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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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N’était-il pas possible que les brigands, dans l’effroi du moment, eussent oublié d’emporter l’argent ? Cette réflexion fit disparaître la peur, et en ayant fait part à César, ils résolurent, après une mûre délibération, de retourner vers la chaumière, de s’assurer de ce fait important, et, s’il était possible, du sort de Birch. Ils perdirent beaucoup de temps en s’approchant avec précaution de cet endroit redouté, et comme Katy avait eu soin de suivre la ligne de retraite des Skinners, elle examinait chaque pierre, chemin faisant, pour voir si ce n’était pas une pièce d’or. Mais quoique l’alarme soudaine et les cris de César eussent déterminé les maraudeurs à une fuite précipitée, ils avaient emporté l’or en le serrant d’une telle force que la mort même n’aurait pu le leur faire lâcher. Voyant que tout était tranquille dans la chaumière, Katy s’arma d’assez de résolution pour y entrer. Ils y trouvèrent Harvey tristement occupé à rendre les derniers devoirs à son père. Il ne fallut que quelques mots pour faire reconnaître à Katy sa méprise ; mais César continua jusqu’à son dernier jour à épouvanter les noirs habitants de la cuisine de M. Wharton, en leur faisant de savantes dissertations sur les esprits, et en leur racontant combien avait été terrible l’apparition de John Birch.
    Le danger qu’il courait força Harvey à abréger le court espace que l’usage laisse passer en Amérique entre la mort et la sépulture, et aidé par le nègre et par Katy, sa tâche fut bientôt terminée. César se chargea sur-le-champ d’aller commander un cercueil dans le village voisin, et le corps fut enveloppé dans un drap blanc, en attendant son retour.
    Cependant les Skinners avaient couru sans s’arrêter jusqu’au bois qui n’était qu’à peu de distance de la chaumière de Birch. Là ils firent halte, et leur chef mécontent s’écria d’une voix de tonnerre :
    – Mort et sang ! qu’avez-vous donc à fuir ainsi, misérables poltrons ?
    – On pourrait vous faire la même question, lui répondit avec humeur un de ses gens.
    – À votre frayeur, je croyais qu’un détachement de la compagnie de Delancey était à nos trousses. Oh ! vous êtes d’excellents coureurs.
    – Nous suivons notre capitaine.
    – Eh bien ! suivez-moi donc à la chaumière, et allons nous emparer de ce chien de colporteur, afin de recevoir la récompense.
    – Oui, pour que ce vieux coquin de noiraud nous mette sur les bras cet enragé Virginien. Sur mon âme, je le crains plus que cinquante Vachers.
    – Imbécile, s’écria le chef avec colère, ne sais-tu pas que Dunwoodie est aux Quatre-Coins, à deux grands milles d’ici ?
    – Je ne parle pas de Dunwoodie ; mais je suis sûr que le capitaine Lawton est dans la maison du vieux Wharton. Je l’y ai vu entrer pendant que j’épiais une occasion pour tirer de l’écurie le cheval de ce colonel anglais.
    – Et quand Lawton viendrait nous attaquer, la peau d’un dragon américain est-elle plus impénétrable à la balle que celle d’un cavalier anglais ?
    – Non ; mais je ne me soucie pas de me fourrer la tête dans un guêpier. Si nous ameutons contre nous ces enragés Virginiens, nous n’aurons plus une nuit tranquille pour fourrager.
    – Eh bien ! murmura le chef tandis qu’ils se remettaient en chemin pour s’enfoncer dans le bois, cet imbécile de colporteur voudra rester pour enterrer son vieux coquin de père. Nous ne devons pas le toucher pendant l’enterrement ; mais il passera ici la journée de demain pour veiller à son mobilier, et la nuit suivante nous lui paierons nos dettes.
    Après cette menace ils se retirèrent dans un de leurs rendez-vous ordinaires pour y rester jusqu’à ce qu’une nouvelle nuit leur fournit l’occasion de commettre sans danger de nouvelles déprédations.

CHAPITRE XI
    Ô malheur ! ô jour trois fois malheureux ! jour le plus lamentable que j’aie jamais vu ! Ô jour, jour haïssable ! Vit-on jamais un jour aussi affreux que celui-ci ! Ô jour malheureux ! malheureux jour !
    SHAKESPEARE.
    La famille Wharton avait dormi ou veillé, pendant les événements que nous venons de rapporter, dans une ignorance complète de ce qui se passait dans la chaumière de Birch. Les attaques des Skinners se conduisaient toujours avec tant de secret, que non seulement leurs victimes ne pouvaient espérer aucun secours, mais que souvent même

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