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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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alimentons
seulement une flamme en souvenir de Sa bienfaisante Lumière qui éradique
l’obscurité de son ennemi éternel, Ahriman.
    — Ah, commentai-je. Pas très différent donc, de
Notre-Seigneur Dieu qui lutte contre son adversaire Satan.
    — Non, pas différent du tout, en effet. Vous
tenez des juifs votre Dieu chrétien et votre Satan, de même que les musulmans,
avec leur Allah et leur Shaitan. Le Dieu et le Diable des juifs étaient
fidèlement calqués sur notre Ahura Mazda et notre Ahriman. De la même façon,
vos anges du ciel et vos démons de l’enfer sont de fidèles copies de nos messagers
célestes, les malakhim, et de leurs homologues opposés, les daeva. Tout
comme votre enfer et votre paradis, directement dérivés des enseignements de
Zarathoustra sur l’après-vie.
    — Là, vous y allez un peu fort !
protestai-je. Passe encore, à la limite, pour les juifs et les musulmans, mais
la vraie religion ne peut pas avoir été une simple imitation de celle de...
    Il me coupa net.
    — Observez n’importe quelle représentation d’une
déité chrétienne, celle d’un ange ou d’un saint. Il est dessiné avec un halo lumineux
autour de la tête, non ? C’est un joli fantasme, mais il nous appartient
de fait. Car cette aura n’est autre qu’une reproduction stylisée de la lumière
de la flamme éternelle : celle d’Ahura Mazda resplendissant sur ses
messagers et ses saints.
    Cela semblait difficile à contester, mais je n’allais
pas le concéder, bien sûr. Il poursuivit :
    — C’est pour cette raison que, depuis des
siècles, nous n’avons cessé d’être persécutés, nous autres zardushi : on
n’a cessé de nous railler, de nous disperser, voire de nous contraindre à
l’exil. Un peuple qui se targue de posséder la première vraie religion tient à
affirmer qu’elle lui est venue de quelque révélation exclusive... Il n’accepte
pas aisément qu’on vienne lui rappeler qu’elle est simplement issue d’une autre
croyance plus ancienne, pratiquée par un autre peuple.
    Lorsque je rentrai au caravansérail, ce jour-là,
j’étais perdu dans mes pensées. Je me disais : « L’Église n’a pas
tort, au fond, d’exiger de ses adeptes la foi plutôt que la raison. Plus je me
pose de questions, plus j’obtiens de réponses, et plus mes certitudes
vacillent. »
    Tout en marchant, je ramassai une poignée de neige sur
un talus que je longeais et l’agglomérai en une boule : elle m’apparut
soudain ronde et ferme, comme le sont les convictions. Pourtant, je n’avais
qu’à la regarder d’assez près pour constater que sa rotondité n’était qu’une
agglomération compacte de creux et d’aspérités. Et il suffisait que je la
tienne en main assez longtemps pour que sa solidité se dissolve en eau. Tel est
le destin de la curiosité, constatai-je : les certitudes se fragmentent et
finissent par se dissoudre. Avec assez d’observation et de patience, un homme
découvrirait sans doute que notre Terre, apparemment si ronde et si robuste, ne
l’est peut-être pas tant que cela. Et peut-être serait-il moins fier de sa
capacité à raisonner si, au bout du compte, elle le laissait sans une base
fiable à laquelle se raccrocher. Et pourtant, la vérité ne constituait-elle pas
une fondation plus sûre, malgré tout, que l’illusion ?
    Je ne sais plus si c’était ce jour-là ou un autre,
mais je rentrai au caravansérail, un soir, pour découvrir que mon père et
Narine étaient de retour. Le hakim Khosro était là également, et tous
trois étaient postés autour du lit du malade, parlant chacun son tour :
    — ... Il n’était pas à Kaboul. Le sultan
Kutb-ud-Din a maintenant une nouvelle capitale située assez loin au sud-est de
là. Une cité appelée Delhi...
    — Pas étonnant que vous ayez été si longs,
déclara mon oncle.
    — On a dû franchir d’impressionnantes montagnes,
par la passe de Khaibar...
    — ... puis traverser une terre nommée le
Pendjab...
    — ... plus exactement le Panch Ab, précisa le hakim, puisque ce terme signifie les « Cinq Fleuves ».
    — ... Mais nos efforts ont été récompensés. Le sultan,
comme le shah de Perse, était extrêmement désireux de faire au khakhan des
offrandes en témoignage de leur fidélité à sa grandeur...
    — ... et nous avons donc à présent un cheval de
plus, chargé d’objets en or, d’étoffes en cachemire, de rubis...
    — Mais là n’est pas l’essentiel, trancha

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