Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Eté de 1939 avant l'orage

L'Eté de 1939 avant l'orage

Titel: L'Eté de 1939 avant l'orage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
pas. Il en serait quitte pour retarder un peu ses errances dans les grands magasins de la rue Sainte-Catherine. Des publicités dans les journaux l’avaient convaincu que des appareils radio et des phonographes plus performants que les siens le rendraient plus heureux.
    â€” Monsieur Daigle, émit la voix de Davidowicz au téléphone, je viens de parler avec Élise. Le directeur de la prison me laisse appeler de son bureau. Nous nous soumettons à vos arguments: fini le secret, tout le monde saura…
    â€” Je suis satisfait de vous voir raisonnable. Vous vous adresserez à la police.
    â€” J’aimerais que vous accompagniez Élise. Comme elle servira de témoin, c’est elle que l’enquêteur voudra entendre.
    Puis elle bénéficie de la liberté de ses mouvements, cela s’en trouvera plus facile.
    â€” Dans ce cas, je devrai attendre qu’elle vienne à Montréal.
    â€” Elle réside déjà à Montréal. Elle possède une clé de mon domicile, vous la trouverez là. Je lui ai demandé de vous attendre pour aller à la police.
    Un certain malaise envahit Renaud. Sans se croire particulièrement soumis aux convenances, que la maîtresse habite dans la maison d’un homme soupçonné d’avoir tué sa femme le laissait perplexe. Dire que ces gens-là craignaient le scandale! D’un autre côté, l’attachement d’Élise pour cet homme ne faisait aucun doute. La voie devenue libre, qu’elle réside dans son domicile ne causait pas de mal à la victime, mais cela blesserait sans doute sa famille.
    â€” Je la rejoindrai et conviendrai avec elle de la suite des choses, accepta Renaud après une pause. Avec un peu de chance, le capitaine Tessier se trouvera à son bureau.

    Quand la sonnerie du téléphone retentit dans la maison de la rue Davaar, Élise Trudel sursauta, un peu comme si quelqu’un l’avait surprise en flagrant délit d’indélicatesse. Il est vrai que d’avoir ouvert la penderie dans la chambre de Ruth Davidowicz, sa rivale maintenant à la morgue de Montréal, pour jeter pêle-mêle ses robes sur le lit en faisant les commentaires les plus désobligeants sur l’absence de goût de leur propriétaire, jurait un peu avec son éducation reçue dans la Haute-Ville de Québec.
    â€” Allô?
    â€” Élise, je viens de parler avec Renaud Daigle. Il va essayer de joindre le policier de la ville d’Outremont chargé de l’enquête, le capitaine Tessier. Si l’homme est là, il passera te prendre afin de te conduire au poste. Tu devras faire une confession générale.
    â€” Si cet idiot avait orienté ses recherches du côté des nazis, ce ne serait pas nécessaire et je pourrais même conserver mon emploi!
    â€” Mais il ne l’a pas fait. Si tu ne parles pas, je finirai au bout d’une corde.
    L’impatience pointait dans la voix de son interlocuteur. Au ton employé, une seule réponse pouvait convenir:
    â€” … Oui oui, je vais y aller.
    La brève hésitation n’incitait pas le médecin à allonger la conversation. À peine avait-elle raccroché que le téléphone sonnait de nouveau. Cette fois, Renaud Daigle annonçait son arrivée prochaine.

    Un instant après avoir raccroché le téléphone, l’avocat marchait vers la rue Davaar. La distance ne rendait pas l’usage de son véhicule nécessaire, de plus les quelques minutes lui permirent de réfléchir à la situation. À mi-chemin entre le trottoir et la maison, l’avocat vit la porte s’ouvrir sur Élise Trudel. Pâle, presque tremblante, visiblement très affectée par ce qui l’attendait, elle n’arrivait pas à se donner une contenance.
    â€” Voulez-vous que l’on en parle un peu? Prendre du thé?
    â€” Plus de thé! J’ai passé la nuit à en boire. Allons-y tout de suite. Quand ce sera terminé, j’utiliserai la médecine de mon père les jours d’inquiétude: deux ou trois grands verres de gin…
    Après une courte pause, elle ajouta, gênée:
    â€” Ne croyez pas que je fais cela souvent. Mais aujourd’hui…
    â€” Je m’empresse de téléphoner à la police. Si Tessier est absent, nous devrons remettre à plus tard ce pénible moment.
    L’officier se trouvait

Weitere Kostenlose Bücher