Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
impossible que Henry évitât une condamnation. Cependant il répondit avec calme :
    – Que j’aie passé vos piquets sous un déguisement, c’est possible ; mais…
    – Silence ! interrompit le président. Les usages de la guerre sont assez sévères en eux-mêmes. Vous n’avez pas besoin de fournir vous-même des moyens contre vous.
    – L’accusé peut rétracter son aveu, dit un des juges, car si l’on en prend acte l’accusation est pleinement prouvée.
    – Je ne rétracterai pas ce qui est vrai, dit Henry avec fierté.
    Les deux juges entendirent cette réponse avec une gravité imperturbable, sans pourtant avoir un air de triomphe ; mais le président parut prendre un nouvel intérêt à cette scène, et il s’écria d’un ton plus animé qu’on n’aurait dû l’attendre de son âge :
    – Vos sentiments sont nobles, Monsieur, et je regrette qu’un jeune militaire se soit laissé égarer par la loyauté, au point de servir d’instrument à la trahison.
    – À la trahison ! s’écria Henry avec feu ; je ne me suis déguisé que pour ne pas courir le risque d’être fait prisonnier.
    – Mais quels étaient vos motifs pour passer nos piquets, déguisé ?
    – Vous êtes libre de les expliquer, s’ils peuvent tendre à votre justification, dit un autre juge avec un léger mouvement des muscles de la bouche.
    – Je suis fils du vieillard qui est devant vos yeux, et c’est pour aller le voir que je me suis imprudemment exposé à ce danger. D’ailleurs le territoire sur lequel sa maison est située est rarement occupé par vos troupes, et son nom seul indique que les deux partis ont droit de s’y trouver.
    – Le nom de Territoire Neutre n’est reconnu par aucune loi, et il ne doit son origine qu’à la situation du pays. Partout où se trouve une armée, elle porte ses droits avec elle, et le premier est celui de veiller à sa sûreté.
    – Je ne suis pas casuiste, Monsieur, mais je sens que mon père a droit à mon affection, et il n’est pas de danger auquel je ne fusse prêt à m’exposer pour lui en donner des preuves.
    – Ces sentiments sont louables. Allons, Messieurs, dit le président en s’adressant aux autres juges, cette affaire se présentait d’abord fort mal, mais elle commence à s’éclaircir. Qui pourrait blâmer un fils d’avoir désiré de voir son père ?
    – Avez-vous quelque preuve que telle était votre intention ? demanda un des juges à figure grave.
    – Sans doute, répondit Henry en admettant un rayon d’espérance ; mon père, ma sœur, le major Dunwoodie le savent comme moi.
    – Ceci peut changer la face des choses, dit le même juge au président ; je pense que cette affaire mérite d’être approfondie.
    – Sans contredit, répondit le président. Qu’on fasse avancer M. Wharton père.
    M. Wharton s’avança tremblant d’émotion. Le président lui laissa quelques instants pour se calmer ; et après lui avoir fait prêter serment, suivant les formes d’usage, lui fit la question suivante :
    – Êtes-vous le père du prisonnier ?
    – Il est mon fils unique.
    – Savez-vous pourquoi il s’est rendu chez vous, le 29 octobre dernier ?
    – Comme il vous l’a dit, pour me voir ainsi que ses sœurs.
    – Était-il déguisé ? demanda un des autres juges.
    – Il… il n’avait pas l’uniforme de son corps.
    – Et pour voir ses sœurs ! dit le colonel Singleton, avec beaucoup d’émotion. Vous avez des filles, Monsieur ?
    – J’en ai deux… Elles sont dans cette maison.
    – Portait-il une perruque ? demanda l’autre juge.
    – Il avait sur la tête quelque chose de semblable, je crois.
    – Et combien y a-t-il de temps que vous ne l’aviez vu ? demanda le président.
    – Quatorze mois.
    – Était-il couvert d’une grande redingote d’étoffe grossière ? demanda l’autre juge en feuilletant l’acte d’accusation.
    – Il portait… un surtout.
    – Et vous pensez qu’il n’est venu que pour vous voir ?
    – Moi et mes filles.
    – Un brave garçon ! dit le président à l’oreille de celui de ses collègues qui avait jusqu’alors gardé le silence. Je ne vois en cela qu’une imprudence de jeunesse, et au fond l’intention était bonne.
    – Êtes-vous certain, demanda l’autre juge à M. Wharton, que votre fils n’avait pas reçu une mission secrète de sir Henry Clinton, et que sa visite chez vous n’était pas un prétexte pour la couvrir ?
    – Comment

Weitere Kostenlose Bücher