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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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cardinale.
    – Je crois, dit son frère en riant, que l’amour de l’argent est une passion encore plus forte chez lui que l’amour de son roi.
    – En ce cas, dit M. Wharton, vous n’êtes pas en sûreté ; car quel amour peut résister à la tentation qu’offre l’argent à la cupidité ?
    – Oh ! répondit Henry avec gaieté, il y a un amour qui résiste à tout ; n’est-il pas vrai, Frances ?
    – Voici votre lumière, répondit sa sœur décontenancée ; vous retenez votre père au-delà de son heure ordinaire.

CHAPITRE V
    Les yeux bandés, il aurait su quel chemin il devait suivre à travers les sables du Solway et les marécages de Taross. Par d’adroits détours et des bonds hardis, il aurait échappé aux meilleurs limiers de Percy. Il n’y avait aucun gué de l’Eske ou du Liddel qu’il ne pût traverser l’un après l’autre. Il ne s’inquiétait ni du temps, ni de la marée, des neiges de décembre ou des chaleurs de juillet ; il ne s’inquiétait ni de la marée, ni du temps, ni des ténèbres de la nuit, ni du crépuscule du matin.
    SIR WALTER SCOTT.
    Tous les membres de la famille Wharton se couchèrent cette nuit en craignant que quelque accident imprévu ne vînt interrompre leur repos ordinaire. Cette inquiétude empêcha les deux sœurs de goûter un sommeil paisible, et elles se levèrent le lendemain matin fatiguées et presque sans avoir fermé les yeux.
    En jetant les yeux à la hâte et avec empressement d’une fenêtre de leur chambre sur toute la vallée, elles n’y virent pourtant que la sérénité qui y régnait ordinairement. La matinée s’ouvrait avec tout l’éclat de ces beaux jours qui accompagnent la chute des feuilles, et dont le grand nombre rend l’automne en Amérique comparable aux saisons les plus délicieuses des autres pays.
    On n’y connaît pas de printemps ; – la végétation y marche à pas de géant, tandis qu’elle ne fait que ramper sous les mêmes latitudes de l’ancien monde. Mais avec quelle grâce l’été se retire ! septembre, – octobre, – même novembre et décembre, sont des mois délicieux. Quelques orages troublent la sérénité de l’air, mais ils ne sont pas de longue durée, et l’atmosphère reprend bientôt toute sa transparence.
    Comme on n’apercevait rien qui parût devoir interrompre les jouissances et l’harmonie d’un si beau jour, les deux sœurs descendirent de leur chambre en se livrant à de nouvelles espérances pour la sûreté de leur frère, et par conséquent pour leur propre bonheur.
    Toute la famille se réunit de bon matin pour le déjeuner, et miss Peyton, avec un peu de cette précision minutieuse qui se glisse dans les habitudes des personnes non mariées, déclara en plaisantant que l’absence de son neveu ne changerait rien aux heures régulières qu’elle avait établies. En conséquence, on était déjà à table quand le capitaine arriva ; mais le café, auquel on n’avait pas touché, prouvait assez que personne de la famille ne l’avait oublié.
    – Je crois, dit-il en s’asseyant entre ses deux sœurs, et en effleurant de ses lèvres les joues qu’elles lui offraient, que j’ai mieux fait de m’assurer un bon lit et un excellent déjeuner, que de recourir à l’hospitalité de l’illustre corps des Vachers.
    – Si vous avez pu dormir, dit Sara, vous avez été plus heureux que Frances et moi. Le moindre bruit que j’entendais me semblait annoncer l’arrivée des rebelles.
    – Ma foi ! dit le capitaine en riant, j’avoue que je n’ai pas été moi-même tout à fait sans inquiétude. – Et vous, ajouta-t-il en se tournant vers Frances évidemment sa favorite, et en lui donnant un petit coup sur la joue, comment avez-vous passé cette nuit ? Avez-vous vu des bannières dans les nuages ? Les sons de la harpe éolienne de miss Peyton vous ont-ils paru ceux de la musique des rebelles ?
    – Ah ! Henry, répondit Frances en le regardant avec tendresse, quel que soit mon attachement pour ma patrie, rien ne me ferait plus de peine en ce moment que de voir arriver ses troupes.
    Son frère ne répondit rien, mais il lui rendit son regard d’affection fraternelle, et il lui pressait doucement la main en silence quand César, qui avait éprouvé sa bonne part de l’inquiétude de toute la famille, et qui s’était levé avant l’aurore pour surveiller tout ce qui se passait dans les environs, s’écria en regardant par une fenêtre :
    – Fuir !

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