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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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indignée.
    Forbin la serra plus fort contre lui. Allongé sur le dos dans le lit dont il avait fermé les rideaux, le corps chaud de Mary tendu contre son flanc, une de ses jambes entravant les siennes, il adora la sentir se tendre et vibrer à sa cause, comme il adorait son rire ou son regard mutin. Il se sentait de jour en jour plus proche et plus épris d’elle. Il acheva son histoire, pourtant, refoulant une nouvelle vague de désir.
    — Le grade de Bart m’en empêcha. Mes principes aussi. Sa parole ne fut pas mise en doute et nos routes se séparèrent. Il se montra plus audacieux pour ne pas démériter et accréditer son mensonge, plus cruel aussi, et devint un héros dont le courage éclipsa le mien. Je ne lui en veux pas, ajouta-t-il. La cour est versatile et mon tempérament s’en accommode mal. Je suis trop entier et orgueilleux pour ne pas m’emporter et froisser ceux à qui je dois fidélité et obéissance. Bart est plus malin. Il sait s’effacer au profit de sa carrière. Les actes ne sont pas tout, hélas, en ce monde, et bien paraître assure davantage de reconnaissance que les seuls résultats d’un métier.
    Cela aussi Mary le nota dans le petit carnet secret de sa mémoire, puis elle laissa l’élan sensuel de son capitaine la submerger.
     
    Alors qu’ils se rhabillaient pourtant, sentant qu’il glissait vers un profond sentiment amoureux quand il leur faudrait bientôt se séparer, Forbin déclara d’une voix sombre :
    — J’ai épousé l’océan, Mary. Et cet amour-là est trop exclusif, trop entier, pour être partagé. Ne t’attache pas à moi. Je suis comme le vent, instable, léger, grondant, tantôt caresse, tantôt tourmente. Mon goût de la liberté s’autorise des escales, pas davantage.
    — Je l’avais bien compris, mon capitaine, le rassura Mary sans le croire.
    Le regard seul de Forbin sur elle démentait ses dires. Elle s’en réconforta. Elle finirait bien par le convaincre un jour qu’il ne perdrait rien à l’aimer et, pourquoi pas, à l’épouser.
     
    *
     
    —  L a Perle appareille dans quelques heures, annonça Forbin à Mary une semaine plus tard.
    Elle ne s’en étonna pas. Forbin l’avait aimée toute la nuit, refusant qu’elle parte à l’aube comme à l’accoutumée, prolongeant au lit le plaisir de sa présence, s’en rassasiant comme d’une dernière fois. Il se doutait bien que Mary ne se morfondrait pas à attendre son retour, et lui ne pouvait décemment l’installer. Il s’était résigné à leur séparation inévitable et, bien qu’il lui fût difficile de le reconnaître, celle-ci lui coûtait.
    Réarmée depuis trois jours, la frégate avitaillait sans relâche pour sa prochaine campagne.
    Mary avait bien compris ce que ce changement d’habitude signifiait. Le cœur battant, elle attendait depuis un long moment déjà qu’il lui donne son congé. C’était chose faite. Elle n’avait cependant pas l’intention d’en rester là. Elle acheva de se rhabiller, la gorge trop serrée pour défendre leur amour tout de suite. Elle se contenta donc de descendre l’escalier. Forbin lui avait offert de prendre un déjeuner avec lui avant l’arrivée de Perrine. Il la suivit en silence. Celui de Mary le gêna plus qu’il ne l’aurait imaginé.
    Il avait l’habitude des larmes, parfois des cris ou des injures à chaque rupture. Mais, une fois encore, Mary marquait sa différence dans une feinte légèreté. Parvenue, digne, au bas des marches, elle se retourna pourtant et demanda simplement :
    — Emmène-moi.
    Forbin manqua s’en étrangler.
    — Impossible, voyons, les femmes sont interdites sur un navire !
    — Et alors ? Ne t’ai je point berné, toi et tes hommes ! Je le pourrais encore, assura-t-elle en haussant les épaules.
    — Ce n’est pas si simple, Mary. Il y a quelques années, j’ai défendu une jeune servante contre les mauvais traitements de sa maîtresse, au point de l’emmener chez moi à Aix-en-Provence, dans les vêtements d’un cadet de la marine. Je l’aimais, je crois, mais, pour notre bien à tous deux, je cachai sa véritable nature. Un jour que je m’absentai, elle trahit nos accords de toujours paraître en garçon. Elle se montra femme et le scandale autant que la honte nous rattrapa tous deux. Moi surtout. C’est pour cela que tu es logée chez Corneille. C’est pour cela aussi que je ne peux prendre le risque de t’emmener.
    — Dois-tu mépriser toutes les femmes pour la

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