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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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quelques fautes, et qu’il soit possible de les réparer, je vous promets sur la parole d’un honnête dragon de vous aider à le faire si j’en suis capable.
    – Qui peut se flatter d’avoir vécu, sans commettre de fautes ? dit Harvey en jetant un coup d’œil distrait sur son gardien.
    – C’est la vérité. L’homme est naturellement faible ; il fait quelquefois ce qu’il voudrait ensuite n’avoir pas fait. Mais au bout du compte on n’aime pas à mourir avec une conscience trop chargée.
    Harvey, pendant ce temps, avait bien examiné le local dans lequel il devait passer la nuit, et il ne vit aucun moyen de s’échapper. Mais l’espérance est le dernier sentiment qui meure dans le cœur de l’homme ; il donna alors toute son attention au sergent qui lui parlait. Fixant sur lui un regard si perçant qu’Hollister en baissa les yeux :
    – On m’a appris, lui répondit-il, à déposer le fardeau de mes fautes aux pieds de mon Sauveur.
    – C’est assez bien, mais il faut aussi rendre justice à qui de droit si cela se peut. Il s’est passé bien des choses dans ce pays depuis la guerre ; bien des gens ont été dépouillés de ce qui leur appartenait légitimement. Moi-même j’ai quelquefois des scrupules sur ce que je me suis approprié dans des occasions où le pillage nous était permis.
    – Ces mains, dit Birch en étendant ses doigts maigres avec une sorte d’orgueil, ont consacré bien des années au travail, mais elles n’ont jamais donné un instant au pillage.
    – C’est encore bien, et ce doit être pour vous une grande consolation. Il y a trois péchés principaux, et celui qui a la conscience nette à cet égard peut espérer, avec la grâce du ciel, d’être un jour passé en revue avec les saints du ciel : ce sont le vol, le meurtre et la désertion.
    – Grâce au ciel ! dit Birch avec fureur, je n’ai jamais ôté la vie à un de mes semblables.
    – Oh ! tuer un homme en bataille rangée, ce n’est pas un péché ; ce n’est que faire son devoir, répliqua Hollister qui sur le champ de bataille était un imitateur zélé de son capitaine ; et si la cause de la guerre est injuste, la faute, comme vous devez le savoir, retombe sur la nation, et un homme reçoit sa punition ici-bas avec le reste du peuple. Mais le meurtre commis de sang-froid est le plus grand crime aux yeux de Dieu après la désertion.
    – Je n’ai jamais servi, et par conséquent je n’ai pu déserter, dit le colporteur, appuyant sa tête sur une main, dans une attitude mélancolique.
    – Mais on peut déserter sans abandonner ses drapeaux, quoique cette désertion soit sans contredit la plus criminelle de toutes. Par exemple, on peut déserter la cause de son pays à l’heure du besoin, ajouta-t-il en hésitant, mais en appuyant sur ces derniers mots.
    Harvey appuya la tête sur ses deux mains, et tout son corps trembla d’émotion. Le sergent le considéra à son tour avec attention. Il avait une antipathie naturelle pour un homme qu’il regardait comme traître à son pays ; mais le zèle religieux l’emporta.
    – Et cependant, ajouta-t-il d’un ton plus doux, c’est un crime dont le repentir peut obtenir le pardon. Qu’importe la manière dont un homme meurt et l’époque de sa mort, pourvu qu’il meure en homme et en chrétien ? Passez quelque temps en prières, et tâchez ensuite de prendre quelque repos, afin de pouvoir montrer l’un et l’autre. Ne vous flattez pas d’obtenir votre grâce, car le colonel Singleton a donné des ordres formels pour que la sentence rendue contre vous fût exécutée à l’instant où vous seriez pris. Je vous le répète, ne vous flattez pas, rien ne peut vous sauver.
    – Je le sais, s’écria Birch ; mais il est trop tard. J’ai anéanti mon unique sauvegarde.
    – Quelle sauvegarde ?
    – Rien, répondit le colporteur reprenant sa manière naturelle, et baissant la tête pour éviter les regards perçants de son compagnon : mais du moins il rendra justice à ma mémoire.
    – Qui, Il ?
    – Personne, dit Harvey paraissant évidemment ne pas vouloir en dire davantage.
    – Rien, et personne. Cela ne vous sera pas d’une grande utilité, dit le sergent en se levant pour s’en aller : allons, tâchez de vous tranquilliser ; je viendrai vous revoir quand il fera jour. Je voudrais de toute mon âme pouvoir vous être utile. Je n’aime pas à voir pendre un homme comme un chien.
    – Eh bien ! vous pouvez

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