L'Eté de 1939 avant l'orage
jeu:
â Afin de voir si des pistes ne conduisent pas vers les nazis. Comme ceux-là ne figuraient pas parmi vos suspects, des choses ont pu vous échapper.
â Dâaccord, allons-y tout de suite. Après cela, vous me laisserez tranquille? Je dois effectuer mon travail.
Cela ne méritait pas de réponse. Après une pause, le policier continua, plus calme:
â Vous savez que je nâaime pas vous avoir sur le dos.
Ordre du maire: ne pas vous empêcher de regarder dans nos affaires.
â Je mâen doute bien. Aussi je vais essayer de me montrer discret.
Pour toute répartie, lâautre lui adressa une grimace qui pouvait passer pour un sourire.
Rue Davaar, le docteur Arden Davidowicz occupait la partie gauche dâune maison jumelée au recouvrement de briques sombres. Une mezuzah , un minuscule cylindre portant un caractère hébreu pour indiquer que les habitants de ce domicile se soumettaient aux commandements de Dieu, ornait le linteau de la porte. à lâentrée, un local de grandeur modeste dâun côté du corridor accueillait quelques chaises appuyées contre le mur. Sur une table au centre de la pièce, des magazines sâentassaient en désordre. à un bout de cette salle dâattente, un petit bureau devait permettre à une secrétaire-réceptionniste dâeffectuer son travail. De lâautre côté du couloir se trouvait le cabinet du médecin. à lâorigine, la grande pièce devait servir de séjour.
â Je fais le tour des lieux avec vous, mais avant de partir, jâaimerais jeter un coup dâÅil sur les papiers conservés ici, observa Renaud.
â Ce sont des dossiers médicauxâ¦
â Nâayez crainte, je resterai très discret sur les hémorroïdes des habitants de notre belle ville. Je soupçonne que jây découvrirai des lettres.
Le long du couloir, se trouvait encore un tout petit salon.
â Je suppose que le corps gisait là ?
â Vous auriez fait tout un détective.
Le capitaine Tessier lui adressait un sourire moqueur. Une tache de sang, devenue brunâtre, marquait le centre de la moquette.
â Jây penserai si je me cherche un emploi.
â Cette femme devait connaître son agresseur, rappela le policier. Elle a été tuée dans un endroit privé du domicile.
â Reprenons mon scénario de tout à lâheure. Quelquâun frappe à la porte en fin dâaprès-midi, dimanche. Elle va ouvrir. Le visiteur invoque un prétexte quelconque. Tenez: il passe par les maisons pour demander de lâargent pour les victimes du nazisme en Allemagne. Rien dans son allure nâinquiète madame Davidowicz, qui lâamène ici pour lui offrir un siège. Elle marche devant, lâautre lui tire un coup de feu dans la nuque.
â Le mobile?
â Un nazi nâa pas besoin dâune autre motivation que sa haine pour les Juifs.
â Si le mari avait été tué, je comprendrais. Mais elleâ¦
â Lâépoux devait être la cible.
à force de répéter cette histoire, Renaud espérait convaincre son interlocuteur de sa véracité. Les deux hommes passèrent dans une salle à manger joliment meublée, puis dans une cuisine moderne, bien équipée. à lâétage, une première pièce servait de vivoir. Bien sûr, comme le cabinet du médecin et la salle dâattente prenaient la moitié de lâespace au rez-de-chaussée, la vie de famille devait se dérouler là . Des fauteuils, un canapé, une radio et un phonographe permettaient des soirées agréables. Les deux locaux suivants étaient des chambres à coucher, la première occupée par une femme et la seconde, par un homme: cela se voyait aux vêtements dans les penderies. Le couple Davidowicz ne partageait pas le même lit. En plus de la salle dâeau, il y avait encore une chambre plus petite. Les jouets sur le plancher amenèrent tout de suite Renaud à demander:
â Ils ont un enfant?
â Un garçon de six ans.
â Où diable se trouvait-il lors du meurtre?
â Chez son grand-père. Le père de Davidowicz.
â Quel hasard providentiel. Sinon, il aurait été tué aussi.
Un moment plus tard, les deux hommes pénétraient dans le cabinet de Davidowicz. Alors que le policier prenait la place du patient, Renaud
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