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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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la butte. Comme tous les matins, nous passâmes devant la petite chapelle où sire Jehan nous avait reçus à notre arrivée, puis près du puits d’où nous tirâmes une eau fraîche au goût un peu métallique pour nous abreuver et nous laver le visage et les mains. Une fois de plus, j’admirai le donjon et la muraille qui l’encerclait. Je n’avais de cesse de m’émerveiller devant cette construction qui constituait une forteresse dans la forteresse.
    —    Une tour imprenable bâtie sur une hauteur artificielle. Un puits qui garantit un approvisionnement régulier en eau potable. Une muraille épaisse et infranchissable sur laquelle l’ennemi le plus déterminé se casserait les dents. Thibaud Payen a vraiment pensé à tout, dis-je à Pierrepont. Quiconque est retranché derrière ces murs pourrait soutenir un siège pendant très longtemps.
    —    En effet, Gisors est conçue pour résister, confirma Alain. Quand on sait ce qu’elle abrite, cela n’a rien de surprenant.
    —    La seconde part se trouve en ces murs. J’en mettrais ma main au feu. Payen a dressé les plans du donjon sur l’ordre de son oncle Hugues. Pourquoi aurait-il prévu une construction de cette envergure sinon pour protéger quelque chose de très précieux ?
    Une fois sortis de l’enceinte du donjon, nous nous séparâmes. Je retournai vers les appartements que j’avais partagés avec Guy depuis notre arrivée à Gisors. Comme ce dernier avait maintenant d’autres quartiers, il avait été convenu qu’Ugolin et Jaume y logeraient en ma compagnie. Quant à Pernelle, elle était désormais hébergée chez sire Jehan.
    Jaume et Ugolin étaient revenus vannés et maculés de terre. Pendant qu’ils mangeaient et buvaient, l’air hagard, mes compagnons m’avaient rendu compte de leurs efforts. Ils avaient eu beau inspecter chaque pouce des fondations du logis seigneurial pour la troisième fois, creusant moult tranchées le long des murs, grattant le moindre joint de mortier avec leurs dagues, vérifiant la solidité de chaque pierre, tapotant la moindre surface avec un maillet, à l’affût d’un son creux, ils n’avaient trouvé aucune trace d’une cache souterraine. Pour ma part, je ne pus qu’attester que mes démarches n’avaient pas été plus fructueuses que les leurs.
    —    Foutre de Dieu, jura Jaume, assis sur sa paillasse. Il faut bien que cette cache soit quelque part. Peut-être ne regardons-nous pas au bon endroit.
    —    Ou alors, nous avons mal interprété les indices, ajoutai-je.
    —    Je commence à croire que nous courons après du vent, soupira Ugolin, que je n’avais jamais vu si fatigué.
    —    J’ai la cervelle en bouillie, soupirai-je. Dormons. Nous y verrons peut-être plus clair après quelques heures de repos.
    Tout le monde s’était allongé sans rien ajouter. Je venais à peine de fermer l’œil lorsqu’un cri m’éveilla en sursaut.
    —    Mais bien sûr ! s’écria Ugolin, assis sur sa paillasse, les cheveux en broussaille et les yeux écarquillés.
    Il se leva d’un trait, traversa la pièce pour me rejoindre, m’empoigna et me secoua comme un fétu de paille.
    —    Sous terre, Gondemar ! Une chapelle qui n’a jamais vu la Lumière ! Pourquoi n’y avons-nous pas songé avant ?
    —    Mais de quoi parles-tu, gros bêta, maugréai-je en tentant de défaire l’emprise douloureuse de ses mains sur mes épaules.
    Jaume se retourna et nous fixa, l’esprit embrumé.
    —    Que se passe-t-il ?
    —    Le temple ! s’écria Ugolin, toujours aussi énervé. Il est identique à celui de Montségur, non ?
    —    Selon toute vraisemblance, oui, répondis-je.
    —    Alors il s’y trouve forcément une fosse, comme celle où nous avons jeté les corps de Daufina et du messager ! Et une fosse, ça mène sous terre !
    Je me levai, saisis le visage du Minervois et lui écrasai les joues comme un enfant.
    —    Ugolin, parfois, tu as des éclairs de génie ! m’exclamai-je.
    Je passai précipitamment ma chemise et mes bottes.
    —    Jaume, cours avertir Pierrepont. Secretum Templi, dès que la lune sera à sa méridienne. Qu’ils nous retrouvent dans le temple avec du cordage. Qu’on apporte aussi un plastron, des gantelets, des jambières et un heaume. Ugolin, va avertir Pernelle et assure-toi qu’elle apporte son coffre.
    Le templier et le Minervois revêtirent leur capeline et sortirent sans tarder. Je restai derrière,

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