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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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terriblement cher. Plus que jamais, mon âme était en danger. Et pourtant, j’avais beau me casser la tête, je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui me préoccupait.
    Sans vraiment en avoir conscience, je m’étais dirigé vers le fauteuil du Magister. Je my laissai tomber, vidé, et me mis le visage dans les mains. Mais qu’avais-je donc omis de considérer ? Quelle erreur avais-je commise sans m’en rendre compte ?
    —    Tu regardes sans voir ! tonna une voix.
    Je relevai la tête et, sans grande surprise, aperçus Métatron, à l’autre bout de la pièce, près de la porte d’entrée, appuyé sur sa crosse d’or. Cette fois, il ne me faisait pas peur. Je le dévisageai tranquillement.
    —    Même borgne, Bertrand de Montbard aurait fait mieux que toi ! poursuivit-il. Il n’aurait pas refusé de voir, lui !
    —    Laisse mon maître en dehors de cette histoire, archange, rétorquai-je d’une voix éteinte. Il a déjà payé pour ta maudite Vérité.
    Je me levai et me dirigeai vers lui, abattu. Lorsque nous fûmes face à face, je lui tendis la main, comme l’aurait fait un condamné en fuite après avoir atteint la limite de ses forces.
    —J’ai fait de mon mieux, mais j’ai échoué. Guy de Montfort a disparu et la seconde part avec lui. Ramène-moi en enfer, si tu veux. C’est ce que tu attends depuis le début, non ?
    Une moue dédaigneuse déforma son visage d’éphèbe et ses yeux brillèrent d’une lumière colérique qui aurait dû me faire trembler de terreur, mais qui me laissait indifférent.
    —    Quoi que tu en penses, rien n’est terminé, damné ! s’écria-t-il, sa voix puissante faisant trembler le temple. Tout est encore à faire. N’as-tu rien entendu ? La Vérité est à ta portée dans une chapelle qui n’a jamais vu la Lumière. La vieille ne t’a-t-elle pas dit de suivre la piste de l’Ordre des Neuf? Pendant que tu te complais dans ta misère, les autres la cherchent, eux ! Ce que tu dois faire est-il si difficile à comprendre ?
    —    Si c’est si facile, pourquoi ne me dis-tu pas où et comment la trouver ? M’est avis que tu ne le sais pas plus que moi !
    —    Et t’aider à sauver une âme qui devrait déjà croupir en enfer ? Jamais ! Dieu t’a accordé une chance de rédemption. À toi de la saisir.
    —    C’est ce que j’essaie de faire, figure-toi ! rétorquai-je.
    —    Alors pourquoi t’entêtes-tu à tomber dans les pièges tendus pour toi ? N’as-tu donc pas deux sous de cervelle ?
    Nous étions face à face, nos nez se touchant presque, aussi en colère l’un que l’autre, lorsque la porte du temple s’ouvrit. Je portai aussitôt la main à mon épée, mais me calmai lorsque je vis la mendiante entrer. Elle était redevenue vieille et couverte de plaies. Courbée par l’usure des ans, elle s’avança avec peine, enveloppée dans ses hardes, et vint prendre place près de moi pour braver l’archange.
    —    Laisse-le, maudit coquin, dit-elle en brandissant un index déformé par l’âge. Il le sait très bien ce que je lui ai dit et il y pense sans cesse, crois-m’en. Et il n’est pas sot, quoi que tu en penses ! Dieu l’a choisi parce qu’il le jugeait capable ! Et que je sache, Dieu sait ce qu’il fait. Alors, fiche le camp et laisse ce garçon dormir tranquille. Il a besoin de repos ! Retourne d’où tu viens !
    Métatron ouvrit la bouche pour cracher des imprécations, mais la mendiante serra les dents et l’arrêta net.
    —    Ouste, te dis-je !
    L’archange gronda comme une bête sauvage, les lèvres pincées de colère. Ses yeux s’enflammèrent d’une lueur menaçante. Il soutint le regard de la mendiante, qui ne broncha pas d’un doigt. Puis il fit brusquement demi-tour et franchit la porte du temple, qu’il claqua bruyamment en sortant. Sans doute était-il retourné dans la fresque de l’antichambre.
    Je cherchai la mendiante pour la remercier, mais elle avait disparu. Je revins m’asseoir dans le fauteuil du Magister et l’inquiétude me reprit. Qu’avais-je donc raté ?
    Lorsque je m’éveillai, un soleil brillant éclairait le logis. Avec irritation, je constatai que j’avais dormi plusieurs heures. Je cherchai aussitôt Guy de Montfort du regard, mais il n’était toujours pas là. Je m’assis sur ma paillasse, l’anxiété que j’avais ressentie dans mon rêve me collant à la peau comme de la crasse.
    Je me levai et m’aspergeai le visage avec

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