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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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démarche sans consulter ni Henry ni ses parents, et ce ne fut que lorsqu’on eut besoin des services du nègre qu’elle fit connaître le motif de son absence. Le jeune officier éprouva d’abord une répugnance invincible à admettre près de lui un tel consolateur spirituel ; mais, à mesure que l’intérêt qu’on prend aux choses de ce monde commence à s’affaiblir, les habitudes et les préjugés cessent de conserver leur influence, et un salut silencieux exprima ses remerciements des soins de la bonne femme, et son consentement à en profiter.
    Le nègre revint bientôt de son expédition, et autant qu’on put tirer une conclusion de sa relation décousue et peu intelligible, il parut certain qu’on pouvait attendre un ministre de l’église avant la fin de la journée. L’interruption dont nous avons parlé dans le chapitre précédent fut occasionnée par l’arrivée de la fermière dans la chambre qui précédait celle de Henry. À la demande de Dunwoodie, des ordres avaient été donnés au factionnaire qui gardait la porte de ce dernier appartement, d’y laisser entrer en tout temps les membres de la famille du prisonnier, et César, comme étant à leur service, avait la même permission ; mais il était strictement enjoint de ne laisser arriver jusqu’à lui aucune autre personne, sans un ordre spécial, qui ne devait être accordé qu’après un mûr examen. Dunwoodie se trouvait inclus dans le nombre des parents de Henry, et il avait donné sa parole au nom de tous qu’ils ne feraient aucune tentative pour favoriser son évasion. Une courte conversation se passait entre la fermière et le sergent de garde devant la porte, que le factionnaire avait déjà entr’ouverte par anticipation.
    – Voudriez-vous priver des consolations de la religion un de vos semblables prêt à subir la mort ? disait la bonne femme avec un zèle ardent. Voudriez-vous plonger une âme dans la fournaise des flammes, quand un ministre arrive pour le guider dans le sentier droit et étroit ?
    – Écoutez-moi, bonne femme, répondit le caporal en la repoussant avec douceur : je n’ai pas envie que mon dos devienne une échelle pour monter au ciel. J’ai ma consigne, et je ferais une jolie figure au piquet, si je m’avisais d’y contrevenir. Allez demander un ordre au lieutenant Mason, et amenez ensuite toute votre congrégation si bon vous semble. Il n’y a pas une heure que nous avons relevé l’infanterie, et je ne me soucie pas qu’on dise que nous ne connaissons pas notre devoir aussi bien que des miliciens.
    – Laissez entrer cette femme, dit Dunwoodie en se présentant à la porte, remarquant pour la première fois que ce poste avait été confié à la garde de son propre corps.
    Le caporal porta la main à son front et se retira ; le factionnaire présenta les armes au major, et la fermière entra dans la chambre.
    – Il y a en bas, dit-elle, un digne ministre arrivé pour adoucir le départ de cette âme, en place du révérend M. ***, qui n’a pu venir, attendu qu’il doit enterrer ce soir le vieux M. ***.
    – Faites-le monter, dit Henry avec impatience. Mais le laissera-t-on entrer ? Je ne voudrais pas qu’un étranger, un ami de notre digne ministre, reçût un affront à la porte.
    Tous les yeux se tournèrent vers Dunwoodie, qui, regardant à sa montre, dit quelques mots à Henry à demi-voix, et sortit de l’appartement, suivi par Frances. Le sujet de leur conversation fut le désir qu’avait témoigné le prisonnier de voir un ministre de l’église anglicane, et le major promit d’en envoyer un de Fishkill, où il devait passer pour trouver Harper à son retour par le bac. Mason parut bientôt à la porte ; la fermière lui réitéra sa demande, il y consentit sans difficulté, et en conséquence elle alla chercher le ministre.
    Le personnage qui fut alors introduit dans la chambre précédé par César, dont la figure avait une gravité imposante, et suivi par la matrone, laquelle paraissait prendre un vif intérêt à cette entrevue, avait passé le moyen âge de la vie. Il était d’une taille plus qu’ordinaire, quoique son excessive maigreur pût contribuer à le faire paraître plus grand qu’il ne l’était. Sa physionomie dure et sévère semblait impassible, et aucun de ses muscles ne paraissait doué de mouvement. Le plaisir et la joie paraissaient avoir toujours été étrangers à ses traits austères, et qui n’annonçaient que la haine des

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