qu’il commande seulement. En tant que matelot, je peux suivre mon capitaine. Les officiers de marine, eux, ne sont pas affectés à un homme ou un bâtiment, mais à une mission qu’ils ne peuvent refuser.
    — Je comprends… Je comprends qu’on puisse sincèrement aimer cette vie et tout autant Claude de Forbin.
    Corneille hocha la tête,

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