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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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seront exposées ?
    – Vous m’oubliez donc ! s’écria miss Peyton frémissant à la seule pensée d’un mariage célébré en de pareilles circonstances.
    – Non, ma chère tante, je ne vous oublie pas, et je ne vous oublierai que lorsque la mort aura éteint tous mes souvenirs ; mais vous ne réfléchissez pas au temps où vous vivez et aux dangers qui vous environnent. La bonne femme à qui cette ferme appartient a déjà envoyé chercher un ministre de la religion pour adoucir mon passage dans un autre monde. Frances, si vous désirez que je meure en paix…, si vous voulez que je jouisse d’une sécurité qui me permette de consacrer au ciel mes dernières pensées, consentez qu’il vous unisse sur-le-champ à Dunwoodie.
    Frances secoua la tête et garda le silence.
    – Je ne vous demande pas de transports de joie, de démonstrations d’un bonheur que vous n’éprouvez pas, que vous ne pouvez éprouver d’ici à quelques mois ; mais obtenez le droit de porter un nom respecté ; donnez-lui le droit incontestable de vous protéger.
    Sa sœur ne lui répondit encore que par un geste négatif.
    – Pour l’amour de cette infortunée, dit Henry en montrant Sara, pour l’amour de vous… pour l’amour de moi… ma sœur !…
    – Paix, Henry ! paix, ou vous me briserez le cœur ! s’écria Frances vivement agitée. Pour le monde entier je ne prononcerais pas en ce moment le vœu solennel que vous exigez de moi. Je me le reprocherais toute ma vie.
    – Vous ne l’aimez donc pas ? lui dit son frère d’un ton de reproche. En ce cas je cesse de vous importuner pour que vous fassiez ce qui est contraire à votre inclination.
    Frances leva une main pour cacher sa rougeur, et tendit l’autre à Dunwoodie, en disant à son frère avec vivacité :
    – Maintenant vous êtes injuste envers-moi, comme vous l’étiez tout à l’heure envers vous-même.
    – Promettez-moi donc, dit le capitaine Wharton après quelques instants de réflexion, que, dès que vous pourrez songer à moi sans trop d’amertume, vous unirez votre sort pour toute la vie à celui de mon ami. Je me contenterai de cette promesse.
    – Je vous le promets, répondit Frances en retirant la main que Dunwoodie tenait entre les siennes, et qu’il eut la délicatesse de laisser échapper sans même y appuyer ses lèvres.
    – Fort bien, dit Henry. Et maintenant, ma bonne tante, voulez-vous bien me laisser quelques instants seul avec mon ami ? J’ai quelques tristes instructions à lui donner, et je voudrais vous éviter à toutes le chagrin de les entendre.
    – Il est encore temps de voir Washington, dit miss Peyton en se levant avec un air de grande dignité. J’irai moi-même le trouver. Bien sûrement il ne refusera pas d’entendre une femme née dans la même colonie que lui. D’ailleurs il y a eu des alliances entre sa famille et la mienne.
    – Et pourquoi ne pas nous adresser à M. Harper ? dit Frances se rappelant les derniers mots que celui-ci avait prononcés en partant des Sauterelles.
    – Harper ! répéta Dunwoodie en se tournant vers elle avec la rapidité de l’éclair. Que dites-vous de M. Harper ? Le connaissez-vous ?
    – Tout cela est inutile, dit Henry en tirant son ami à part. Frances cherche quelque motif d’espoir avec toute la tendresse d’une sœur. Retirez-vous, ma chère, et laissez-moi avec mon ami.
    Mais Frances voyait dans les yeux de Dunwoodie une expression qui l’enchaînait sur la place, et après avoir lutté contre sont émotion, elle lui répondit :
    – Il a passé deux jours avec nous ; à peine venait-il de partir quand Henry a été arrêté.
    – Et… et… le connaissiez-vous ?
    – Non, dit Frances reprenant un peu de confiance en voyant l’air d’intérêt avec lequel son amant écoutait cette explication ; nous ne le connaissons pas. Il arriva pendant la nuit pour demander un abri contre un orage terrible, et il resta jusqu’à ce qu’il fût terminé ; c’était un étranger pour nous, mais il parut prendre intérêt à Henry, et il lui promit son amitié.
    – Quoi ! s’écria le major, il a vu votre frère ?
    – Certainement. Ce fut même lui qui l’engagea à quitter son déguisement.
    – Mais, dit Dunwoodie, pâlissant d’inquiétude, il ignorait qu’il fût officier dans l’armée royale ?
    – Il le savait, s’écria miss Peyton ; il lui parla même du danger qu’il courait.
    Dunwoodie reprit la fatale sentence, qui,

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