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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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battre ? Est-ce que les royalistes nous font plus de grâce ? Demandez au capitaine Lawton si le pays pourrait être libre sans des coups de sabre bien appliqués. Je ne voudrais, ma foi, pas que nos soldats déshonorassent ainsi le whiskey qu’on leur donne.
    – On ne peut exiger qu’une femme ignorante comme vous, mistress Flanagan, répliqua le docteur avec un air de mépris ineffable, raisonne scientifiquement sur des matières qui sont du ressort de la chirurgie ; et je crois que le maniement du sabre ne vous est pas moins étranger. Ainsi toute discussion sur l’usage judicieux de cette arme ne peut vous être utile ni en théorie ni en pratique.
    – Ce n’est pas que je m’inquiète de toutes ces sornettes, répondit Betty en laissant retomber sa tête sur sa barrique ; mais une bataille n’est pas un jeu d’enfants, et tout coup est bon pourvu qu’il tombe sur un ennemi.
    – Croyez-vous que la journée sera chaude, capitaine ? demanda Sitgreaves à Lawton, en tournant le dos à la vivandière avec un souverain mépris.
    – Cela est plus que probable, répondit le capitaine d’une voix qui fit tressaillir le docteur ; il est rare que le sang ne coule pas à grands flots sur le champ de bataille quand on y amène des miliciens lâches et ignorants, et le bon soldat souffre de leur mauvaise conduite.
    – Éprouvez-vous quelque malaise, Lawton ? lui demanda Sitgreaves ; et lui passant la main sur le bras, il la glissa doucement jusqu’à la veine, dont le battement ferme et égal n’indiquait pourtant aucune indisposition morale ou physique.
    – Oui, Archibald, répondit Lawton, un grand malaise. J’ai le cœur serré quand je pense à la folie de nos chefs qui s’imaginent qu’on peut livrer des batailles et remporter des victoires avec des drôles qui manient un mousquet comme ils manieraient un fléau ; qui ferment les yeux de peur quand ils tirent un coup de fusil, et qui se rangent en zigzag quand on leur ordonne de former la ligne. La confiance que nous mettons en eux nous coûte le sang le plus pur du pays.
    Sitgreaves fut extrêmement surpris de cette philippique, non pour le fond, mais pour la forme. À l’instant d’une bataille, Lawton montrait toujours une ardeur et une vivacité qui contrastaient avec son sang-froid ordinaire en tout autre moment : mais il y avait alors un ton d’abattement dans sa voix, un air d’insouciance dans toutes ses manières qui ne s’accordaient nullement avec son caractère habituel. Le docteur hésita un instant pour réfléchir comment il pourrait profiter de ce changement pour lui faire adopter son système favori, et enfin il continua ainsi qu’il suit :
    – Je crois, mon cher Lawton, qu’il serait à propos de recommander au colonel de faire tirer ses gens d’un peu loin. Vous savez que, pour mettre un ennemi hors de combat, une balle presque épuisée peut…
    – Non ! non ! s’écria le capitaine avec impatience, que les drôles se brûlent la moustache à l’amorce des mousquets des ennemis, l’on peut les faire aller jusque là ; mais en voilà bien assez sur ce sujet. Dites-moi, Archibald, croyez-vous que cette lune soit un monde comme celui-ci, qu’elle contienne des créatures semblables à nous ?
    – Rien n’est plus probable. Nous en connaissons la grandeur, et en raisonnant par analogie, nous pouvons former cette conjecture. Mais ceux qui l’habitent ont-ils acquis cette perfection dans les sciences à laquelle nous sommes arrivés, c’est ce qui dépend beaucoup de l’état de la société, et un peu des influences physiques.
    – Je me soucie peu de leur science, Archibald ; mais quel pouvoir admirable que celui qui a créé tous ces mondes, et qui a prescrit leur marche ! Je ne sais pourquoi j’éprouve un sentiment de mélancolie en contemplant ce bel astre dont les tâches sont, à ce que vous pensez, des mers et des montagnes. Il semble destiné à offrir aux âmes un lieu de repos, lorsqu’elles s’élèvent vers le firmament.
    – Buvez un coup, mon bijou, dit Betty en soulevant la tête et en lui passant sa bouteille ; c’est le froid de la nuit qui vous glace le sang, et puis une conférence avec cette maudite milice ne peut plaire à un dragon de Virginie. Buvez un coup, vous dis-je, et vous dormirez jusqu’au jour. J’ai donné moi-même à Roanoke sa provende, car j’ai pensé qu’il aura de l’ouvrage ce matin.
    – Que le ciel offre un spectacle glorieux ! continua

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