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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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sauveur du pays : ce n’est qu’un tyran sans merci et sans pitié. Oh ! Dunwoodie, quelle fausse opinion de lui vous m’aviez donnée !
    – Paix ! ma chère Frances, paix ! s’écria son amant. Pour l’amour du ciel, ne tenez pas un pareil langage ! il n’est que le gardien des lois.
    – Vous dites la vérité, Dunwoodie, reprit Henry commençant à se remettre du choc qu’il avait éprouvé en voyant s’éteindre son dernier rayon d’espérance, et en se levant pour s’approcher de son père ; moi-même, qui dois souffrir de sa sévérité, je ne le blâme pas. On m’a accordé toute l’indulgence que je pouvais demander ; et sur le bord du tombeau, je ne puis continuer à être injuste. Dans un moment comme celui-ci, avec un exemple si récent du danger que la trahison peut occasionner à la cause qu’il a embrassée, je ne suis pas surpris que Washington montre une sévérité inflexible. Il ne me reste plus qu’à me préparer au sort inévitable qui m’attend. Major Dunwoodie, c’est à vous que j’adresserai ma première demande.
    – Parlez, Henry, parlez.
    – Devenez un fils pour ce vieillard, protégez sa faiblesse, défendez-le contre les persécutions auxquelles ma condamnation pourra l’exposer. Il n’a pas beaucoup d’amis parmi ceux qui gouvernent maintenant ce pays, qu’il en trouve un en vous. M’en faites-vous la promesse ?
    – Sur mon honneur, murmura Dunwoodie pouvant à peine parler.
    – Et cette infortunée, continua Henry en montrant Sara qui était assise dans un coin de la chambre dans un état de sombre rêverie, et la rougeur de l’indignation se peignant un instant sur ses joues pâles, j’avais conçu le projet de la venger ; mais je sens que de telles idées sont criminelles. Oui, je sens que j’avais tort. Mais qu’elle trouve en vous un frère, Dunwoodie.
    – Je lui en servirai, répondit le major d’une voix entrecoupée de sanglots.
    – Ma bonne tante a déjà des droits sur votre affection ; je ne vous parle donc pas d’elle ; mais ma sœur, ma sœur chérie, dit Henry en prenant la main de Frances et en jetant sur elle un regard d’affection vraiment fraternelle : que j’aie avant de mourir la consolation de joindre sa main à la vôtre, et d’assurer un protecteur à son innocence et à sa vertu.
    Dunwoodie ne fut pas maître de réprimer le mouvement qui lui fit avancer la main pour recevoir celle que son ami lui offrait ; mais Frances, reculant et cachant ses joues brûlantes sur le sein de sa tante, s’écria :
    – Non ! non ! non ! jamais je n’appartiendrai à quiconque aura contribué à la perte de mon frère !
    Henry fixa un instant sur elle des yeux pleins de tendresse, et reprit un discours que chacun sentait lui être inspiré par son cœur.
    – Je me suis donc trompé, Dunwoodie, lui dit-il ; je m’étais imaginé que votre mérite, votre dévouement à la cause qui vous a paru la plus juste, vos attentions pour mon père quand il a été arrêté, votre amitié pour moi, votre caractère, en un mot, avaient fait quelque impression sur ma sœur.
    – Cela est vrai ! cela est vrai ! s’écria Frances en rougissant et en continuant à se cacher le visage.
    – Je crois, mon cher Henry, dit Dunwoodie, que ce sujet n’est pas ce qui doit nous occuper dans de pareils instants.
    – Vous oubliez que les miens sont comptés, répondit Henry avec un faible sourire, et qu’il me reste encore bien des choses à faire.
    – Je crois, continua le major, le visage en feu, que miss Wharton a conçu de moi certaines idées qui lui rendraient désagréable de consentir à ce que vous proposez… des idées dont il n’est plus possible à présent de la désabuser.
    – Non ! non ! s’écria Frances avec vivacité ; vous êtes justifié, Peyton ; elle a dissipé tous mes doutes à l’instant même de sa mort.
    – Généreuse Isabelle ! murmura Dunwoodie avec un transport de joie momentané. Mais cependant, Henry, épargnez votre sœur dans un tel moment ; moi-même, épargnez-moi.
    – Mais moi, je ne puis m’épargner, répondit Henry en tirant doucement sa sœur des bras de sa tante. Est-ce dans un temps comme celui-ci qu’on peut laisser sans protecteur deux jeunes filles si aimables ? Leur maison est détruite… Le chagrin, ajouta-t-il en jetant un regard sur son père, leur enlèvera bientôt leur dernier parent… Puis-je mourir en paix en prévoyant les dangers auxquels elles

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