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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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capitaine Lawton, il avait reçu ordre de se rendre en ce lieu avec un détachement de ses dragons pour être présent au procès du capitaine Wharton qui devait avoir lieu le lendemain, et que désirant savoir si la famille de son ami avait traversé les montagnes sans accident, il avait fait quelques milles pour s’en assurer plus tôt. Frances lui expliqua en rougissant et d’une voix tremblante pourquoi elle se trouvait en avant des autres voyageurs, et lui dit qu’elle les attendait à chaque instant. L’air de contrainte du major avait quelque chose de contagieux qui la gagna aussi, et l’arrivée de la voiture fut un soulagement pour l’un et pour l’autre. Dunwoodie lui offrit la main, dit quelques mots d’encouragement à M. Wharton et à miss Peyton, et, remontant à cheval, précéda les voyageurs dans les plaines de Fishkill qui se montrèrent à leurs yeux comme par enchantement dès qu’ils eurent tourné le rocher. Une petite demi-heure les amena à la porte d’une ferme où les soins de Dunwoodie avaient déjà tout préparé pour leur réception, et où le capitaine Wharton attendait avec impatience leur arrivée.

CHAPITRE XXVI
    Ces membres se sont endurcis par les travaux du soldat ; ces joues n’ont jamais connu la pâleur de la crainte ; mais le triste récit que tu me fais énerve en moi toutes les facultés dont j’étais si fier. Mon corps tremble et frissonne ; je pleure comme un enfant, et mes larmes coulent dans ces cicatrices, dont de glorieuses blessures ont sillonné mon visage.
    Duo .
    Les parents de Henry avaient tant de confiance en son innocence qu’ils s’aveuglaient un peu sur le danger de sa situation. Cependant plus le moment de son jugement approchait, plus le capitaine lui-même éprouvait d’inquiétude. Après avoir passé la plus grande partie de la nuit avec sa famille, et avoir goûté pendant deux ou trois heures un sommeil agité, il s’éveilla le lendemain avec la conviction du péril imminent qu’il courait ; et ayant examiné les chances de salut qui lui restaient, il reconnut qu’elles étaient bien incertaines. Le sang d’André, l’importance des trames dont il s’occupait, et les sollicitations puissantes qui avaient été faites en sa faveur, avaient été cause que son exécution avait fait beaucoup plus de bruit que n’en font ordinairement des événements de cette espèce. Mais on avait arrêté beaucoup d’autres espions, et il y avait des exemples sans nombre d’une punition expéditive de leur crime.
    Ces faits étaient connus de Dunwoodie comme du prisonnier, et les préparatifs qu’on faisait pour le jugement étaient propres à leur donner des alarmes. Ils réussirent pourtant si bien à les dissimuler, que ni miss Peyton ni Frances ne les connurent jamais dans toute leur étendue. Une forte garde était placée dans les bâtiments extérieurs de la ferme où le prisonnier était retenu ; plusieurs sentinelles veillaient sur toutes les issues de la maison, et un factionnaire était de garde à la porte de l’officier anglais. Le conseil de guerre qui devait instruire le procès était déjà assemblé, et de sa décision dépendait le sort de Henry.
    Le moment arriva enfin, et les différents acteurs qui devaient jouer un rôle dans cette scène solennelle se rassemblèrent. Frances éprouva une sorte de suffocation, quand s’étant assise au milieu de sa famille, elle jeta les yeux sur le groupe qui était placé devant elle. Les juges, au nombre de trois, étaient assis en grand uniforme avec un air de gravité digne de leur grade, et convenable à une occasion si solennelle. Celui qui occupait le siège du milieu était un homme d’un âge avancé, et dont la taille droite et tout l’extérieur annonçaient un vétéran dans la profession des armes. C’était le président de la cour martiale, et Frances, après avoir jeté sur les deux autres un coup d’œil dont elle ne fut pas aussi satisfaite, se retourna vers lui comme vers l’ange de merci à qui elle espérait devoir le salut de son frère. On voyait dans ses traits une expression de douceur et de bienveillance qui formait un contraste frappant avec la physionomie impassible des deux autres. Son costume était rigoureusement conforme aux règles du service auquel il appartenait ; mais ses doigts touchaient avec une espèce de mouvement involontaire et presque convulsif le crêpe qui entourait la poignée du sabre sur lequel il s’appuyait, et qui, comme

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