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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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et montra alors à ses yeux un jeune homme bien fait et élégamment vêtu. Le dragon le regarda un instant avec cet air de causticité plaisante qui semblait le caractériser, et lui dit ensuite :
    – C’est un nouveau personnage qui arrive en scène. Vous savez qu’il est d’usage que les étrangers se fassent connaître l’un à l’autre. Je me nomme Lawton, capitaine dans la cavalerie de la Virginie.
    – Et moi, Monsieur, je me nomme Wharton, capitaine dans le 60 e régiment d’infanterie de Sa Majesté Britannique, répondit Henry en le saluant avec une sorte de raideur qui fit place sur le champ à l’air dégagé qui lui était naturel.
    La physionomie de Lawton changea tout à coup, et toute disposition à plaisanter en disparut. Il regarda le jeune officier qui se tenait devant lui, la tête droite et avec cet air de fierté annonçant qu’il dédaignait tout autre déguisement, et il lui dit avec un ton d’intérêt véritable :
    – Capitaine Wharton, je vous plains de toute mon âme.
    – Si vous le plaignez, s’écria le père hors de lui, pourquoi chercher à l’inquiéter ? Ce n’est pas un espion. Il n’est venu ici déguisé que pour voir sa famille. Il n’est pas de sacrifice que je ne sois disposé à faire pour sa sûreté, et je suis prêt à payer telle somme que…
    – Monsieur, dit Lawton avec hauteur, vous oubliez à qui vous parlez. Mais l’intérêt que vous prenez à votre fils est trop naturel pour ne pas vous servir d’excuse. Lorsque vous êtes venu ici, capitaine, ignoriez-vous que les piquets de notre armée étaient dans la Plaine-Blanche ?
    – Je ne l’ai appris qu’en y arrivant, répondit Henry, et il était trop tard pour reculer. Je ne suis venu ici que pour voir mes parents, comme mon père vous l’a dit. On m’avait assuré que vos avant-postes étaient à Peekskill, près des montagnes, sans quoi je n’aurais pas quitté New-York.
    – Tout cela peut être vrai, dit Lawton après un moment de réflexion, mais l’affaire d’André nous a donné l’éveil. Quand des officiers-généraux se chargent d’un pareil rôle, capitaine, les amis de la liberté doivent être sur leurs gardes.
    Henry ne répondit rien, et Sara se hasarda à dire quelques mots en faveur de son frère. Lawton l’écouta avec politesse, et même avec un air d’intérêt ; mais voulant éviter des instances inutiles et embarrassantes :
    – Miss Warton, lui dit-il, je veillerai à ce que votre frère soit traité avec tous les égards qu’il mérite, mais c’est notre commandant, c’est le major Dunwoodie qui doit décider de son sort.
    – Dunwoodie ! s’écria Frances dont l’espérance fit disparaître la pâleur ; Dieu soit loué ! en ce cas Henry n’a rien à craindre.
    Lawton la regarda avec un air d’admiration et de pitié ; et secouant la tête :
    – Je le désire, dit-il ; mais avec votre permission, nous attendrons sa décision.
    Les craintes de Frances pour son frère étaient sûrement diminuées, et cependant tout son corps était, agité d’un frémissement involontaire. Ses yeux se levaient sur l’officier américain, et se dirigeaient ensuite vers la terre. On aurait dit qu’elle voulait lui faire une question, mais qu’elle n’avait pas le courage de la lui adresser.
    Miss Peyton s’avança vers Lawton d’un air de dignité.
    – Nous pouvons donc nous attendre, Monsieur, lui dit-elle, à voir incessamment le major Dunwoodie ?
    – Très-incessamment, répondit le capitaine ; je lui ai déjà dépêché un exprès pour l’informer de ce qui se passait ici, et je ne doute pas qu’il ne soit en route pour s’y rendre, à moins, ajouta-t-il en se tournant vers M. Wharton et en pinçant ses lèvres avec un air de plaisanterie, qu’il n’ait des raisons très-particulières pour croire que sa visite serait désagréable.
    – Nous serons toujours charmés de voir le major Dunwoodie, s’empressa de dire M. Wharton.
    – Oh ! je n’en doute pas, Monsieur, reprit Lawton, c’est le favori de quiconque le connaît. Mais oserais-je vous prier de vouloir bien faire donner quelques rafraîchissements aux soldats de son régiment que j’ai l’honneur de commander ?
    Il y avait dans les manières de cet officier quelque chose qui aurait porté M. Wharton à lui pardonner aisément l’oubli d’une pareille demande ; mais il fut entraîné par le désir qu’il avait de le concilier, et il pensa d’ailleurs qu’il

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