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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pourquoi son intérêt allait croissant, et s’en moquait. D’autant que Forbin, de plus en plus étonné par son aptitude à mémoriser des termes techniques, se trouvait ravi de partager enfin avec une dame autre chose que des caresses et des baisers.
     

11
     
     
    T obias avait sans peine trouvé le nom du navire sur lequel son neveu s’était embarqué. C’était un des siens qu’il avait vendu pour du commerce. En fouillant dans ses registres, il avait dégagé l’identité du propriétaire et lui avait rendu visite.
    — Hélas ! mon cher, lui avait répondu celui-ci, désolé, j’en suis sans nouvelles, de même que mes clients en France. Les corsaires français font grand tort au commerce. Voici déjà deux mois qu’ils me coulent. Et pourtant j’engage des mercenaires fortement payés pour défendre ma cargaison, allant même jusqu’à la réduire pour mieux armer mes navires ; mes contacts en France me tiennent régulièrement informé des campagnes maritimes afin que j’organise mes convois. Rien n’y fait ! enchaîna-t-il en passant une main lasse dans ses cheveux gras.
    Ventripotent et libidineux, il siégeait derrière son bureau avec l’allure d’un patricien romain au moment de la décadence. Cette comparaison s’imposa à Tobias Read, ajoutant l’écœurement à l’agacement qu’il avait éprouvé à cette nouvelle. L’homme avait poursuivi pourtant :
    — La marine française est partout. Quelle que soit la route empruntée, il se trouve toujours quelqu’un pour y croiser. Avant longtemps, je le crains, je me verrai contraint de boucler mon enseigne. Mais je me plains, mon cher, quand j’ignore tout du motif de votre intérêt, s’était repris le commerçant.
    — J’ai à cœur, avait menti Tobias, de vérifier si mes navires donnent satisfaction. Ma visite n’avait d’autre but que celui-ci et cela m’attriste fort pour vous. Bien que, je l’avoue, votre malheur me donne l’occasion de vous proposer une affaire. J’ai à céder quelques petites corvettes qui feraient merveille pour protéger un convoi. En vous associant à d’autres marchands, vous trouveriez un intérêt certain à les armer.
    L’homme réfléchit un court instant et répliqua de sa voix nasillarde :
    — Ma foi, cela pourrait bien m’intéresser.
    — Pensez-y, mon cher. Je suis certain que vous y viendrez. Une chose encore. Simple curiosité. Savez-vous quel est ce corsaire qui s’acharne sur votre route ?
    — Claude de Forbin, avait répondu l’homme sans hésiter. Celle-ci fait partie du territoire de course qui lui a été attribué.
     
    Emma de Mortefontaine, confortablement installée dans son fauteuil préféré, écouta le récit de leur conversation, le cœur serré, oscillant entre la peur et l’espoir, refusant l’idée d’avoir perdu Mary qu’elle chérissait infiniment. Tobias Read, qu’elle avait invité à souper, était arrivé en avance pour lui rendre compte de sa détestable découverte. Tobias, s’il n’avait pas les mêmes raisons qu’Emma pour s’en désoler, n’en était pas moins attristé.
    — Il nous faut envisager deux hypothèses, dit-il en croisant ses jambes d’un mouvement élégant, tirant une bouffée de sa pipe comme Emma venait de le faire. Soit mon neveu a été tué, soit il a été capturé avec d’autres marins par l’équipage de Forbin. Dans les deux cas, il est vraisemblable que l’œil de jade fait partie du butin.
    — Vous oubliez, mon cher, que cette clé présente peu d’intérêt pour d’autres que nous. Elle n’a aucune valeur marchande. Il se peut fort bien qu’on l’ait abandonnée et jetée à la mer avec votre neveu.
    — C’est exact, s’assombrit Tobias. L’ennui, c’est que nous n’avons pas la possibilité de le vérifier.
    Emma de Mortefontaine lui offrit un sourire désarmant.
    — Vous vous trompez encore une fois. J’ai suffisamment appris à connaître votre neveu pour croire en son étonnante capacité d’adaptation et de survie. Je suis persuadée, quant à moi, qu’il aura su convaincre le capitaine Forbin de le prendre à son bord.
    — C’est possible, déclara Tobias en hochant la tête.
    — Il se trouve en outre que Claude de Forbin était un ami d’enfance de mon époux. Le rencontrer me sera facile.
    Un sourire éclaira le visage soudain détendu de Tobias.
    — Vous êtes décidément pleine de ressources.
    — Plus encore que vous ne l’imaginez, mon cher,

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