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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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frère. Il faut qu’il redevienne prisonnier, mais chaque cheveu de sa tête est sacré.
    – Arrêtez, Dunwoodie, je vous en conjure, s’écria Frances respirant à peine en examinant l’aiguille de la pendule ; avant de partir pour vous acquitter de ce devoir qui vous tient tant à cœur, lisez ce billet que Henry a laissé pour vous, et qu’il croyait sans doute écrire à l’ami de sa jeunesse.
    – J’excuse votre sensibilité, Frances ; mais il viendra un temps où vous me rendrez justice.
    – Ce temps est déjà arrivé, lui répondit-elle en lui tendant la main, ne pouvant affecter plus longtemps un mécontentement qu’elle n’éprouvait pas.
    – Où avez-vous trouvé ce billet ? s’écria le major en parcourant des yeux le contenu. Pauvre Henry ! oui, vous êtes véritablement mon ami. Si quelqu’un désire me voir heureux, c’est vous.
    – Sans doute, sans doute, s’écria vivement Frances : il ne souhaite que votre bonheur ; croyez ce qu’il vous dit ; il ne s’y trouve pas un mot qui ne soit vrai.
    – Je le crois, chère Frances ; mais c’est à vous à confirmer ce qu’il m’écrit. Plût au ciel que je pusse également compter sur votre affection.
    – Vous le pouvez, Peyton, répondit Frances en regardant son amant avec la candeur de l’innocence.
    – En ce cas, lisez vous-même, et prouvez-moi que vous venez de dire la vérité, s’écria Dunwoodie en lui présentant le billet.
    Frances prit le billet, et lut avec surprise ce qui suit :
    « La vie est trop précieuse pour la confier à des espérances incertaines. Je vous quitte, Dunwoodie ; César est le seul confident de ma fuite, et je le recommande à votre merci. Mais une cruelle inquiétude me dévore. Songez à un père âgé et infirme, à qui l’on va reprocher le crime supposé de son fils ; songez à deux sœurs que je laisse sans protection. Prouvez-moi que vous nous aimez tous. Que le ministre que vous devez ramener vous unisse à Frances cette nuit même, et que ma famille trouve en vous un fils, un frère et un époux. »
    La lettre tomba des mains de Frances. Elle voulut lever les yeux sur Dunwoodie, mais elle les baissa en rencontrant ses regards passionnés.
    – Que dites-vous ? lui demanda le major avec tendresse ; suis-je digne de cette confiance ? Voulez-vous que ce soit un frère qui se mette cette nuit à la recherche du vôtre, ou sera-ce un officier du congrès qui va poursuivre un officier anglais ?
    – Feriez-vous moins votre devoir parce que je serais votre femme, major Dunwoodie ? En quoi la situation de Henry en deviendrait-elle moins dangereuse ?
    – Je vous répète que Henry est en sûreté. La parole que lui a donnée Harper est sa garantie. Mais je ferai voir au monde, dit le jeune officier se trompant peut-être un peu lui-même, un nouveau mari qui a la force d’arrêter le frère de sa femme.
    – Et le monde comprendra-t-il tout cela ? dit Frances avec un air d’indécision qui fit naître mille espérances dans le sein du major. Dans le fait la tentation était forte. Elle ne voyait aucun autre moyen de retenir Dunwoodie jusqu’à ce que l’heure fatale fût écoulée. Ce que lui avait dit Harper tout récemment, qu’il ne pouvait faire ouvertement que bien peu de chose pour Henry, et que tout dépendait du temps, était profondément gravé dans sa mémoire. Peut-être aussi pensait-elle involontairement qu’il était possible qu’une barrière éternelle s’élevât entre elle et son amant, s’il arrêtait son frère et que la sentence fût exécutée. Il est difficile d’analyser toutes les hésitations du cœur de l’homme, encore plus celles du cœur de la femme.
    – Pourquoi tarder, chère Frances ? s’écria Dunwoodie qui suivait sur les traits expressifs de sa maîtresse tous les mouvements de son âme ; quelques minutes peuvent me donner les droits d’un époux pour vous protéger.
    Frances tremblante jeta un regard inquiet sur la pendule, dont les aiguilles semblaient marcher avec une lenteur inconcevable, comme pour la mettre plus longtemps à la torture.
    – Parlez, Frances, dit le major. Puis-je appeler notre bonne parente ? Décidez-vous, le temps presse.
    Frances s’efforça de lui répondre, mais elle ne put que murmurer quelques sons inarticulés, que son amant, d’après un privilège qui date d’un temps immémorial, interpréta comme un consentement. Il se précipita vers la porte, et il allait sortir quand

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