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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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vives et passagères ; dans d’autres, elles sont profondes et durables. Certains philosophes croient trouver une connexion entre les pouvoirs physiques et les facultés morales de l’animal ; quant à moi, je crois que les uns sont le résultat de l’habitude et de l’éducation, et que les autres sont assujetties aux lois et aux lumières de la science.
    Miss Peyton le salua à son tour en silence, et se retira pour aller chercher sa nièce, l’heure approchant où, d’après les usages américains, la cérémonie nuptiale devait avoir lieu. Sara, couverte d’une rougeur modeste, ne tarda pas à entrer dans le salon avec sa tante, et Wellmere, s’avançant vers elle avec empressement, saisit une main qu’elle lui présenta en baissant les yeux, et pour la première fois le colonel anglais parut songer au rôle important qu’il avait à jouer dans la cérémonie. Jusqu’alors il avait paru distrait, et ses manières avaient eu quelque chose de gêné ; mais tous ces symptômes disparurent quand il vit arriver sa maîtresse dans tout l’éclat de sa beauté, et il ne lui resta que la certitude de son bonheur. Chacun se leva, et le révérend aumônier ouvrait déjà le livre qu’il tenait en main, quand on s’aperçut que Frances était absente. Miss Peyton sortit une seconde fois pour aller la chercher, et elle la trouva dans sa chambre, seule et les yeux baignés de larmes.
    – Allons, ma chère nièce, lui dit sa tante en lui prenant le bras avec affection, venez ; on n’attend plus que nous pour la cérémonie. Tâchez de vous calmer afin de faire honneur, comme cela convient, au choix de votre sœur.
    – Mais est-il digne d’elle ? est-il possible qu’il en soit digne ? s’écria Frances, cédant à son émotion et se jetant dans les bras de sa tante.
    – Cela peut-il être autrement ? répondit miss Peyton. N’est-ce pas un homme bien né, un brave militaire, quoiqu’il ait éprouvé un malheur ; un homme qui paraît certainement avoir toutes les qualités nécessaires pour rendre une femme heureuse ?
    Frances s’était soulagée en manifestant ses sentiments, et, faisant un effort sur elle-même, elle s’arma d’assez de résolution pour aller joindre la compagnie. Pendant ce temps, et pour distraire les parties de l’espèce d’embarras occasionné par ce délai, l’aumônier avait fait diverses questions au futur époux, et notamment une à laquelle il n’avait pas obtenu une réponse satisfaisante. Wellmere avait été obligé d’avouer qu’il n’avait pas songé à se pourvoir d’un anneau nuptial. L’aumônier déclara qu’il ne pouvait sans cela procéder à la cérémonie, et en appela à M. Wharton pour confirmer cette décision. Le père répondit affirmativement, comme il aurait répondu négativement si la question lui eût été faite de manière à amener un pareil résultat. Le départ de son fils avait été un coup qui lui avait fait perdre le peu d’énergie qu’il possédait, et il avait appuyé de son approbation la remarque du chapelain, aussi facilement qu’il avait donné son consentement au mariage précipité de sa fille avec le colonel anglais.
    Ce fut en ce moment que miss Peyton rentra dans le salon, accompagnée de Frances. Sitgreaves, qui était près de la porte, lui offrit la main, et la conduisit à un fauteuil.
    – Madame, lui dit-il, il paraît que les circonstances n’ont pas permis au colonel Wellmere de se pourvoir de toutes les décorations que l’antiquité, l’usage et les canons de l’Église rendent indispensables pour la célébration d’un mariage.
    Miss Peyton jeta les yeux sur le colonel qui était sur les épines, et ne voyant pas qu’il manquât rien à sa toilette, en prenant en considération les circonstances du temps et la promptitude avec laquelle le mariage avait été convenu, elle se retourna vers le docteur avec un air de surprise qui exigeait une explication.
    Sitgreaves comprit ce qu’elle désirait, et se disposa à la satisfaire.
    – Une opinion assez générale, lui dit-il, est que le cœur est situé dans la partie gauche du corps humain, et qu’il existe une connexion plus intime entre les membres placés de ce côté et ce qu’on peut appeler le siège de la vie qu’entre les organes situés sur la droite, erreur causée par l’ignorance de l’arrangement scientifique des parties constituantes de la machine humaine. Par suite de cette opinion, on pense que le quatrième doigt de

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