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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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quoique miss Peyton eût cédé au désir de son beau-frère pour profiter de l’arrivée inopinée d’un ministre de l'Église, elle n’avait pas jugé à propos d’ébruiter le mariage futur de sa nièce dans tous les environs, et elle n’en aurait rien fait quand même le temps l’eût permis. Elle crut donc qu’elle allait apprendre un grand secret à César et à la femme de charge.
    – César, lui dit-elle en souriant, il est bon que vous sachiez que votre jeune maîtresse, miss Sara, va épouser ce soir le colonel Wellmere.
    – Oh ! oh ! moi m’en être bien douté, répondit César en riant, et en branlant la tête d’un air satisfait de sa pénétration. Quand jeune fille et jeune homme parler toujours tête à tête, vieux noir savoir bien deviner le reste.
    – En vérité, César, dit gravement miss Peyton, je ne vous croyais pas moitié si bon observateur. Mais comme vous savez déjà quelle est l’occasion qui fait qu’on a besoin de vos services, écoutez les ordres que Monsieur va vous donner, et ayez soin de les exécuter ponctuellement.
    Le nègre se tourna d’un air tranquille et soumis vers le chirurgien, qui lui parla ainsi qu’il suit :
    – César, votre maîtresse vous a déjà informé de la cérémonie importante qui va être célébrée dans cette habitation ; mais il manque encore une bague, et en vous rendant au village des Quatre-Coins, et en délivrant ce billet soit au sergent Hollister, soit à mistress Élisabeth Flanagan, on vous en remettra une sur-le-champ. Dès que vous l’aurez, revenez ici ; et ne manquez pas de faire grande diligence tant en allant qu’en revenant, car ma présence sera bientôt nécessaire près de mes malades dans l’hôpital, et le capitaine Singleton souffre déjà du manque de repos.
    En finissant ces mots, le docteur avait déjà banni de son esprit toute idée qui n’avait pas rapport aux devoirs de sa profession, et il sortit de l’appartement avec fort peu de cérémonie. La curiosité, ou peut-être un sentiment tout différent, la délicatesse, porta miss Peyton à jeter un coup d’œil sur le billet non cacheté que Sitgreaves avait remis au nègre et qui était adressé à son aide, et elle y lut ce qui suit :
    « Si la fièvre a quitté Kinder, faites-lui prendre un peu de nourriture. Tirez encore trois onces de sang à Watson. Veillez à ce que cette femme, Betty Flanagan, n’introduise pas dans l’hôpital quelque cruche de son alcool. Levez l’appareil de Johnson. Faites sortir Smith de l’hôpital : il est en état de reprendre son service. Envoyez-moi par le porteur l’anneau attaché à la chaîne de la montre que je vous ai laissée pour régler les intervalles à observer entre les doses que j’ai prescrites.
    « ARCHIBALD SITGREAVES »
    «  Chirurgien-major . »
    Miss Peyton remit cette singulière épître à César, et retourna dans le salon, laissant Katy et César prendre les arrangements nécessaires pour le départ de celui-ci.
    – César, dit Katy d’un air solennel, quand on vous aura donné cette bague, ayez soin de la placer dans votre poche gauche ; c’est celle qui est le plus près du cœur, et ne vous avisez pas de la mettre à un de vos doigts, car cela porte malheur.
    – Pas le mettre à mon doigt ! Ah ! ah ! ah ! s’écria le nègre en ouvrant sa large main noire, vous croire que bague à miss Sally pouvoir aller au doigt du vieux César ?
    – Peu importe qu’elle aille ou non, reprit la femme de charge. C’est un mauvais augure de mettre une bague de mariage au doigt d’un autre après le mariage ; et par conséquent il peut être dangereux de l’y mettre auparavant.
    – Moi vous dire, Katy, s’écria César avec quelque indignation, que moi aller chercher une bague, mais pas penser à la mettre à mon doigt.
    – Partez donc, César, partez, dit Katy se rappelant tout à coup que divers préparatifs pour le souper exigeaient son attention ; revenez bien vite, et ne vous arrêtez pour âme qui vive.
    César se retira avec cette injonction, et il se trouva bientôt solidement assis sur sa selle.
    Il descendit à l’écurie, monta sur un cheval qu’on lui avait préparé, et partit à l’instant. Comme la plupart des nègres, il avait été excellent écuyer dans sa jeunesse ; mais le poids de soixante années accumulées sur sa tête avait un peu ralenti la circulation rapide de son sang africain, et il marcha d’abord avec une gravité convenable

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