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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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tu veux nous plonger tous deux dans une situation
virtuelle...
    — Cela n’a rien de virtuel, c’est une expérience. Écoute, je ne m’attends pas qu’une simple... je ne m’attends pas que tu
saisisses la philosophie de l’hermétisme. Crois-moi simplement quand je
t’assure que c’est quelque chose de bien plus noble et de plus agréable qu’une
vulgaire superstition barbare.
    Elle déboucha la fiole et en huma le contenu.
    — Ça pue terriblement.
    — Le hakim a dit que la fumée du haschisch
dissipe toute nausée. Et il m’a énuméré tous les ingrédients qui composent le
philtre. Graines de fougères, feuilles de cuscute, racine de chob-i-kot, poudre
de bois de cerf, sang de pénis de bouc... et autres bricoles inoffensives, rien
de nocif. Je n’avalerais certainement pas cette mixture moi-même, pas plus que
je ne te la ferais boire, s’il en allait autrement.
    — Très bien..., acquiesça-t-elle dans un sourire
qui commençait à ressembler à une mauvaise grimace.
    Elle inclina la fiole et en prit une gorgée.
    — Je vais étendre le bhang sur les
charbons ardents.
    Elle m’avait laissé la plus grande partie du philtre
(« ton corps est plus imposant que le mien, il sera peut-être plus
difficile à modifier »), et j’en avalai le reste. La pièce étroite ne
tarda pas à se remplir de la lourde fumée bleue, écœurante de douceur, du
haschisch, à mesure que Chiv tisonnait les braises tout en marmonnant pour
elle-même dans ce que je crus être sa langue natale. Je m’étalai de tout mon
long sur l’hindora et fermai les yeux, ce qui ne fit qu’augmenter ma
surprise de constater, quand je les rouvris, en quoi je m’étais transformé.
    Peut-être étais-je tombé dans le sommeil halluciné que
procure le haschisch, mais je ne le pense pas. La dernière fois que j’y avais
goûté, les rêves avaient eu un côté fouillis, confus, nébuleux. Cette fois,
tous les événements qui eurent lieu semblaient très réels, avaient des contours
bien définis : on sentait qu’ils arrivaient.
    Je demeurai allongé les yeux fermés, ressentant sur la
peau de mon corps nu la chaleur du brasier que l’on fourrageait, et j’inhalai
vigoureusement sa douce fumée, attendant les changements qui pourraient
survenir en moi-même. Je ne savais pas exactement à quoi m’attendre : peut-être
à voir pousser, à l’endroit de mes omoplates, des ailes d’oiseau, de papillon,
voire de péri ? Ou, pourquoi pas, à voir se déployer mon membre
viril, déjà tendu dans l’anticipation du plaisir à venir, jusqu’à la taille de
celui d’un taureau ! Mais tout ce que je ressentais, pour l’instant,
c’était une lente et pénible augmentation de l’épaisse chaleur qui régnait dans
la pièce, couplée à une envie impérieuse de vider ma vessie. Cela ressemblait à
cette impression matinale, lorsque vous vous éveillez le candelòto tout
raide, mais juste gorgé de vulgaire urine, ce qui rend malaisé tout autre usage
de cet organe. Il est alors impossible de l’utiliser sexuellement, mais vous
répugnez à le désengorger par la miction, car son érection dégringole alors
inéluctablement, et vous gâchez tout.
    Ce début n’était pas aussi prometteur que l’avaient
imaginé mes fantasmes d’amateur néophyte, aussi restai-je allongé sans bouger,
les yeux toujours fermés, espérant que ces sensations passeraient. Mais pas du
tout. Elles augmentèrent, au contraire, jusqu’à devenir franchement pénibles et
inconfortables. Puis une douleur se fit jour dans mon bas-ventre, comme
lorsqu’on s’est retenu trop longtemps. Mais elle fut si violente que, sans le
faire exprès, je laissai échapper un bref jet d’urine. Je demeurai un moment
immobile, honteux de ce piteux laisser-aller et priant pour que Chiv ne l’eût
pas remarqué. C’est alors que je me rendis compte que je n’avais aucune
sensation humide sur mon ventre nu, comme cela aurait dû se produire, vu la
position érigée de mon pénis. Au lieu de cela, je sentis cette humidité couler
entre mes jambes. Curieux. Léger étonnement. J’ouvris les yeux. Autour de moi,
je ne distinguais qu’un épais brouillard bleu. Les murs de la pièce, le
brasero, la jeune fille, rien de tout cela n’était plus visible. Je lançai un
regard vers le bas afin de comprendre pourquoi mon candelòto se
comportait aussi bizarrement, mais ma vue fut entravée par mes seins.
    Des seins ! J’avais des seins de femme,

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