Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
l’eau du bassin qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. Un peu ravivé, je me versai un gobelet de vin. Debout, devant la fenêtre, je bus lentement, songeur. Les paroles de Métatron résonnaient sans cesse dans ma cervelle : Tout est encore à faire. N’as-tu rien entendu ? La Vérité est à ta portée dans une chapelle qui n’a jamais vu la Lumière. La vieille ne t’a-t-elle pas dit de suivre la piste de l’Ordre des Neuf? Pendant que tu te complais dans ta misère, les autres la cherchent, eux ! Ce que tu dois faire est-il si difficile à comprendre ?
    Malgré moi, mon rêve me faisait réfléchir. Et si j’avais réellement négligé quelque chose ? Si je n’avais pas vu l’évidence ? Si ma rencontre avec Guy de Montfort n’avait pas été le fruit du hasard ? Si elle avait plutôt été montée de toute pièce par son père pour me détourner de la piste et lui permettre de gagner le temps dont il avait besoin pour arriver le premier à la seconde part ? C’était possible, quoi que rien ne me l’avait laissé supposer. Avais-je été à l’affût d’indications qui m’auraient permis de formuler des soupçons ? Je dus admettre que non. Sur la foi de quelques indices, j’avais conclu que Guy avait pour mission de prendre charge de la Vérité. Je n’avais jamais remis en question ses motivations. Le pitoyable petit homme inspirait la compassion et je ne m’en étais jamais méfié. Était-ce là ce qu’espérait son père pour endormir mes soupçons ? Me croyait-il vraiment mort, ou l’avait-il seulement prétendu pour m’engourdir l’esprit ? Tout était possible. Si oui, il avait superbement réussi et j’étais tombé dans le panneau comme le dernier des sots. Si la Vérité était encore à sa place, je n’avais fait aucun réel effort pour la retrouver. J’avais décidé que j’étais sur la bonne piste et j’étais demeuré passif. En attente. Je n’avais jamais considéré que les paroles de la mendiante puissent encore avoir quelque valeur. J’avais joué le jeu de mes adversaires.
    D’un autre côté, rien de cela n’était certain. Mon rêve n’avait peut-être fait qu’exprimer mon inquiétude. Après tout, il était très possible que j’aie définitivement perdu la trace de la Vérité et cela était plus que suffisant pour me donner des cauchemars.
    L’ombre de la damnation éternelle planait plus que jamais, lourde et noire, au-dessus de moi. Le chemin qui me restait à parcourir pour parvenir aux portes de l’enfer me paraissait soudain bien court.
    Malgré ces sombres augures, mes pensées dérivèrent vers Cécile de Foix et je me mis à jouer distraitement avec l’anneau de cheveux qu’elle avait tressé pour moi. Ma douce, ma tendre Cécile. Si mon cœur lui était fidèle, mon corps l’avait trahie à la première tentation. Peut-être avais-je inconsciemment cherché à combler le vide qui s’était creusé en moi depuis mon départ de Toulouse ? Pourtant, si la chose était possible, le plaisir trouvé dans l’entrecuisse de Guiburge ne l’avait qu’accru. J’avais l’impression d’avoir laissé une partie de mon être auprès de Cécile. La seule, peut-être, qui avait encore quelque chose de bon. Si je devais mourir bientôt, mon unique regret serait de ne pas la revoir. De ne pas connaître une dernière fois la joie tranquille d’être allongé contre son corps chaud et de la sentir abandonnée contre moi, mon bras autour de sa taille. De ne plus embrasser sa nuque pendant qu’elle s’endormait, heureuse et rassasiée. D’avoir le sentiment que je n’étais pas seul, que quelqu’un tenait vraiment à moi pour ce que j’étais. Pour le peu que j’étais. Pendant un intervalle trop bref de ma vie, Cécile m’avait révélé ce qui aurait pu être. Notre temps ensemble avait été parsemé de parfaites perles de bonheur et de contentement. Des moments où la confiance mutuelle était sans faille et où les gardes étaient abaissées. Des moments où nos corps avaient exprimé autre chose qu’un simple désir animal. Elle était la chose la plus précieuse que la vie m’avait offerte. La seule que je regretterais vraiment. Et, si les choses ne prenaient pas bientôt une tournure différente, j’aurais l’éternité pour le faire.
    Je secouai la tête pour m’arracher à ma contemplation. Ces pensées étaient stériles. Je n’en étais pas là. Malgré les apparences, et jusqu’à preuve du contraire, rien n’était

Weitere Kostenlose Bücher