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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Lambert de Thury.
    Je poursuivis la discussion pendant quelques minutes encore, mais de toute évidence Guiburge ne détenait aucune autre information. Je fis mine de me lever pour prendre congé.
    —    Le vin était excellent, et la conversation encore meilleure, dis-je. Je dois aller retrouver sire Guy.
    Elle me saisit le bras et me retint.
    —    Pas tout de suite.
    Avant que je puisse m’enquérir de ce qu’elle voulait dire, elle leva la tête vers les clients attablés.
    —    On ferme, vous autres ! cria-t-elle pour couvrir le brouhaha.
    —    Quoi ? rouspéta un soldat particulièrement imbibé. La soirée ne fait que commencer.
    —    Toute bonne chose a une fin ! Allez, ouste ! Dehors, bande de manants !
    —    Peuh. Ellaire était plus accommodante que toi !
    —    Ellaire n’est plus propriétaire de l’établissement. Fais-toi à l’idée, mon brave. Après Dieu, je suis seul maître de cette taverne. Je vous ai assez vus ! Dehors !
    Les soldats se levèrent et sortirent en maugréant. Dès que la taverne fut vide, Guiburge contourna le comptoir pour aller verrouiller la porte. Lorsqu’elle se retourna, elle n’était plus la même. Son visage était crispé, ses lèvres retroussées en une moue sauvage. Elle traversa la pièce en quelques pas de ses longues jambes et fondit sur moi comme une bête. Elle me saisit par les épaules et me repoussa avec force contre le comptoir. Sa langue envahit ma bouche, la fouillant presque haineusement. Puis elle me mordit le cou, si fort que j’en grimaçai. En moins de deux, elle avait défait mes braies et empoigné mon estoc d’une main ferme, me procurant autant de douleur que de plaisir. De sa main libre, elle remonta sa jupe et m’enfourcha sans le moindre préambule, puis glissa les doigts sous ma chemise pour enfoncer ses ongles dans la chair de mon dos. Mes mains se glissèrent d’elles-mêmes sous son séant et je l’agitai comme un fétu de paille. Notre copulation fut brève et bestiale. Le plaisir la prit avant moi et, en proie à l’extase, elle vrilla dans mes yeux le regard le plus intense que j’avais jamais vu chez une femme. Puis je fus emporté à mon tour et je me répandis en elle.
    J’étais encore en train de reprendre mes esprits qu’elle n’était déjà plus en selle, lissant sa jupe sur ses cuisses.
    —    La taverne est fermée, dit-elle avec un sourire égrillard.
    —    Je n’ai pas à me plaindre du service, remarquai-je en me reculottant, encore un peu sonné par son agressivité.
    Je lui saisis la taille pour l’attirer vers moi, mais elle me repoussa, coquine.
    —    Tut tut, fit-elle. Il faut savoir se contenter. Et je suis certaine que tu as encore à faire.
    —    Bien. Bonne nuit, alors.
    Elle déverrouilla la porte et me donna une petite claque sur le derrière lorsque je sortis. Elle riait encore à gorge déployée lorsqu’elle referma derrière moi.
    Lorsque je fus de retour au logis, Guy n’était toujours pas revenu. J’essayais en vain de donner un sens à ce que je venais de vivre. Guiburge savait ce qu’elle voulait, c’était clair. Elle m’avait pris comme du bétail pour satisfaire ses besoins charnels, comme je l’avais moi-même fait pour toutes les femmes, sauf Cécile. Je me sentais terriblement coupable. J’aimais la demoiselle de Foix de toute mon âme et, pourtant, je venais de vivre avec une autre ce que je n’aurais dû réserver qu’à elle. J’avais acquis une information utile, certes, mais au prix d’une nouvelle trahison. La chair était faible. Ma fidélité ne valait guère mieux.
    Fébrile et songeur à la fois, je jouai avec les lames de ma senestre, les faisant distraitement sortir et entrer en marchant de long en large. Je décidai de garder pour moi ce que je savais au sujet de Lambert de Thury. Peut-être pourrais-je l’utiliser pour prendre Guy de court.
    Le jeune Montfort se présenta une demi-heure une tard.
    —    Alors ? l’interrogeai-je dès qu’il franchit le seuil. Vous a-t-il remis le document ?
    —    Non, il désirait seulement me confier un message pour mon père.
    —    Lequel ?
    —    Une promesse de troupes supplémentaires pour la prochaine quarantaine, m’apprit-il, la déception se lisant sur son visage.
    —    Voilà qui ne vous avance guère.
    —    En effet.
    —    Patience, sire. Votre père ne vous a pas envoyé jusqu’ici pour rien. Votre homme se manifestera.
    Il

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