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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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et
demeurais perché sur un pied, telle une cigogne.
    — Qu’entends-tu au juste par « tu auras du
mal à t’en débarrasser » ? Pourquoi me dis-tu cela à moi, d’abord ?
    — À qui d’autre le dirais-je ?
    — Eh bien, pourquoi pas à ton montagnard Hunzuk,
par exemple ? Pour n’en citer qu’un.
    — Je le ferais, si c’était l’œuvre d’un autre.
Mais ce n’est pas le cas.
    Le premier étonnement dissipé, j’étais redevenu maître
de moi-même. Je continuai à me déshabiller, mais moins vite qu’auparavant, et demandai
d’un ton conciliant :
    — Je ne viens ici que depuis trois mois. Comment
peux-tu en être sûre ?
    — Je le sais. Je suis une juvel romni.
Nous autres, Romm, avons les moyens de savoir ce genre de chose.
    — Dans ce cas, tu devrais aussi savoir comment éviter
ce type de désagrément.
    — Tout à fait. Je m’introduis d’habitude au
préalable un bouchon de sel marin imbibé d’huile. Si j’ai négligé cette
précaution, c’est parce que j’ai été dépassée par ton vyadhi, ton
impétueux désir.
    — Ce n’est ni en cherchant à me rendre coupable,
ni en me flattant, quelle que soit ta tactique, que tu parviendras à m’avoir.
Je ne veux pas d’un rejeton marron foncé, c’est clair ?
    — Sans blague ? se contenta-t-elle de
répondre.
    Mais ses yeux se plissèrent, tandis qu’elle me fixait
du regard.
    — De toute façon, je ne te crois pas, Chiv. Je ne
constate aucun changement sur ton corps : il est toujours aussi agréable
et soigné.
    — Il l’est, en effet. Toute ma condition dépend
de ma faculté à le conserver tel quel, non déformé par la grossesse, car il
serait inutilisable pour la surata. Alors, pourquoi ne me crois-tu
pas ?
    — Je pense que tu mens, tout simplement. Pour me
garder auprès de toi. Ou faire en sorte que je t’emmène avec moi quand je
quitterai Buzai Gumbad.
    — Tu es si séduisant... Elle parlait lentement.
    — Peut-être, mais pas si bête que tu le crois. Je
suis surpris que tu aies cru me berner avec un vieux tour de ce genre, une ruse
de femme aussi banale.
    — De femme banale, c’est ça ? (Très, très
lentement.)
    — Bon, de toute façon, si tu es enceinte, une
femme aussi rompue à... une juvel Romni aussi intelligente que toi doit
bien savoir comment s’en sortir, non ?
    — Oh, mais oui. Il y a plusieurs façons de
procéder. J’ai simplement pensé que tu avais ton mot à dire sur l’opportunité de
le faire.
    — Alors, pourquoi nous querellons-nous
ainsi ? Nous sommes parfaitement d’accord ! Bon... en attendant, j’ai
quelque chose pour toi. Pour nous deux, en fait.
    Terminant de me déshabiller, je jetai sur l’hindora un paquet enveloppé dans un papier et une petite fiole de terre cuite. Elle
ouvrit le papier et lança :
    — Ce n’est que du bhang tout ce qu’il y a
de banal... Mais qu’y a-t-il dans la petite bouteille ?
    — As-tu déjà entendu parler, Chiv, du poète
Majnoun et de la poétesse Leila ?
    Je m’assis à ses côtés et lui relatai le récit du hakim Mimbad au sujet de ces amants de jadis et de leur capacité de varier à
l’infini les plaisirs. Je n’allai pas jusqu’à lui répéter, malgré tout, ce
qu’il m’avait dit quand j’avais avancé son nom comme partenaire pour l’essai de
son dernier philtre. Il avait pris un air hésitant et murmuré : « Une
fille du peuple romm ? Ces gens-là ont leur sorcellerie propre. Cela
pourrait contrarier l’alchimie... » Je conclus mon compte rendu par les
instructions qu’il m’avait délivrées :
    — Nous nous partageons le contenu de la fiole.
Puis, en attendant qu’il fasse effet, nous mettons le haschisch à brûler, le bhang, comme tu l’appelles. Nous en inhalons la fumée, qui nous euphorise et
neutralise nos désirs tout en nous rendant plus réceptifs aux pouvoirs du
philtre.
    Elle sourit, comme si tout cela l’amusait doucement.
    — Tu veux essayer de la magie sur une Romm ?
Il y a un dicton, Marco, qui proclame en substance : « Il faut être
fou pour jeter du bois sur le brasier du diable. »
    — Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle
magie ! Je te parle ici d’alchimie, concoctée par un médecin aussi savant
que studieux.
    Le sourire s’accrocha à son visage, mais l’amusement
disparut.
    — Tu m’as dit n’avoir pas vu de changement sur
mon corps, et tu prétends modifier les deux nôtres ! Tu me reproches
d’avoir fait semblant et

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