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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’inquiétude, mais je retournerai cette nuit au camp, et j’en rapporterai un sursis pour Henry.
    – Mais Washington, dit miss Peyton, l’avez-vous vu ? Dunwoodie la regarda d’un air distrait. Elle répéta sa question. Il lui répondit d’un ton grave et avec quelque réserve :
    – Le commandant en chef avait quitté le quartier-général.
    – Mais, Peyton, s’écria Frances avec une nouvelle terreur, s’ils ne se voient pas, il sera trop tard : Harper seul ne peut nous suffire.
    Son amant leva lentement les yeux sur ses traits inquiets, et après les y avoir laissés reposer quelques instants, il ajouta d’un air pensif :
    – Ne m’avez-vous pas dit qu’il a promis sa protection à Henry ?
    – Certainement, sans y être sollicité, et pour prouver sa reconnaissance de l’hospitalité qu’il avait reçue chez mon père.
    Dunwoodie secoua la tête, et prit un air extrêmement grave.
    – Je n’aime pas ce mot – hospitalité. – Il me semble froid. Il faut quelque raison plus forte pour influer sur Harper, et je tremble qu’il n’y ait quelque méprise. Répétez-moi tout ce qui s’est passé.
    Frances s’empressa de le satisfaire. Elle lui raconta particulièrement la manière dont M. Harper était arrivé aux Sauterelles, l’accueil qu’il avait reçu, et tous les événements qui s’y étaient passés aussi exactement que sa mémoire put les lui rappeler. Lorsqu’elle parla de la conversation qui avait eu lieu entre M. Wharton et son hôte, le major sourit, mais il garda le silence. Elle entra alors dans le détail de l’arrivée de Henry et de tous les incidents de la seconde journée. Elle appuya sur la manière dont Harper avait engagé Henry à quitter son déguisement, et rapporta avec une exactitude merveilleuse les observations que leur hôte avait faites sur les dangers auxquels la démarche de son frère pouvait l’exposer. Elle cita même les paroles remarquables qu’il avait adressées à Henry, en lui disant qu’il pouvait être heureux pour lui qu’il fût instruit de sa visite et du motif qui l’avait occasionnée. Elle parla aussi, avec toute la chaleur de la jeunesse, de la bienveillance qu’il lui avait témoignée, en lui faisant une relation détaillée des adieux qu’il avait faits à toute la famille.
    Dunwoodie l’écouta d’abord avec une grave attention. À mesure qu’elle avançait dans son récit, ses traits prenaient un air de satisfaction. Il sourit lorsqu’elle fit allusion à la bonté paternelle avec laquelle Harper lui avait parlé ; et lorsqu’elle eut terminé son récit, il s’écria avec transport :
    – Nous sommes sauvés ! nous sommes sauvés !
    Mais il fut interrompu, comme on le verra dans le chapitre suivant.

CHAPITRE XXVIII
    Le hibou aime l’ombre de la nuit ; l’alouette salue le point du jour ; la timide colombe roucoule sous la main ; mais le faucon prend son essor au plus haut des airs.
    Duo.
    Dans un pays peuplé par les victimes de la persécution qui abandonnèrent leurs foyers domestiques par des principes de conscience, on ne se dispense pas, quand les circonstances le permettent, des solennités religieuses dont il est d’usage que la mort d’un chrétien soit accompagnée. La bonne femme, maîtresse de la ferme dans laquelle Henry était détenu, était stricte observatrice de toutes les formes de l’église dont elle faisait partie ; et ayant elle même puisé le sentiment de sa dignité dans les exhortations du ministre qui haranguait les habitants de la paroisse voisine, elle pensait que ses saintes paroles pouvaient seules mettre à profit le court espace de temps que Henry Wharton avait encore à vivre, de manière à le faire entrer dans le port du salut. Ce n’était pas que la bonne matrone ignorât assez les doctrines de la religion qu’elle professait pour croire en théorie que le secours d’un homme fût indispensable pour ouvrir les portes du ciel ; mais elle avait entendu si longtemps les prédications d’un bon ministre, qu’elle s’était pénétrée, sans le savoir, d’une confiance pratique en ses moyens pour obtenir ce qui ne peut venir que de la Divinité même, comme sa foi aurait dû le lui apprendre. Elle n’envisageait la mort qu’avec terreur, et dès qu’elle avait appris la sentence rendue contre le prisonnier, elle avait fait partir César, monté sur le meilleur des chevaux de son mari, pour aller chercher ce guide spirituel. Elle avait fait cette

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