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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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se frire lui-même.
    – Faites-moi grâce de toutes les fadaises du sergent de Singleton, monsieur Mason, s’écria Dunwoodie avec impatience ; qu’il apprenne à attendre les ordres de ses chefs.
    – Je vous demande pardon en son nom, major Dunwoodie, mais il était dans l’erreur ainsi que moi. Nous pensions tous deux que les ordres du général Heath étaient d’attaquer et de harceler l’ennemi toutes les fois qu’il oserait se montrer hors de son nid.
    – Ne vous oubliez pas, lieutenant Mason, dit le major d’un ton sévère, ou je pourrais avoir à vous apprendre que c’est de moi que vous avez à recevoir des ordres.
    – Je le sais, major Dunwoodie, je le sais, répondit Mason en le regardant avec un air de reproche, et je suis fâché que vous ayez assez mauvaise mémoire pour avoir oublié que jamais je n’ai hésité à y obéir.
    – Pardon, Mason, s’écria Dunwoodie en lui prenant les deux mains ; je vous connais comme un officier aussi obéissant que brave. Oubliez cet instant d’humeur. C’est cette malheureuse affaire… Avez-vous jamais eu un ami ?
    – Allons, allons, major, pardonnez-moi et excusez mon zèle. Je connaissais les ordres, et je craignais que quelque blâme pût retomber sur mon commandant. Restons. Qu’on ose prononcer un seul mot contre le corps, et chaque sabre sortira de lui-même de son fourreau. D’ailleurs ces Anglais marchent encore en avant, et il y a loin de Creton à Kingsbridge. Quoi qu’il puisse arriver, je vois clairement que nous aurons encore le temps de leur tailler des croupières avant qu’ils aient regagné leur gîte.
    – Oh ! que ce courrier n’est-il revenu du quartier-général ! s’écria Dunwoodie. Cet état d’incertitude est insupportable.
    – Vos vœux sont comblés, dit Mason ; le voici qui arrive, et il court comme un porteur de bonnes nouvelles. Dieu veuille que cela soit, car moi-même je ne puis dire que j’aimerais à voir un jeune et brave militaire danser sans rien avoir sous les pieds.
    Dunwoodie n’entendit que peu de choses de cette déclaration sentimentale, car avant que Mason en eût prononcé la moitié, il avait sauté par-dessus la haie pour joindre plus tôt le messager.
    – Quelles nouvelles ? s’écria-t-il à l’instant où le cavalier arrêtait son cheval.
    – Bonnes, répondit le soldat, et n’hésitant pas à remettre ses dépêches à un officier aussi bien connu que le major il ajouta en les lui présentant : – Voici la lettre, Monsieur, vous pouvez la lire.
    Dunwoodie, sans se donner le temps de l’ouvrir, courut avec le pas leste de la jeunesse et de la joie vers la chambre du prisonnier. Le factionnaire le connaissait et le laissa entrer sans difficulté.
    – Ô Peyton ! s’écria Frances en le voyant arriver, vous avez l’air d’un envoyé descendu du ciel. Nous apportez-vous des nouvelles de merci ?
    – Les voici, Frances ; les voici, Henry ; les voici, ma chère cousine Peyton ! s’écria le major en rompant d’une main tremblante le cachet de la lettre : voici les dépêches adressées au capitaine de la garde. – Écoutez.
    Tous écoutèrent avec la plus vive attention ; tous les cœurs s’étaient ouverts à l’espérance, mais ce ne fut que pour recevoir un coup plus terrible, quand la joie qui brillait dans les yeux du major Dunwoodie fit place à la consternation la plus profonde. La lettre ne contenait que la sentence rendue contre Henry, au bas de laquelle étaient écrits ces mots :
    « Approuvé,
    « GEORGE WASHINGTON. »
    – Il est perdu ! il est perdu ! s’écria Frances avec le cri perçant du désespoir, en se jetant dans les bras de sa tante.
    – Mon fils ! mon fils ! s’écria le père en sanglotant ; vous trouverez justice et merci dans le ciel, s’il n’en est plus sur la terre. Puisse Washington n’avoir jamais besoin de la compassion qu’il refuse à l’innocence.
    – Washington ! répéta Dunwoodie en tournant autour de lui des yeux égarés. Mais oui, c’est son écriture ; sa signature sanctionne cette terrible sentence !
    – Homme cruel ! dit miss Peyton : comme l’habitude du sang doit avoir changé son caractère !
    – N’en croyez rien ! s’écria Dunwoodie ; ce n’est pas l’homme qui agit ici, c’est le général d’armée. Je garantirais sur ma vie qu’il gémit du coup qu’il se croit obligé de frapper.
    – Comme il m’a trompée ! dit Frances ; je croyais voir en lui le

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