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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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étaient couvertes.
    Il n’arriva rien d’important pendant le reste du jour ; mais dans la soirée César rapporta qu’il avait entendu des voix causant d’un ton très-bas dans la chambre de M. Harper. L’appartement occupé par le voyageur était situé dans une des deux petites ailes à l’extrémité de la maison, et il paraît que César avait établi un système régulier d’espionnage, pour veiller à la sûreté de son jeune maître. Cette nouvelle répandit quelque alarme dans la famille de M. Wharton ; mais l’arrivée de M. Harper avec son air de bienveillance et de sincérité, malgré sa réserve habituelle, bannit bientôt le soupçon de tous les cœurs, à l’exception de celui de M. Wharton. Ses enfants et sa sœur crurent que César s’était trompé, et la soirée se passa sans autre sujet d’inquiétude.
    Dans la soirée du lendemain, comme on venait de se réunir pour prendre le thé que miss Peyton préparait dans la salle à manger, un changement s’opéra dans l’atmosphère. Les légers nuages qu’on voyait flotter à peu de distance sur la cime des montagnes, commencèrent à courir vers l’est avec une rapidité surprenante. La pluie continuait à battre avec une force incroyable contre les fenêtres de la maison donnant sur le levant, et le ciel était sombre du côté de l’ouest. Frances regardait cette scène avec le désir naturel à la jeunesse de voir se terminer une détention de deux jours, quand tout à coup l’orage se calma comme par un effet magique. Les vents impétueux s’étaient tus, la pluie avait cessé, et elle vit avec transport un rayon de soleil brillant sur un bois voisin. Les feuilles humides, empreintes des belles teintes d’octobre, réfléchissaient toute la magnificence d’un automne d’Amérique. La famille courut à l’instant sur une grande terrasse donnant sur le sud. L’air était doux, frais et embaumée. Du côté de l’est on voyait encore accumulés d’épais nuages semblables aux masses d’une armée qui se retire en bon ordre après une défaite. Des vapeurs condensées, partant de derrière une colline située à quelque distance des Sauterelles, se précipitaient encore vers l’orient avec une rapidité étonnante ; mais, à l’ouest, le soleil brillait dans toute sa splendeur, et paraît la verdure d’un nouvel éclat. De tels moments n’appartiennent qu’au climat de l’Amérique, et l’on en jouit d’autant mieux que le contraste est plus rapide, et qu’on éprouve plus de plaisir en échappant à la fureur des éléments déchaînés pour retrouver la tranquillité d’une soirée paisible, et un air aussi doux et aussi frais que celui des plus belles matinées de juin.
    – Quelle scène magnifique ! dit Harper à demi-voix, oubliant un instant qu’il n’était pas seul. Quel grand et sublime spectacle ! Puissent se terminer ainsi les cruels débats qui déchirent ma patrie ! Puisse un soir de gloire et de bonheur succéder à un jour de souffrance et de calamité !
    Frances, qui était près de lui, fut la seule qui l’entendit ; jetant sur lui un regard à la dérobée, elle le vit la tête nue et les yeux élevés vers le ciel. Ses traits n’offraient plus cette expression paisible et presque mélancolique qui leur était habituelle ; ils semblaient animés par le feu de l’enthousiasme, et un léger coloris était répandu sur ses traits pâles.
    – Un tel homme ne peut nous trahir, pensa-t-elle ; de pareils sentiments ne peuvent appartenir qu’à un être vertueux.
    Chacun se livrait encore à ses réflexions silencieuses, quand on vit venir Harvey Birch, qui avait profité du premier rayon du soleil pour se rendre aux Sauterelles. Il arriva, luttant contre le vent qui soufflait encore avec force, le dos courbé, la tête en avant, les bras faisant le balancier de chaque côté ; il marchait du pas qui lui était ordinaire, du pas leste et allongé d’un marchand qui craint de perdre l’occasion de vendre en arrivant trop tard.
    – Voilà une belle soirée, dit-il en saluant la compagnie sans lever les yeux, une soirée bien douce, bien agréable pour la saison.
    M. Wharton convint de la vérité de cette remarque et lui demanda avec bonté comment se portait son père.
    Harvey entendit la question et garda le silence. Mais M. Wharton la lui ayant faite une seconde fois, il lui répondit d’une voix entrecoupée par un léger tremblement : – Il s’en va grand train. Que

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