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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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laisser passer. Ce seul regard lui suffit : elle put conserver assez d’empire sur elle-même pour se retirer avec dignité ; mais dès qu’elle se trouva à l’abri de tous les yeux observateurs, elle se laissa tomber sur une chaise, et s’abandonna à une émotion mêlée de honte et de plaisir.
    Un peu mécontent de l’humeur opiniâtre du colonel anglais, le docteur, après lui avoir de nouveau offert ses services et avoir essuyé encore un refus, monta dans la chambre du capitaine Singleton, où Lawton l’avait déjà précédé.

CHAPITRE XXI
    Ô Henry, quand tu daignes me demander mon cœur, puis-je te refuser ta demande ? Et quand tu as gagné mon cœur, amant chéri, puis-je te refuser ma main ?
    L’Ermite de Warkworth.
    Le gradué de l’université d’Édimbourg trouva que la santé de son malade s’affermissait rapidement, et que la fièvre l’avait entièrement quitté. Sa sœur, dont les joues étaient, s’il est possible, encore plus pâles que lorsqu’elle était arrivée, veillait sur lui avec le soin le plus attentif ; et les dames de la maison, au milieu de leurs chagrins et de leurs inquiétudes, n’avaient négligé aucun des devoirs de l’hospitalité. Frances se trouvait attirée vers sa compagne inconsolable par un intérêt dont elle ne pouvait s’expliquer la force irrésistible. Elle avait uni dans son imagination le destin de Dunwoodie à celui d’Isabelle, et avec toute l’ardeur romanesque d’un cœur généreux, elle croyait ne pouvoir mieux servir son ancien amant qu’en accordant son affection à celle qu’il lui préférait. Isabelle recevait ses attentions avec une sorte de reconnaissance distraite ; mais ni l’une ni l’autre ne faisait la moindre allusion à la source cachée de leurs chagrins. Les observations de miss Peyton pénétraient rarement au-delà de la superficie des choses, et la situation dans laquelle se trouvait Henry Wharton lui paraissait une cause bien suffisante pour que les joues de Frances fussent pâles et ses yeux humides. Si Sara paraissait moins accablée de soucis que sa sœur, la bonne tante n’était pas embarrassée pour en deviner la raison. L’amour est une sorte de sentiment saint pour le cœur encore pur d’une femme, et il semble consacrer tout ce qui ressent son influence.
    Quoique miss Peyton fût sincèrement affligée du danger qui menaçait son neveu, sa bonté presque maternelle faisait qu’elle trouvait bon que l’aînée de ses nièces jouît des circonstances favorables à son premier attachement, que le hasard avait amenées. Elle savait fort bien que la guerre était une ennemie cruelle de l’amour, et que par conséquent il ne fallait pas perdre le peu de moments dont elle permettait de disposer.
    Plusieurs jours se passèrent sans aucun événement remarquable soit aux Sauterelles, soit aux Quatre-Coins. La certitude de l’innocence de Henry et une entière confiance dans les démarches de Dunwoodie en sa faveur soutenaient la famille Wharton. D’une autre part le capitaine Lawton attendait de sang-froid la nouvelle d’un engagement qu’il croyait recevoir de moment en moment avec des ordres pour partir. Cependant ni cette nouvelle, ni ces ordres n’arrivaient. Une lettre du major lui annonça que l’ennemi ayant appris qu’un détachement de troupes avec lequel il devait faire sa jonction avait été défait, s’était retranché en arrière des fortifications du fort Washington, et y restait dans l’inaction, mais en menaçant de temps en temps de frapper un coup pour se venger de cet échec. Il lui recommandait la vigilance, et finissait sa lettre par quelques compliments adressés à son honneur, à son zèle et à sa bravoure reconnue.
    – Extrêmement flatteur, major, murmura le capitaine en jetant cette épître sur une table, et se promenant dans sa chambre pour calmer son impatience, vous m’avez vraiment chargé d’un joli service ! Voyons sur quels objets doit s’exercer ma vigilance : un vieillard craintif et irrésolu, qui ne sait pas encore s’il doit nous regarder comme amis ou comme ennemis ; quatre femmes, dont trois sont assez bien en elles-mêmes, mais ne paraissent pas se soucier beaucoup de ma compagnie, et dont la quatrième, toute bonne qu’elle est, a passé la quarantaine ; deux ou trois nègres ; une femme de charge bavarde, qui ne fait que parler d’or et d’argent, de pauvreté méprisable, de signes et d’augures. Oui, mais le pauvre George

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