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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu’il croyait ni ce qu’elle paraissait être. Elle se trouvait donc habile à berner, à s’incarner dans des personnages comme la meilleure des comédiennes. Cela lui rendit un franc sourire.
    — A la bonne heure, approuva Forbin.
    — Discutons d’égal à égale, voulez-vous ?
    Pour toute réponse, il se leva, posa sa pipe sur un guéridon et lui tendit une main baguée de rubis.
    — Dînons…
    Mary n’eut pas plutôt glissé sa paume dans la sienne qu’elle se retrouva plaquée avec violence contre son torse, le bras retourné dans le dos pour empêcher toute résistance. Les lèvres de Forbin mordillèrent son cou, la faisant chavirer en un trouble qu’il lui fut impossible de contrôler.
    — Vous ne serez jamais mon égale, madame, vous me désirez trop, s’enorgueillit Forbin.
    Il était vraiment à gifler. Mary se contenta de le moucher.
    — Auriez-vous oublié dans l’argument des espionnes celui du semblant ?
    — Votre pouls vous trahit.
    — Autant que le vôtre. Vous voyez, nous sommes à égalité, mon cher.
    — Vous me rendrez grâce avant l’aube, assura-t-il en butinant sa gorge palpitante.
    Elle s’esquiva à l’aide d’un de ces subterfuges que lui avait enseignés son maître d’armes chez lady Read.
    Forbin resta bouche bée de la découvrir ainsi délivrée de sa tenaille.
    — Comment diable avez-vous… ? s’écria-t-il.
    Mary redressa la tête, le buste et lui coula un regard brillant.
    — Il semblerait, monsieur, que, contre toute attente, j’aie des choses à vous apprendre. Dînons ! Pour commencer, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la table.
    Forbin s’inclina et lui présenta la chaise pour qu’elle s’y installe. Tandis que, sur un appel de la clochette, Perrine s’avançait pour leur servir un potage de pois cassés au lard, il se mit en devoir d’offrir une trêve à leurs joutes verbales.
    — Il n’est pas dans mes intentions de vous nuire, Emma, déclara-t-il tandis que Mary goûtait avec plaisir son plat. Je vous l’ai dit, j’ai le tempérament soupçonneux, et je parle souvent lorsqu’il faudrait me taire. Vous m’intriguez, très chère, et mes questions ne sont là que pour vous découvrir plus encore. J’aimerais que vous cessiez de vous en offusquer, assura-t-il.
    — Soit, consentit Mary. Je suis veuve de M. de Mortefontaine, armateur de son état, et espionne, jusqu’à ce jour du moins.
    Perrine débarrassa les couverts pour les remplacer et le silence les enveloppa. Mary pourtant eut le sentiment que Forbin se contenait. Son visage trahissait un agacement certain. Elle n’eut pas le temps de se demander pourquoi. A peine Perrine se fut-elle éclipsée après les avoir servis qu’il lâcha froidement :
    — Je veux vous découvrir, madame, mais pas sous des traits usurpés.
    Mary accusa le coup, mais ne s’en troubla pas.
    — Qu’est-ce qui vous donne à croire qu’ils le sont, monsieur de Forbin ? demanda-t-elle en portant une cuisse de poularde à ses lèvres.
    — Le fait qu’Emma de Mortefontaine, la vraie, soit une de mes connaissances.
    — Je vois, lâcha Mary sans s’excuser.
    Bien au contraire, elle attaqua :
    — Ce nom, capitaine, c’est vous-même qui me l’avez donné, je vous le rappelle, refusant d’entendre la vérité que je vous servais. Que vouliez-vous que je fasse, que je vous laisse m’embrocher ? Puisque vous saviez, poursuivit-elle, pourquoi vous être joué de moi ?
    — A cause de la nature même de ce billet en votre possession. En votre qualité de femme, vous ne pouviez être le secrétaire d’Emma ainsi que vous le prétendiez. Emma déclarait à M. de Pontchartrain, mon ministre, qu’elle se savait surveillée et démasquée, s’inquiétant pour sa vie. Vous pouviez tout aussi bien l’avoir assassinée pour le compte du roi Guillaume.
    — Vous me croyez une espionne à sa solde ? s’étonna Mary.
    — Je l’ai cru, en effet, avoua Forbin, d’où ce petit stratagème. Une véritable espionne ne serait pas tombée dans ce piège grossier. Ce qui me donne envie de comprendre qui se cache en vérité derrière ce masque et ces habits de valet. Car ce que je crois, madame, c’est que vous avez trompé Emma de Mortefontaine sur votre nature. Moi-même, sans la fouille de Corneille, me serais laissé berner.
    — Dois-je prendre cela pour un compliment ?
    — Si vous m’avouez enfin la vérité.
    Mary hocha la tête et, choisissant de lui faire

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