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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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contrée sont mes enfants. Adieu, recevez la bénédiction d’un soldat qui espère vous revoir dans un temps plus heureux.
    En parlant ainsi, il lui étendit une main sur la tête avec un air religieux et solennel qui toucha Frances jusqu’au fond du cœur. Elle leva les yeux sur lui, et ce mouvement de tête ayant encore fait retomber son capuchon sur ses épaules, la lune éclaira ses traits aimables. Des larmes brillaient sur ses joues, et ses yeux bleus pleins de douceur jetaient un regard de respect sur son conducteur. Harper se baissa, imprima sur son front un baiser paternel, et ajouta :
    – Tous ces sentiers vous conduiront dans la plaine ; mais il faut que nous nous séparions ici. J’ai beaucoup à faire et loin à aller. Adieu, ne vous souvenez de moi que dans vos prières.
    Il monta à cheval, et salua Frances en ôtant son chapeau avec une politesse pleine de grâce ; il descendit par le revers de la montagne, et disparut bientôt au milieu des arbres. Frances partit légèrement, le cœur bien soulagé, et prenant le premier sentier qui descendait vers la plaine, elle y arriva bientôt sans avoir couru aucun danger. Tandis qu’elle traversait les prairies qui conduisaient à la ferme, un bruit occasionné par l’approche de quelques cavaliers l’effraya tout à coup, et elle sentit que, dans certaines situations, l’homme est bien plus à craindre que la solitude. S’étant cachée à l’ombre d’une haie voisine de la route, elle y resta en silence pour attendre qu’ils fussent passés, et elle vit s’avancer au grand trot un petit détachement de dragons dont l’uniforme n’était pas le même que celui des dragons de Virginie. Ils étaient suivis par un homme enveloppé d’un grand manteau, et en qui elle reconnut sur-le-champ M. Harper. Derrière lui était un nègre en livrée, et deux jeunes gens en uniforme fermaient la marche. Au lieu de prendre la route qui conduisait au camp du régiment de milice, ils tournèrent tout à coup sur la gauche, et entrèrent dans les montagnes.
    S’épuisant en conjectures pour deviner qui pouvait être cet ami puissant et inconnu de son frère, Frances se remit en marche, s’approcha de la ferme avec précaution, et y rentra sans accident, et sans avoir été aperçue.

CHAPITRE XXXI
 
    Loin d’ici, timides subterfuges ! inspire-moi, sainte et franche innocence ! – Je suis votre femme si vous voulez m’épouser.
    SHAKESPEARE.
    En rejoignant miss Peyton, Frances apprit que Dunwoodie n’était pas encore de retour. Cependant, pour délivrer Henry des importunités du prétendu fanatique qu’il avait laissé avec lui, il lui avait envoyé un respectable ministre de l’Église anglicane qui était arrivé depuis une demi-heure, et qui avait passé ce temps à converser avec la bonne tante en homme sensé et bien élevé ; mais cet entretien n’avait nullement roulé sur les affaires domestiques de la famille.
    Miss Peyton ne manqua pas de demander avec empressement à sa nièce si elle avait réussi dans son excursion romanesque. Tout ce que put dire Frances, fut qu’elle avait promis le silence, et elle recommanda la même précaution à sa tante. Le sourire qui embellissait encore sa jolie bouche, tandis qu’elle parlait ainsi, suffit pour faire entendre à miss Peyton que tout allait au mieux. Elle pressait sa nièce de prendre quelques rafraîchissements après avoir essuyé une fatigue à laquelle elle n’était nullement habituée, quand le bruit que fit un cheval en s’arrêtant à la porte annonça l’arrivée du major. Le courrier que Mason lui avait dépêché l’avait trouvé au passage du bac, attendant avec impatience le retour de M. Harper, et il en était parti sur-le-champ pour retourner à l’endroit où son ami avait été détenu, tourmenté par une foule de réflexions. Le cœur de Frances battit vivement quand elle entendit le bruit de ses pas sur l’escalier. Deux heures étaient nécessaires à la sûreté de Henry, le colporteur l’avait déclaré. Harper lui-même, quelque bien intentionné qu’il fût, quelque puissant qu’il se fût avoué, avait insisté sur l’importance dont il était d’empêcher que les dragons ne poursuivissent Henry avant ce temps si court. Cependant Frances avait à peine recueilli ses idées que Dunwoodie entrait par une porte, tandis que miss Peyton sortait par une autre.
    Le teint du major était animé, et il avait l’air mécontent, piqué et

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