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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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s’étonnant pourtant de la pointe de jalousie qui le piquait.
    Lorsqu’en la demeure modeste de sa mère les chandelles étaient mouchées et celle-ci endormie, Corneille escortait Mary jusqu’au seuil de la porte de son capitaine pour revenir à l’aube la rechercher. En songeant sans le dire que, si Forbin finissait par se lasser d’elle comme de tant d’autres, lui s’en accommoderait sans hésiter.
     
    Les nuits auprès du capitaine de La Perle étaient aussi aventureuses et tumultueuses que ces eaux dont Mary rêvait désormais. Forte de ses résolutions, elle avait remis à jamais son intention de contacter Emma pour s’excuser de sa conduite, et renouer avec son oncle abhorré, dans la perspective de son héritage. Malgré tout ce que Mary pouvait espérer et la tendresse qu’elle avait ressentie pour Emma, elle avait très vite dû admettre qu’Emma ne lui manquait pas. Comme si elle n’avait été qu’une étape dans son existence. Un marchepied pour s’élever de sa misère et par là combattre son chagrin. Elle en éprouvait de la reconnaissance, mais était assez objective pour voir Emma telle qu’elle était en réalité. Aussi capable de bonté envers qui l’intéressait que de cruauté pour servir ses ambitions et ses projets. Si elle pouvait y prendre le moindre intérêt, elle l’imaginait bien servir Tobias Read plutôt que l’en protéger.
    Dès le lendemain de leur première étreinte, Forbin d’ailleurs avait conforté son sentiment à son égard, alors qu’ils étaient attablés devant un solide déjeuner.
    — J’ai bien connu Jean de Mortefontaine, lui avait-il révélé. C’était un Marseillais tout comme moi. Enfant, j’allais traîner mes envies de large chez son père armateur. Nous sommes nés la même année, Jean et moi, et il fut le compagnon de nombre de jeux. A la mort de son père, il hérita de ses activités maritimes tandis que, moi, j’intégrai la marine. Nous nous perdîmes de vue. J’ignore comment il rencontra cette Anglaise, ni pourquoi il décida de l’épouser, avait-il ajouté en beurrant une large tranche de pain doré. Il me la présenta à Versailles où nous nous croisâmes fortuitement. Il avait vendu ses affaires dans le Midi pour s’installer à Londres, affirmant que les guerres répétées de la France avaient amoindri son commerce en Méditerranée et qu’il se trouvait plus argenté outre-Manche. Je compris surtout que l’influence de sa très chère épouse s’était fait sentir.
    — Cela ne m’étonne pas vraiment, avait consenti Mary en achevant son lait caillé. Emma ne m’a jamais caché son côté ambitieux. Elle n’avait épousé M. de Mortefontaine que dans le but de se faire un nom et une fortune.
    Forbin avait hoché la tête, satisfait de trouver un écho à son intuition. Il avait ajouté :
    — J’avoue bien sincèrement avoir toujours été attiré par les jolies femmes et celle-ci l’était assurément bien plus que d’autres, mais sa façon d’être, d’agir, de paraître agaça mon instinct, comme à l’approche d’un danger. Les circonstances de la mort de Jean me restent inconnues, mais celle-ci ne me surprit pas. Pas davantage que le fait d’apprendre les activités d’espionnage d’Emma. Garde-toi d’elle. Cette femme a de multiples visages, et la trahison seule est le commun de ses traits.
    — Et si j’étais comme elle ? avait avancé Mary, se souvenant combien elle avait apprécié la similitude de leur parcours et les enseignements qu’Emma lui avait prodigués, et inquiète soudain de lui ressembler par certains aspects quand elle se sentait tant attirée par son capitaine. Ne risquait-il pas de la rejeter pour ces mêmes raisons ?
    — On peut naître du même malheur, Mary, chercher à s’en guérir avec la même volonté et pour cela user des mêmes armes. La différence survient au moment de vérité. Quand l’une bénira la main qui l’a relevée, l’autre la coupera pour ne pas partager. J’ai confiance en mon instinct. Il ne m’a jamais trompé.
    Emma n’avait jamais raconté à Mary les circonstances du décès de son époux ni manifesté du chagrin à son souvenir et Mary avait dû admettre que l’hypothèse de Forbin pouvait fort bien s’avérer fondée. Il lui suffisait de se souvenir de l’ordre qu’Emma avait donné à George de se débarrasser de leur visiteur nocturne. Celle-ci n’était pas femme à s’embarrasser de gêneurs.
    Quant aux promesses

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