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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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regard mauvais, mais sans plus. Après ma récente démonstration, ils préféraient se tenir loin de moi. Les discussions étaient animées et le vin coulait à flots. Je décidai donc de m’installer au comptoir, au fond de la pièce, et de voir ce que l’aubergiste avait à raconter. J’avais à peine posé mon séant sur un tabouret qu’une femme s’approcha de moi. Dès que je la vis, je sentis le bas de mon ventre s’agiter comme il ne l’avait pas fait depuis que j’avais quitté Cécile.
    Elle était plus âgée que moi, quelque part dans la trentaine, mais le temps avait été clément pour elle, comme c’est parfois le cas pour certaines femmes, et elle n’en était que plus séduisante. Etonnamment grande, elle n’avait que quelques doigts de moins que moi. Les cheveux noirs comme la nuit et tombant en cascade sur ses épaules, les yeux de même couleur au regard pénétrant, les traits fins, le nez un peu long, mais droit, la mâchoire carrée, elle dégageait une assurance et une volonté peu communes. Dès qu’elle m’aperçut, elle se dirigea vers moi et je ne pus qu’apprécier la façon dont elle roulait les hanches. Je me surpris à imaginer les longues jambes effilées que cachait sa jupe. Arrivé face à moi, elle posa les coudes sur le comptoir, de sorte que je pus admirer sans trop d’effort les petits seins pointus qui se trouvaient sous sa blouse.
    —    Qu’est-ce que ce sera ? demanda-t-elle d’une voix rauque.
    —    Du vin.
    —    Tout de suite.
    Elle se retourna pour aller tirer un gobelet d’un tonneau et je souris en admirant son postérieur lorsqu’elle se pencha. Elle me prit de court en se retournant brusquement.
    —    La vue te plaît ? demanda-t-elle.
    —    Elle réjouirait même un aveugle, blaguai-je.
    Elle revint et posa le gobelet sur le comptoir.
    —    Tu es arrivé avec sire Alain ? s’enquit-elle en empochant la pièce que je lui tendais.
    —    Oui.
    —    Que viens-tu faire ici ?
    —    Moi ? Rien. Ma quarantaine dans le Sud était terminée et je n’avais nulle part où aller. J’ai décidé de me joindre au convoi et je me suis retrouvé garde du corps de sire Guy de Montfort.
    Je lui tendis la main.
    —    Je m’appelle Gontier.
    —    Guiburge, répondit-elle en saisissant ma main avec poigne.
    Pendant les deux heures qui suivirent, nous discutâmes de
    tout et de rien, fréquemment interrompus par les clients qu’elle devait servir. Je découvris peu à peu une femme intéressante et sûre d’elle qui aimait parler à quelqu’un qui en valait la peine. Moult fois durant la conversation, elle me serra l’avant-bras avec sa main en riant, me faisant frémir à chaque fois. Si mon cœur était pour toujours à Cécile, je découvrais avec stupeur que mon membre, lui, se sentait soudain parfaitement libre. À maintes reprises, je lui ordonnai mentalement de se calmer, mais il refusa net.
    —    Tu ne sembles pas du genre à errer au hasard, Gontier, dit-elle soudain. M’est avis que tu es à Gisors pour une raison bien précise.
    —    Nous cherchons tous quelque chose, répondis-je vaguement.
    —    La plupart des hommes cherchent un cul à enfiler, s’esclaffa-t-elle. Mais pas toi. Tu es bien trop préoccupé pour cela.
    —    Tu pourrais être surprise.
    Elle se pencha sur le comptoir jusqu’à ce que sa bouche frôle mon oreille.
    —    Peut-être que j’aimerais l’être.
    Elle se recula en ricanant comme une jouvencelle et me regarda droit dans les yeux.
    —    Depuis quelques semaines, dit-elle en changeant de sujet, la rumeur court qu’un échange aussi secret qu’important doit se faire à Gisors. Et voilà qu’arrivent Alain de Pierrepont et Guy de Montfort, le fils de l’illustre Simon. J’imagine qu’ils sont ici pour ça.
    Je la considérai quelque peu et décidai de plonger.
    —    Que sais-tu, au juste, de cet échange ? lui demandai-je.
    —    Peu de choses, en vérité. On dit que sire Lambert de Thury a quelque chose à y voir, mais je n’en sais pas plus.
    —    Qui est-il ?
    —    Thury ? Un homme loyal à Simon de Montfort. Il a guerroyé avec lui dans le Sud. Et maintenant, comme par hasard, le voilà lui aussi à Gisors.
    Je restai songeur. Le peu que savait cette femme me confirmait ce que j’avais moi-même appris. Mais je venais peut-être d’apprendre le nom de celui qui devait transmettre la seconde part à sire Guy :

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