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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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l’oreille, attentif au moindre raclement qui trahirait une présence humaine. Rien. Thury semblait s’être volatilisé, mais je n’étais pas dupe. Il était possible d’entrer dans le donjon de Montségur et de disparaître de la même manière. Il n’y avait aucune raison de penser que les choses soient différentes à Gisors.
    Je tirai ma dague, plus utile qu’une longue épée dans un espace restreint, et, sur la pointe des pieds, me rendis à l’échelle. Prudemment, je grimpai. Arrivé en haut, je passai la tête dans l’ouverture et jetai un coup d’œil à l’étage. À part des caisses plus ou moins éventrées, desquelles s’échappaient des armes et des pièces d’armure, rien. Je poursuivis mon ascension et aboutis au dernier étage, devant une porte de bois traversée par de lourdes ferrures et munie d’une petite ouverture à la hauteur des yeux. Au mur se trouvait un crochet de fer où l’on suspendait sans doute les clés. Je compris que cette porte était celle d’une cellule qui avait donné son nom à la tour. Je testai prudemment la poignée et la trouvai verrouillée. Je fis glisser la chatière, jetai un coup d’œil à l’intérieur et retins mon souffle. Quelqu’un était enroulé dans une couverture sur la paillasse qui, avec une table, constituait le seul ameublement. Heureusement, il ne semblait pas m’avoir entendu. Je refermai doucement et m’éloignai en reculant sur la pointe des pieds.
    Si le temple n’était pas dans un des étages, c’est qu’il se trouvait dans les fondations, comme à Montségur. Je redescendis, m’attendant à être accueilli par une troupe, piégé comme un animal. Mais il n’en fut rien. La salle des gardes était toujours vide. Pourtant, tôt ou tard, la relève finirait bien par se présenter. Ignorant le temps dont je disposais avant que quelqu’un ne surgisse, je me mis à inspecter les murs de maçonnerie, à la recherche d’un mécanisme similaire à celui du donjon de Montségur. En faisant glisser mes doigts sur les joints fins qui liaient les pierres taillées, je reconnus la même qualité de travail. Mais je progressais trop lentement. Je devais procéder autrement. Si les constructeurs de cette tour étaient les mêmes que ceux de Montségur, les plans risquaient d’en être identiques. Dans le Sud, la porte secrète était aménagée un peu à droite, face à l’entrée. C’est donc là que je concentrai mes recherches. Je localisai bientôt, à la hauteur de ma taille, l’ouverture que je cherchais dans un joint entre deux pierres, tout juste assez large pour permettre l’insertion d’une lame. J’y enfouis ma dague et l’abaissai comme s’il s’agissait d’une manette. Le déclic sourd que j’espérais retentit et le mur s’ouvrit. Je remis ma dague à ma ceinture et tirai mon épée.
    Le cœur battant, je poussai la lourde porte, qui tourna sur un pivot central sans produire le moindre grincement, et me glissai dans l’ouverture. Devant moi, l’escalier de pierre, éclairé par une torche fichée dans son socle au mur, s’enfonçait dans les profondeurs de la terre. J’hésitai. Si Thury était descendu avant moi, rien ne garantissait qu’il soit seul en bas. Me jetais-je inconsidérément dans la gueule du loup ? J’avais découvert l’emplacement du temple, certes. J’avais suivi la lignée de l’Ordre des Neuf, comme me l’avait intimé la mendiante. Je risquais fort d’y trouver des traîtres. Mais ensuite ? Si je surprenais le jeune Montfort en compagnie de complices, je n’accomplirais rien d’autre que de dévoiler le fait que mon intérêt pour les documents dépassait la simple loyauté d’un garde du corps pour son maître. Si je tombais sur les Neuf, je devrais combattre sans même savoir si la Vérité se trouvait encore dans le temple. Dans un cas comme dans l’autre, je risquais fort de ne jamais revoir la lumière du jour. Pourtant, qu’avais-je à perdre ? Au moins, je serais fixé quant au sort de la seconde part. Et puis, la mort ne m’importait guère. Si j’avais échoué, je savais déjà où elle me mènerait, et rien ne pourrait être pire. J’empoignai la torche et posai le pied sur la première marche. Les autres pas furent plus faciles.
    La descente fut longue, abrupte et incertaine, tout comme la nuit de mon initiation. Pour ne pas me rompre le cou, je dus me concentrer sur des centaines et des centaines de marches inégales taillées à même le roc, humides

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