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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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faire contre l’âge et le chagrin ?
    Une larme brilla dans ses yeux pendant qu’il prononçait ces paroles ; il se détourna pour l’essuyer avec sa main ; mais ce mouvement de sensibilité n’avait pas échappé à Frances, qui sentit pour la seconde fois que le colporteur s’élevait dans son estime plus qu’il ne l’avait encore fait jusqu’alors.
    La vallée dans laquelle se trouvait l’habitation dite des Sauterelles s’étendait du nord-ouest au sud-est, et la maison étant située à mi-côte d’une colline, une percée, pratiquée en face de la terrasse entre une montagne et des bois, faisait apercevoir la mer dans le lointain {21} . Les vagues, qui naguère venaient se briser avec fureur sur la côte, n’offraient plus que ces ondulations régulières qui succèdent à une tempête, et un vent doux et léger soufflant du sud-ouest contribuait à calmer ce reste d’agitation. Quelques points noirs pouvaient se remarquer sur la surface des ondes, quand une vague les élevait au-dessus du niveau des autres, mais ils disparaissaient quand les flots qui les soutenaient s’abaissaient, et ne redevenaient visibles que quelques instants après. Personne n’y fit attention, excepté le colporteur. Il s’était assis sur la terrasse, à quelque distance de M. Harper, et semblait avoir oublié le motif de sa visite. Cependant ses yeux toujours en mouvement aperçurent bientôt le spectacle que nous venons de décrire, et il se leva avec vivacité, regardant du côté de la mer. Il se débarrassa de la chique qu’il avait dans la bouche, changea de place, jeta rapidement un regard d’inquiétude sur M. Harper, et dit d’un ton expressif :
    – Il faut que les troupes royales soient en marche.
    – Qui peut vous le faire croire ? demanda le capitaine Wharton. Dieu le veuille, au surplus ! Je ne serai pas fâché d’avoir leur escorte.
    – Ces dix grandes barques n’avanceraient pas si vite, répondit Birch, si elles n’avaient un équipage plus nombreux que de coutume.
    – Mais n’est-il pas possible, dit M. Wharton d’un ton d’alarme, que ce soit une division des… des Américains ?
    – Cela m’a l’air d’être des troupes royales, répéta le colporteur, en appuyant sur ces derniers mots.
    – Comment, l’air ! répéta Henry ; on ne peut distinguer que quelques points noirs.
    Harvey ne répondit pas à cette observation ; et semblant se parler à lui-même : – Je vois ce que c’est, dit-il ; ils sont partis avant l’orage, ils ont passé deux jours dans l’île ; la cavalerie de Virginie est en marche, on ne tardera pas à se battre dans les environs.
    Tout en parlant ainsi, il jetait de temps en temps un coup d’œil sur Harper qui semblait à peine l’écouter et qui, sans montrer la moindre émotion, jouissait avec calme et plaisir du changement de l’atmosphère.
    Cependant, lorsque Birch eut cessé de parler, Harper se tourna vers son hôte, et lui dit que ses affaires n’admettant aucun délai inutile, il profiterait de cette belle soirée pour avancer de quelques milles. M. Wharton lui exprima tout le regret qu’il éprouvait d’être si tôt privé de sa société ; mais il connaissait trop bien ses devoirs pour ne pas se prêter au désir qu’avait son hôte de partir et il donna sur-le-champ les ordres nécessaires à ce sujet.
    Cependant l’inquiétude du colporteur augmentait d’une manière qui paraissait inexplicable. Ses yeux se portaient à chaque instant vers l’extrémité de la vallée, comme s’il se fût attendu à quelque interruption de ce côté. Enfin César parut, amenant le noble animal qui devait porter le voyageur, et le colporteur s’empressa de l’aider à en serrer la sangle, et à attacher solidement sur sa croupe une valise et un manteau bleu.
    Tous les préparatifs du départ étant terminés, M. Harper fit ses adieux à ses hôtes. Il prit congé de Sara et de sa tante avec aisance et politesse ; mais quand il s’approcha de Frances, il s’arrêta un instant ; son visage prit une expression de bienveillance plus qu’ordinaire ; ses yeux répétèrent la bénédiction que sa bouche avait déjà prononcée, et la jeune fille sentit la chaleur monter à ses joues et son cœur battre avec plus de rapidité que de coutume quand il lui adressa ses adieux. Il y eut un échange de politesses réciproques entre le voyageur et son hôte ; mais, en offrant sa main avec un air de franchise au capitaine

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