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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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faisait cette question, et elle lui répondit en arrangeant son tablier par instinct.
    – C’est le malheur du temps, c’est le chagrin de la perte de sa fortune qui l’ont conduit au tombeau. Il déclinait de jour en jour, malgré tous les soins que je prenais de lui. Et maintenant qu’Harvey n’est autre chose qu’un mendiant, qui me paiera de toutes mes peines ?
    – Dieu vous récompensera de vos bonnes œuvres, dit miss Peyton avec douceur.
    – C’est tout mon espoir, répondit Katy avec un air de respect que remplaça sur-le-champ une expression qui annonçait plus de sollicitude pour les biens de ce monde ; car j’ai laissé mes gages entre les mains d’Harvey depuis trois ans, et maintenant qui me les paiera ? Bien des fois mes frères m’avaient conseillé de demander mon argent ; mais il me semblait que les comptes étaient toujours faciles à régler entre personnes qui se tenaient de si près.
    – Est-ce que vous êtes parente d’Harvey Birch ? demanda miss Peyton.
    – Mais non, répondit Katy en hésitant, et cependant, dans la situation où sont les choses, je ne sais trop si je n’ai pas quelques droits à faire valoir sur la maison et le jardin ; car à présent que c’est la propriété d’Harvey, je ne doute pas que la confiscation n’en soit prononcée. Et se tournant vers Lawton dont les yeux perçants étaient fixés sur elle : – Je voudrais bien, ajouta-t-elle, savoir quelle est l’opinion à ce sujet de ce digne Monsieur qui paraît prendre tant d’intérêt à ce que je vous dis.
    – Madame, dit le capitaine en la saluant ironiquement, rien n’est plus intéressant que vous et votre histoire, mais mes humbles connaissances se bornent à savoir ranger un escadron en bataille, et charger l’ennemi quand le moment en est venu. Je vous invite à vous adresser au docteur Archibald Sitgreaves, dont la science est universelle et la philanthropie sans bornes.
    Le chirurgien se redressa avec une fierté dédaigneuse, et se mit à siffler à voix basse, en regardant quelques fioles placées sur une table ; mais la femme de charge se tournant vers lui continua après lui avoir fait une révérence :
    – Je suppose, Monsieur, dit-elle, qu’une femme n’a pas de douaire à prétendre sur les biens de son mari, à moins que le mariage n’ait effectivement été célébré ?
    C’était une maxime du docteur Sitgreaves qu’aucune espèce de science n’était à mépriser, et il en résultait qu’il était empirique en tout, si ce n’est dans sa profession. D’abord l’indignation que lui avait inspirée l’ironie du capitaine lui avait fait garder le silence ; mais changeant de dessein tout à coup, il répondit en souriant :
    – C’est mon opinion. Si la mort a prévenu le mariage, je crains qu’il n’y ait pas de recours contre ses décrets rigoureux.
    Katy entendit fort bien ces paroles, mais les mots mort et mariage furent les seuls qu’elle y comprit. Ce fut donc à cette partie de la phrase du docteur qu’elle adressa sa réponse.
    – Je croyais, dit-elle les yeux baissés sur le tapis, qu’il n’attendait que la mort de son vieux père pour se marier ; mais à présent que ce n’est plus qu’un homme méprisable, ou, ce qui est la même chose, un colporteur sans balle, sans maison, sans argent, il lui serait difficile de trouver une femme qui voulût de lui. – Qu’en pensez-vous, miss Peyton ?
    – Mes pensées se portent rarement sur de pareils sujets, répondit gravement miss Peyton tout en s’occupant des préparatifs du déjeuner.
    Pendant ce dialogue, le capitaine Lawton avait étudié les manières et la physionomie de la femme de charge avec une gravité comique, et craignant que la conversation ne tombât, il lui demanda avec l’air d’un grand intérêt :
    – Ainsi vous croyez que c’est le grand âge et la débilité qui ont amené la fin des jours du vieillard ?
    – Et le malheur des temps, ajouta vivement Katy. L’inquiétude est une mauvaise compagne de lit pour un malade. Mais je suppose que son heure était arrivée, et quand elle est une fois venue, nul remède ne peut nous sauver.
    – Doucement, dit le docteur ; vous êtes dans l’erreur à cet égard. Il est indubitable que nous devons tous mourir, mais il nous est permis de recourir aux lumières de la science pour obvier aux dangers qui nous menacent, jusqu’à ce que…
    – Jusqu’à ce que nous mourions secundum artem , dit

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